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[Critique dvd ] Les yeux Noirs

Par Gicquel

[Critique dvd ]  Les yeux Noirs

[Critique dvd ]  Les yeux Noirs
Adapté une fois encore de Anton Tchekhov (l’ombre du réalisateur) ce film en épouse le classicisme de l’époque (costumes et décors adéquats) et la légèreté d’une écriture qui flotte au gré des situations. Nikita Mikhalkov pose son empreinte sur l’œuvre de l’écrivain, en signant un film presque décalé dans sa mise en scène, en louvoyant du loufoque sympathique (la définition d’un Mastroianni des grands jours) au romantisme le plus appuyé.
Pierre Murat le remarque dans les bonus et l’affaire est entendue : Federico Fellini est parfois convoqué sur le plateau, la scène du bal et de la piscine de boue dans le centre de cure, représentant cet hommage que le réalisateur russe adresse à son collègue italien. Il y est question de « Huit et demi » (voir dans ce blog) avec sublime séquence, la prise d’eau par les pensionnaires dans leurs chaises roulantes.

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Si Romano s’y trouve c’est parce qu’il souffre de solitude et d’abandon. Le jour de l’anniversaire de sa femme, la belle Elisa, il apprend qu’il est ruiné et s’enfuit dans une ville d’eau. Là, il rencontre Anna, jeune et timide Russe qui finit par céder à ses pressantes avances. Effrayée par sa faute, elle rentre brusquement en Russie. Romano, devenu fou d’amour, décide de la retrouver.
Mélancoliques trémolos et apartés sensuels (Marthe Keller , comme elle est merveilleuse) constituent le fil d’une intrigue un rien faiblarde, malgré l’argument de départ qui voit notre héros raconter sa triste histoire à un richissime commerçant en voyage de noces.

[Critique dvd ]  Les yeux Noirs

L’affaire se passe sur un paquebot, les deux hommes sont au bar et la jeune épouse (Yelena Safonova) se prélasse sur le pont.Les présentations se feront un peu plus tard…

La direction d’acteurs est alors peut-être prévisible, téléphonée comme on dit aujourd’hui, mais  Marcello Mastroianni dans toute sa lumière, lui donne l’éclat de la belle insouciance. Il décroche le prix d’interprétation à Cannes.
Il semble que seule son personnage ait fait les frais d’une écriture approfondie, les femmes qui l’entourent et pourtant, maîtresses de toutes les situations, demeurant un peu trop en retrait à mon avis. La légèreté des êtres peut-être.

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Suppléments
:
- présentation du film par Pierre Murat, critique de cinéma. Il nous raconte notamment comment les jurés de Cannes ont été manipulés par deux  » ennemis » du réalisateur afin de ne pas accorder au film la palme d’or que tout le monde attendait . Il revient aussi longuement sur l’influence de Fellini , et de Max Ophuls en détaillant par le menu plusieurs scènes du film. C’est vraiment passionnant
- entretien avec Alexandre Adabachian, scénariste et chef décorateur. Ou les rapports quasi naturels semble-t-il entre deux collaborateurs . A l’entendre , il n’était pas très difficile de travailler avec Nikita Mikhalkov.
Ce film fait partie d’un coffret regroupant les huit premiers films du réalisateur (1974-1987), présentés dans leur version originale. De nombreux suppléments complètent l’œuvre, dont les entretiens avec Nikita Mikhalkov  et les commentaires éclairés de Pierre Murat.

Le Nôtre parmi les autres (1974 – 92 min)
L’équipée sauvage d’un « Rouge » à la poursuite d’un trésor dans le « Far East ». Sergio Leone chez les Soviets.
Esclave de l’amour (1976 – 90 min)
Les tribulations d’une équipe de cinéma quelque part au bord de la mer Noire à l’été 1917. D’après un scénario d’Andreï Kontchalovski.
Partition inachevée pour piano mécanique (1977 – 97 min)
Le récit d’une belle journée ensoleillée à la campagne, dans une propriété bourgeoise. D’après Platonov et trois nouvelles d’Anton Tchekhov.

[Critique dvd ]  Les yeux Noirs

Cinq soirées (1979 – 98 min)
Les douloureuses retrouvailles d’un homme et une femme séparés par la guerre. D’après une pièce d’Alexandre Volodine.
Quelques jours de la vie d’Oblomov (1980 – 135 min)
Adaptation magistrale d’un classique de la littérature russe du XIXème siècle, Oblomov, d’Ivan Gontcharov.
La Parentèle (1981 – 95 min)
La visite douloureuse d’une paysanne à sa fille citadine, contée avec humour et énergie.
Sans Témoins (1983 – 90 min),
Huis clos dans un appartement où une femme et un homme s’affrontent autour d’un amour gâché.
Les Yeux noirs (1987 – 113 min)
Un Italien s’apprête à va vivre avec une jeune russe mariée un amour « trop grand pour lui ». Librement inspiré de La Dame au petit chien, Ma femme et L’Ordre d’Anna, trois nouvelles d’Anton Tchekhov.
69.95 €


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