
Tout ça c’est un peu (beaucoup) grâce à Au Nom du Père. Le film de Jim Sheridan t’avait valu une nomination à l’Oscar du Meilleur Second rôle, au côté de Daniel Day-Lewis, un coup de projecteur qui t’a ouvert de belles portes. Tu étais bouleversant en père emprisonné et impuissant. Ton visage si particulier s’est gravé dans de nombreuses mémoires. L’enchaînement s’est fait avec talent.
Des geôles irlandaises tu es passé à l’intransigeance presque robotique du célèbre Kobayashi de Usual Suspects. Je te revois encore dans l’ascenseur, impassible lorsque tes deux compagnons se font descendre. Je te revois, transformé en homme de foi moyenâgeux, chevauchant au côté de Dennis Quaid dans Cœur de Dragon (désolé de la référence mais j’avais 14 ans), peu avant d’incarner le prêtre aidant malgré lui les amants du Romeo+Juliette de Baz Luhrmann à se séparer pour l’éternité.

C’est peu après que tu as commencé à te faire plus rare. Toujours tu continuais à tourner, mais dans des longs-métrages s’exposant moins. Il y a bien eu Terre-Neuve de Lasse Hallström où tu retrouvais ton boss Keyser Söze, en 2001, puis un sursaut inattendu lorsque tu es apparu dans le remake américain de Dark Water et le brillant The Constant Gardener de Fernando Meirelles, en 2005. Mais globalement, les années 2000 ne t’ont vraiment pas fait briller. Tu semblais loin, caché, disparu. Loin de l’Amérique, sûrement. Loin de nos écrans, malheureusement.
Et puis te revoilà, surgi de l’ombre. A quoi l’on voit que tu te cachais dans l’ombre ? Tu reviens par la petite porte d’un Solomon Kane de seconde zone, le genre de film qui aurait pu ne sortir qu’en DVD. Mais bientôt, tu pointes le bout de ton nez en père adoptif de Persée dans Le choc des Titans. Oui bien sûr le film est presque aussi dispensable que Solomon Kane, mais celui-là a le mérite d’être un évènement et de faire le plein d’entrées. Mais la sonnette d’alarme est désormais enclenchée. Attention, Pete Postlethwaite n’a pas disparu.
