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Derrière le miroir

Par Oenotheque

Laurent Baraou & Arnaud Septime : La Face Cachée du Vin.

Caviste renommé installé dans le village de Bû en Eure-et-Loir, Laurent Baraou s’est associé à Arnaud Septime, allias Monsieur Septime, pour rédiger La Face cachée du vin. Les auteurs ont mené l’enquête dans les arcanes de la production, du marketing et de la distribution du vin. Mais si elle prétend nous révéler tout ce que nous ne voulions pas forcément savoir sur le vin, cette face cachée est-elle un véritable pavé dans la mare ou s’agit-il d’une vieille lune ?

La thèse n’est pas nouvelle : tout était mieux autrefois, le vin comme ceux qui le faisaient et ceux qui le buvaient. « Converti au début du XXème siècle à la monoculture, le vigneron devint viticulteur tandis que la machine prit le pas sur l'homme et sur la nature ; le produit chimique sur le savoir-faire, et l'œnologue sur la vie ». Car voici le premier des hommes à abattre, l’œnologue, armé d’une batterie de produits en tous genre, prêt à trafiquer le vin pour qu’il réponde mieux aux goûts standardisé que le marketeur aura pré-vendu. Nous avons notre seconde cible. Il ne reste plus que l’épicier de la grande distribution et le portrait de groupe des affreux sera complet !

Vieille lune également, la diatribe contre la grande distribution. Faut-il regretter que le vin se soit démocratisé et sa consommation popularisée ? La majeure part des vins actuellement consommés sont vendus par la grande distribution. C’est un marché de masse, y compris pendant la période des foires aux vins. En-dehors parfois de quelques produits locaux ou spécifiques, c’est un marché qui requiert du volume, pour une clientèle qui recherche le plus souvent un vin agréable à boire, de qualité constante, à un prix abordable. Il en est de même à l’autre bout de la chaîne, avec l’univers du luxe. Les vins qui y sont produits et commercialisés sont sortis depuis longtemps de l’univers du vin proprement dit. Tirer à boulets rouges sur le Groupe LVMH ne sert en rien la promotion d’une 3ème voie, de moins en moins étroite, vers laquelle se dirigent des amateurs toujours plus nombreux et mieux informés.

Mieux informés, notamment par des livres comme celui-ci. En cherchant coûte que coûte à démontrer comment le monde vitivinicole s’est perverti et a perdu son âme en s’industrialisant, il peut parfois manquer de nuances. Mais trop rares sont ceux qui tiennent un tel discours de réalité, qui dévoilent sans concessions les nombreuses pratiques de manipulation qui ont cours dans le monde du vin. Manipulations à la vigne, sur laquelle on déverse annuellement une large proportion des produits de synthèse utilisés dans l’agriculture, avec parfois de lourdes conséquences environnementales et sanitaires pour les ouvriers. Manipulations au chai, au travers d’un levurage rendu nécessaire par la destruction de l’écosystème naturel de la vigne, de nombreux correcteurs de goût, ou de technologies permettant de « travailler le vins ». Manipulations, enfin, par un certain marketing, qui fait passer pour « naturel » un produit qui, pour parfois ne l’est plus depuis longtemps.

Mais fort heureusement, les vignerons (44 d’entre eux sont présentés en fin de l’ouvrage), les cavistes, les médias (surtout les médias alternatifs, comme les blogs) et les amateurs qui résistent à ce système sont de plus en plus nombreux. L’intérêt du livre est d’ouvrir le débat, en des termes parfois excessifs, mais avec une passion aujourd’hui trop souvent absente des échanges.

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La Face Cachée du Vin. Laurent Baraou & Arnaud Septime. 180 pages. François Bourin Editeur. 2010. 19 €.


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