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Me souviens que

Publié le 21 décembre 2007 par Menear
On était passé ensemble sur un oral avec Nelly en première année, je m'en rappelle très bien, c'était en bible (oui, on avait des cours de bible en première année) et c'était un extrait de la Salomée d'Oscar Wilde et je m'en rappelle parce qu'on avait défendu une interprétation féministe du texte et on avait eu 13 ou 14 peut-être. On avait d'abord bousculé quelques idées comme ça, pour commencer, assis sur les escaliers, vers le bâtiment du CIT. Une fois on avait fait sauter un des cours de bible pour bosser sur ce truc et à la place on était allé bouffer ou boire un verre à Centre Deux. A cette époque, première année, second semestre, la bible, c'était notre dernier cours de la semaine et on l'avait le mercredi de midi à une heure et demi. Le cours de bible, c'était ce moment où la prof nous disait que dans l'iconographie du moyen-âge, Judas était représenté en roux parce que ça symbolisait le diable ou quelque chose comme ça et la drôle de sensation que ça fait quand les deux tiers de la classe se retournent en même temps dans ma direction avec la prof qui me regarde en me disant « désolé ». Après coup, Nico m'a dit que c'était ce jour là qu'il avait réalisé que j'existais (corrige moi si je me trompe).
Nelly, je l'ai croisée hier en allant faire mes courses de Noël, c'est pour ça. Juste trois minutes entre la fac et le centre ville, et probablement que j'aurais changé de trottoir et fait semblant de l'éviter si j'avais eu mes lunettes ce jour là mais voilà, je les avais pas, je l'ai reconnue qu'à la dernière minute. On peut dire qu'elle est sympa pourtant Nelly, c'est pas le problème, juste que j'aime pas croiser d'anciennes connaissances à qui j'ai rien à dire, c'est agaçant.
En première année, je connaissais pas encore assez Nico et Elise, on faisait que se croiser (et encore), et Fanny et Malika étaient dans l'autre groupe, difficile d'avoir des horaires qui concordent. Du coup, je passais le plus clair de mon temps avec Nelly et avec une des nombreuses Caroline que j'ai connu dans ma vie. Avec Nelly et Caroline, on est passé ensemble pour un autre oral, en Dissert, deuxième année, me souviens plus du sujet sinon que c'était une citation de Barbey d'Aurevilly. On s'est planté : quatre ou six, je sais plus combien on a eu. Hors sujet complet. Me souviens que ça m'avait gonflé grave, après coup, et que j'avais passé tout mon cours de stylistique à dessiner sous le nez de ce brave S.C. et je crois même que j'avais gonflé pas mal de monde autour de moi aussi ce jour là.
Retour en première année : les absences et claquements de doigts intempestifs de M. Mc Machin le mercredi matin et la nullité abyssale de son cours. Mon commentaire-super-génial parfait sur Jünger que m'a piqué Elise sous le nez et le truc minable que j'avais fait après sur Buzzatti. Je crois que j'ai encore le petit mot de remerciement qu'elle m'avait adressé à la fin de ce cours. Me souviens m'être dit qu'à défaut de cartonner avec mon commentaire-super-génial, je garderai une preuve de ma propre générosité histoire de, question d'égo.
En première année toujours : me souviens d'une après-midi passée avec Fanny et Fred et on était allé à Simone Weil ensemble, je sais plus trop pourquoi, et c'est peut-être le plus de temps que j'ai passé avec Fred de toute ma vie et on s'est peut-être échangé cinq mots maximum. Première année : C. pas encore revenu de Lyon et pas encore en fac d'anglais où je l'ai recroisé par hasard l'année dernière et l'arrière goût que ça faisait ce jour là, trois ans après, un mardi après le cours de 16e. Première année et l'insupportable impression de pas savoir ce que je foutais là, à l'époque. Et dur dur dur de se dire qu'il faudrait encore subir deux ans de plus.
Je ne sais plus quand exactement, l'année dernière : je croise Nelly en sortant de la fac, prêt à rentrer chez moi avec la migraine, des mois qu'on s'est pas parlé, je lui apprends qu'elle n'a pas cours parce que sa prof est pas là. Merde, elle me dit, ça veut dire que j'ai je sais plus combien d'heures de trou, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire en attendant... Tiens, ça te dirait d'aller boire un verre ? Aucune idée de ce que je lui ai prétexté pour dire non. Peut-être bien la migraine, du coup.

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