Magazine Conso

L'intrusion

Publié le 02 novembre 2010 par Lorraine De Chezlo
L'INTRUSIONd'Adam Haslett
Roman - 360 pages
Editions Gallimard - février 2010
Douglas Fanning, la trentaine, est trader pour une grande banque d'affaires américaine. Symbole de la réussite économique, c'est un jeune loup aux dents longues qui n'a peur de rien, et encore moins de s'offrir une luxueuse maison sur un immense domaine, avec force marbres et richesses ostentatoires, à Finden, dans la banlieue huppée de Boston. En ces années 2000, les opérations boursières deviennent plus risquées ; Doug mène, par l'intermédiaire d'un collègue, des financements incertains et illégaux en Asie. Tant que les supérieurs ne constatent rien, ou plûtot font mine de ne rien savoir, tout roule. L'argent s'accumule mais le désastre financier n'est jamais loin. La vie de Doug est toute tournée vers ce boulot, mais c'est sans compter sur sa nouvelle voisine, Charlotte Graves, mécontente de voir sous ses fenêtres cette demeure insolente de luxe, et bien décidée à le traîner en justice. Et c'est peut-être aussi sans compter sur Nates, ce jeune homme qui a osé une intrusion chez lui, et dans sa vie...
Il s'en faudrait de peu pour ne pas penser aux récents scandales financiers, d'Enron à la SoGé, et à ceux qui sont peut-être à venir. Avec ce personnage de Doug Fanning, Adam Haslett a dressé le portrait d'un homme élevé par sa mère sans le sou pour lequel cette réussite sociale et ce confort matériel représentent tout et ont justifié son acharnement à cette revanche sur la vie, sur les autres. A son opposé, et qui s'oppose à lui avec virulence, la seule qui oserait cet affront, c'est cette Charlotte Graves, érudite, professeure d'histoire, qui vit seule avec ses chiens dans sa maison bordélique. Alors oui, elle croit sans cesse entendre les voix de ses toutous, elle peut paraître folle, mais son discours anti-capitaliste et pour le respect de la justice et le refus de la suffisante est très clairvoyant. Son combat renvoit la folie dans l'autre camp, celui de la finance débridée, de la folie du profit.
Extrait :"- Bonjour. Je m'appelle Doug Fanning. La nouvelle maison, ici - c'est la mienne.L'espace d'un instant, il lui sembla qu'elle n'avait pas entendu un traître mot de ce qu'il avait dit, qu'elle était peut-être sourde comme un pot. Puis, soudain, comme si la voiture venait d'apparaître, elle marqua un arrêt. (...)- Des arbres, dit-elle. Avant que vous arriviez. Partout. Des arbres."
Le roman est bien ficelé, l'intrigue qui démarre après cette intrusion de Nates et la relation qui va l'unir à Doug en même temps que le conflit avec Charlotte Graves est intéressante et captivante, mais ce qui est dommageable à la lecture, c'est le discours financier assez hermétique parfois, puisqu'il est question d'emprunts toxiques, de positions sur les marchés, et de tout un vocabulaire de trader qui peut être difficilement saisi par le néophyte. Du coup, j'aurais peut-être mieux apprécié le roman réduit de quelques pages. Mais néanmoins, il en ressort quelquechose d'éminement contemporain, comme le premier roman de la crise financière. _______[merci à Blog-O-Book !]
"Le trader se gave pour mourir" - Le western culturel
L'avis de Soso - Soso-a-lu

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lorraine De Chezlo 64 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines