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Banksy: faites le mur !

Publié le 23 décembre 2010 par Betcmusic @betcmusic

de-Bansky

Juin 2008, Los Angeles.
En prenant le bus pour aller bosser, mon regard se fixe sur la Une du L.A. Weekly, présentant une conserve de Campbells’soup ornée d’un aérosol dégoulinant de peinture rouge.
Avec pour titre : Mr Brainwash bombs L.A.

L.A. TIMES

Je parcours l’article et fais la connaissance de ce laveur de cerveau. Mr Brainwash serait donc un français qui exposerait ses premières œuvres dans son atelier dans les semaines à venir.
Le rendez-vous est pris.
Son atelier s’avère être une immense usine désaffectée, et on la voit de loin, par d’immenses bâches aux candidats à la présidentielle Warholisés.

Les tableaux et installations sont très nombreuses à base de robots-TV géants, de motos jouets taille réelle, de Jimi Hendrix jouant à Guitare Héro, de pompes en caoutchouc vertes pendues aux arbres et de sac de courses géant posé tranquilou dans le jardin.

EXPO

EXPO EXT

Cet immense What The Fuck?!, me touche et me fait rire (je ne sais plus dans quel sens). Et puis, on croise un petit gnome à l’accent français sacrément prononcé. Il se balade sur un tricycle car sa jambe est plâtrée. Il disperse sur des posters de sa collection des jets de peinture multicolores, prend la pose avec pas mal de monde, et n’hésite pas à signer blinde de cartes postales de son nom d’artiste. J’en récupère une en me disant, un jour, c’est sûr, on entendra parler de lui.

Décembre 2010, Paris.
Je me rends à la projection du film « Faites le Mur! » de Banksy, le plus emblématique des artistes de street art.
Et je ne m’attendais pas à retrouver à ce point Mr Brainwash… Et ne soyez pas déçus, c’est bien lui le personnage principal du film.
A l’aide d’une voix off, on assiste au biopic de Thierry Guetta, beautiful loser, qui n’a rien fait d’autre de sa vie que de filmer tout ce qu’il voyait, et de se trouver au bon endroit au bon moment.

La première légende dit qu’il serait le cousin de Space Invaders, et qu’en l’accompagnant à L.A., il aurait rencontré et filmé tout le gratin du street art, dont Shepard Fairey créateur d’Obey et Banksy.
Le film devient réellement intéressant à ce moment, pour son côté documentaire : de l’impression des papiers, aux collages sur les murs des endroits les plus insolites du monde entier, on assiste à tout. Et puis Thierry est là, toujours heureux et enthousiaste, enchaînant les bourdes mais essayant de faire de son mieux pour aider ses idoles.

La seconde légende dit que Banksy aurait demandé à Thierry de réaliser un documentaire sur le street art à partir de ses vidéos mais trouvant le film tellement pourri, il aurait détourné Thierry de ses cassettes en lui proposant de se consacrer au street art et de se créer son propre personnage : Mr Brainwash est né.

Thierry, fondamentalement égocentrique, se lance alors dans le projet de faire une expo monumentale en son nom.  Il est imbuvable avec le personnel qu’il embauche – car il ne fait rien lui même –  balance des sommes monstrueuses quand on lui demande les prix de ces œuvres… Il ose même demander de l’aide à Shepard Fairey et Banksy pour qu’ils assurent la promo de son expo.
Et la sauce prend. Tout L.A. s’y précipite, et elle sera même prolongée de quelques mois. C’est tout le principe du marché de l’art qui est remis en cause: de voir tous ces abrutis s’arracher les œuvres d’un mec qui ne les a même pas conçues.

Je sors un peu honteuse de cette séance, car oui, je me suis fait complètement avoir…
Et le pire, c’est que je suis quand même contente d’avoir été là au bon endroit, au bon moment.


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