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à propos de "dernier train pour buenos aires

Par Larouge

 Hernán Ronsino, Dernier train pour Buenos Aires, traduit de l’espagnol (Argentine) par Dominique Lepreux, Liana Levi, 92 pages, 12 euros

par Isabelle Viéville Degeorges

Dans une petite ville à 150 km de Buenos Aires, le temps s’écoule lentement. Les hommes qui se croisent se connaissent depuis l’enfance, et la voie ferrée qu’on démonte à présent la reliait au monde. Il y a Vardemann, le barbier, et Miguelito Barrios de la boucherie Souza, et puis les souvenirs de Kirk Douglas et Anthony Quinn dans Dernier train pour Gun Hill. La dernière scène surtout que les gosses se rejouent sous le soleil, derrière la plantation de cannes. On n’est pas très causant dans le quartier de la Glaxo. Tout de même, à l’As de Espada ou au club Bermejo, vingt-cinq ans après, entre deux tasses de maté, on aimerait bien savoir pourquoi elle est partie, la Negra Miranda, celle qui avait des jambes magnifiques, la femme de Ramon Folcada. On aimerait savoir enfin pourquoi elle a pris ce dernier train pour Buenos aires et n’est jamais revenue. Pas comme les mormons, dont on sait bien comment et pourquoi ils sont partis. Quatre chapitres, quatre narrateurs s’intercalent sans ordre entre décembre 59 et décembre 84. Le récit, laconique, ressemble à la grand-rue d’un western, justement. Celle où l’on attendrait le train, sous le soleil, écrasé d’un faux sommeil où chacun s’épie à l’ombre de l’habitude. Et pendant ce temps, Miguelito Barrios n’en finit pas de mourir d’un drôle de cancer. Dans le bourg, malgré le sentiment d’isolement, les épisodes sanglants de l’histoire argentine ne sont pas si loin, et il faut bien que l’ordre règne, ici aussi. Qui sait ce que l’ombre des violences politiques recouvre. La vie n’est pas un western, et la peur, métallique, définitive, reste parfois le meilleur moyen de tout perdre.
Bref et contrasté comme un duel dont on ne saurait d’où le premier coup va partir, Hernán Ronsino nous offre, de sa pointe sèche, une lecture aux aguets.
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