Il en est des grands hommes comme des petits. L'oubli les guette, un peu plus tard sans doute mais l'inéluctable arrive. Et quand on est mort un 11 novembre, autant dire qu'on n'a aucune chance de concurrencer un jour les valeureux de la Grande Guerre.Pourtant lui-aussi fut un valeureux, lui aussi fut blessé, plusieurs fois, sur les champs de bataille et son nom figure parmi les noms gravés sur l'Arc de Triomphe. Un boulevard lui est attribué face aux Invalides dont il fut gouverneur, une station de métro, une caserne à Valence.Mais à Dammarie-lès-Lys, là où il est mort, là où il a passé les dernières années de sa vie, rien ne rappelle sa présence, pas une rue, pas une plaque, pas un souvenir, pas une trace, sinon sa tombe au vieux cimetière du centre ville, couverte de lichens et dont les inscriptions s'estompent.Expédition d'Egypte, campagne de Prusse et de Pologne, batailles d'Austerlitz, de Dreypen, de Friedland, campagne de Russie, bataille de Dresde et de Leipzig, son nom est associé aux plus grands moments de l'Empire mais aussi à quelques citations transmises par Chateaubriand.Alors qu'un boulet lui avait fracassé le genou droit et nécessité l'amputation de sa cuisse, le général, voyant son domestique en larmes, se serait écrié : « Console-toi, mon ami, le mal n’est pas si grand pour toi… Après tout, tu n’auras plus qu’une botte à cirer ».L'auteur des Mémoires d'Outre-Tombe le tenait par ailleurs en haute estime, disant de lui : « J’ôte mon chapeau en passant devant lui, comme en passant devant l’honneur », ce qui n'est pas un mince éloge.Ce grand homme, si bien oublié, c'est Marie-Victor-Nicolas de Faÿ de La Tour-Maubourg, né à La Motte de Galaure dans la Drôme en 1768, passé sans état d'âme de l'Empire à la Restauration et finalement décédé à Dammarie-lès-Lys en son château de Farcy, le 11 novembre 1850.Devant sa pierre tombale, bien modeste puisqu'elle ne relate aucun de ses exploits guerriers, on se dit que, sans le secours d'un grand écrivain, l'histoire publique de ce grand soldat de Napoléon se limiterait à... une artère parisienne.
C'est ça, la paix éternelle. L'effacement du souvenir parmi les vivants.Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !