Magazine Culture

Orgueil et préjugés – Jane Austen

Par Theoma

orgueil-et-prejuges.jpg

« - Cet orgueil, dis miss Lucas, me choque moins chez lui parce que j'y trouve des excuses. On ne peut s'étonner qu'un jeune homme aussi bien physiquement et pourvu de toutes sortes d'avantages tels que le rang et la fortune ait de lui-même une haute opinion. Il a, si je puis dire, un peu le droit d'avoir de l'orgueil.

- Sans doute, fit Élisabeth, et je lui passerais volontiers son orgueil s'il n'avait pas modifié le mien.»

Il est des œuvres qui vous accompagnent toute votre vie. Une peinture dont les couleurs vous apaisent, un film qui aura toujours le don de vous faire remonter du fonds dans lequel vous vous trouvez, une chanson dont les premières notes suffisent à vous émouvoir, un livre que vous relisez à des périodes précises.

J'ai découvert Jane Austen à l'adolescence et je ne me lasse pas de relire certains de ses écrits au fil des ans. Avec la relecture de son roman phare, je n'ai pu que comprendre, encore une fois, les raisons de son succès. Publié en 1813, le style est incroyablement accessible et fluide. Je pense que le génie d'une œuvre réside également dans le fait qu'elle peut traverser le temps sans heurts.

La plume est élégante, romanesque, drôle et incisive. Les personnages sont d'une grande profondeur et leurs nombreuses péripéties forment un suspense captivant. Sans oublier le rire que l'on se surprend à éclater comme une bulle de savon. On ne s'imaginait pas s'amuser autant devant ce classique de la littérature anglaise.

Et pourtant, on glousse devant la surprise d'Élisabeth, on désespère devant l'impudence de Mrs Bennett et on fond comme neige au soleil devant la Classe, with a big C, de Darcy. L'homme de la situation qui, dans ma tête, possédera toujours ses traits à lui...

 

COLIN1.jpg

Darcy qui ne parle que pour dire l'essentiel...

« - En vain ai-je lutté. Rien n'y fait. Je ne puis réprimer mes sentiments. Laissez-moi vous dire l'ardeur avec laquelle je vous admire et je vous aime. »

Darcy qui reste digne même dans les circonstances les plus pénibles...

« - Depuis le commencement, je pourrais dire dès le premier instant où je vous ai vu, j'ai été frappée par votre fierté, votre orgueil et votre mépris égoïste des sentiments d'autrui. Il n'y avait pas un mois que je vous connaissais et déjà je sentais que vous étiez le dernier homme du monde que je consentirais à épouser.

- Vous en avez dit assez, mademoiselle. Je comprends parfaitement vos sentiments et il ne me reste plus qu'à regretter d'avoir éprouvé les miens. Pardonnez-moi d'avoir abusé de votre temps et acceptez mes meilleurs vœux pour votre santé et votre bonheur ».

Jane Austen, qui n'a pas pu signer le roman de son nom lors de la publication, dénonce les travers d'une société patriarcale et ses conséquences. Aucune concession n'est faite, ni à un sexe, ni à un autre, comme dans Persuasion, chacun en prend pour son grade.

Si cette société de convenances semblent aujourd'hui éloignée de la nôtre, à en regarder de plus près, force est de constater que nous partageons encore quelques similitudes avec nos ancêtres victoriens. Si le rang n'a plus vraiment d'importance, l'écart entre les riches et les pauvres n'a jamais été aussi grand qu'aujourd'hui. Si être mariée n'est plus aussi crucial, le mariage reste la norme et si l'écart qui sévit dans les droits des deux sexes a diminué, la masculinité continue de primer.

« Les femmes célibataires ont une épouvantable propension à être pauvres, ce qui est un argument très sérieux en faveur du mariage »

Orgueil et préjugés est une lecture aussi légère que profonde bercée par le vent de la lande de la campagne anglaise. Comme le bon vin, elle devient meilleure au fil des ans.

5--toiles.gif
10-18, 380 pages, 2000 > La préface, à ne pas manquer, est de Virginia Woolf.

Extrait...

« La vivacité de votre esprit rendrait plus périlleux pour vous un mariage mal assorti. Mon enfant, ne me donnez pas le chagrin de vous voir dans l'impossibilité de respecter le compagnon de votre existence. Vous ne savez pas ce que c'est. »

Une relecture commune avec Constance

(re)Lu dans le cadre de...

logo 141coeur vs3
 

  Un coup de coeur proposé par Féebourbonnaise

EnglishClassicsMaxi-copie-1.jpg

  Bien d'autres avis ici Par Theoma - Publié dans : C'est classique ! - Communauté : Classiques et chefs-d'oeuvre
Ecrire un commentaire 0 - Voir le commentaire - Voir les 0 commentaires - Partager   ' ); YAHOO.util.Selector.query( 'input', dial.getEl(), true ).focus(); }, this, true ); return false; " title="Partager par adresse simplifiée">     Précédent : Lettre à D. Histoire d'un amour –... Retour à l'accueil

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Theoma 1522 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines