Alors que depuis quelques années, la Fantasy crève l'écran, cela n'a pas toujours été le cas...
En effet, à part quelques essais peu concluants (on se rappellera de l'adaptation tronquée qu'avait réalisée Ralph Bakshi en 1978 en dessin animé, qui ne remporta pas un vif succès), il faudra attendre les années 80 pour voir fleurir sur nos écrans quelques long métrages plus ou moins remarquables.
Je pense tout d'abord à l'esthétisant Excalibur, de John Boorman, qui sortit en France en 1981. Fidèle au roman Le Morte d'Arthur (1485), cette adaptation reprenait la légende arthurienne à son compte. Magnifique. A noter la présence au générique de Gabriel Byrne et de Liam Neeson.
1982 fut une année "faste" en ce qui concerne ce qu'on appelait encore l'Héroïc Fantasy. Exhumée quelques années auparavant par un Lyon Sprague de Camp visiblement peu scrupuleux, une oeuvre allait être portée à l'écran cette année-là. L'auteur, c'est Robert E. Howard et le personnage n'est autre que Conan le Cimmérien, héros venu de la nuit des temps. Ce fut un véritable choc pour tous les amateurs du genre ! Même si le choix de l'acteur (un parfait inconnu à l'époque) fait toujours débat, la réalisation, le scénario (notamment du tout jeune O. Stone) et surtout la superbe musique de Basil Poledouris font de ce film un monument (loin d'être parfait bien sûr...) ! Il eut un tel succès qu'il généra une suite un peu miteuse (Conan le Destructeur, 1984), et surtout bon nombre de sous-produits tous plus calamiteux les uns que les autres (Kalidor, Dar l'invincible, The Barbarians...) qui contribuèrent à tuer dans l'oeuf l'engouement généré par le film de Millius (à noter qu'il est prévu un remake de Conan pour 2011...)
Dans un autre genre (même si on reste en Fantasy), 1982 vit aussi l'arrivée d'une oeuvre qui marqua profondément tous ceux qui l'ont vue à l'époque. Je veux parler du sympathique Dark Crystal (cf. : critique) qui augurait le meilleur, mais qui ne généra pas chez les producteurs hollywoodiens l'engouement espéré par les fans.
Ce n'est qu'en 1985 qu'on pourra de nouveau voir de la Fantasy sur grand écran. Deux oeuvres sont assez emblématiques, réalisées toutes les deux de manières assez différentes. Le premier, il s'agit de Legend de Ridley Scott qui a été entièrement tourné en studio alors que le second, Ladyhawke, de Richard Donner, vaut notamment pour ses magnifiques plans en extérieur.
1986 voit l'arrivée d'un film assez iconoclaste (il n'y a qu'à voir la coiffure arborée par David Bowie, qui joue le méchant), Labyrinthe.
Ce n'est qu'en 1988 qu'apparait sur nos écrans un autre monument de la Fantasy épique : Willow. Alors que je l'avais loupé au cinéma (Argh !), je peux vous dire que dès que j'ai pu me le procurer en cassette vidéo (eh oui !), je me suis bien rattrapé ! En effet, je crois l'avoir visionné une bonne trentaine de fois... Malgré quelques défauts dûs à l'époque du tournage (je pense notamment à certains effets spéciaux "à l'ancienne" qui font que ce film a, par certains aspects, mal vieilli) et à un scénario plutôt linéaire (bon, c'est de la Fantasy...), je trouve que dans l'ensemble Willow s'en sort plutôt bien car il a su amener quelque chose en plus : peut-être est-ce l'ampleur de pas mal de scènes, le côté épique de ce film ou bien encore cette si précieuse dose d'humour, absente ou presque des autres films de cette époque ? Ou peut-être encore un subtil mélange de tout cela ? La présence de George Lucas à la production n'y est sans doute pas étranger... Merveilleux !
Alors, cette fin de décennie sur les chapeaux de roue aurait pu nous en valoir une nouvelle très florissante. Cela aurait pu, mais cela n'a pas été. Très bizarrement, les productions de films de Fantasy sont quasi inexistantes durant toutes les années 90. Mais on verra ça un peu plus tard...
A.C. de Haenne