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Grappillages de week-end 2010 (36)

Par Mauss

Moins 5° à Saint Jean de Luz-Chantaco, c'est inhabituel. Autant de jours sans inspiration plumitive (scripturale ?), on se pose des questions :-)

Relation de cause à effet ? Certes non, mais de temps en temps, il est bon de lever le pied et de relativiser les choses.

Lecture (1)

On lira doucement un très beau papier de Nancy Huston, en dernière page du Monde daté de ce dimanche 26 décembre et disponible ICI . Qu'il me soit permis, sous le © de l'auteur et du journal, de citer deux passages qui donnent le ton de ce papier à méditer et à relire et relire :

"C'est l'un des truismes de notre époque : nous sommes infiniment plus au courant qu'autrefois des malheurs du monde. Les médias modernes apportent quotidiennement chez nous, dans notre cuisine, salon, chambre à coucher, coeur : horreur, misère, torture, détresse, pauvreté, colères collectives, indignations, émeutes, répressions..."

.....

"De nos jours, chacun choisit ce qu'il veut savoir, ce qu'il supporte de savoir, ce qu'il trouve commode de savoir. Les deux choix extrêmes sont la sainteté (on est en perpétuel état d'indignation et de fureur, s'acharnant à redresser des torts et à améliorer le monde, on écoute la radio tout en surfant sur le Net avec la télé allumée) et le nihilisme (à quoi bon faire quoi que ce soit, l'humanité est grotesque, le monde une vaste plaisanterie, l'amour une illusion destinée à nous empêcher de regarder en face la vérité atroce : on doit mourir). Ces deux extrêmes se rejoignent en fait par leur absolutisme : dans un cas, la politique est tout ; dans l'autre, rien. Notre cerveau doit avoir un penchant pour le tout ou rien ; il adore en mettre partout !"

De temps en temps, sur les blogs et forums, certains aiment rappeler l'extrême relativité des choses et à quel point, dans le domaine qui est un peu le nôtre - le plaisir - il est bon de se souvenir qu'il y a d'autres choses parfois plus futiles mais souvent plus importantes. Ce papier apporte des éléments de réponses à travailler.

Et sans aller bien loin, on peut facilement transposer ce texte au monde du vin : à chacun d'en faire sa propre lecture.

Lecture (2)

Pour les amateurs de JS Bach, sachez qu'un éditeur strasbourgeois a édité une hagiographie remarquable sur Helmut Walcha, cet organiste allemand dont je parle de temps en temps. Je reste stupéfait qu'un aveugle, pétri de modestie et de rigueur, ait pu dire un jour que si toute l'oeuvre de JS Bach disparaissait, il pourrait la réécrire entièrement, registres compris. Livre trouvé sur Amazon. C'est vraiment bien, Amazon. Et quand on voit le suivi des commandes qui vous est communiqué par mail : quelle leçon pour les bégeules de tant de commerces qui vous reçoivent avec des rictus si mal cachés de déplaisir ! Tiens, cela me rappelle cette scène de Pretty Woman où, devant une telle attitude, Richard Geere nous la fait grandiose dans le style : "à genoux devant mes $". Bon, on part dans tous les sens, là !

Walcha

Fascinant la vie de cet homme, entièrement dévouée à JS Bach

A suivre également, côté lecture, une collection sur les grandes cathédrales avec Reims et Strasbourg en tête de liste. On attend Metz avec impatience…

Cuisine

L'avantage des grands repas de famille (au delà de 16 personnes), c'est qu'on revient aux recettes simples et qu'on laisse de côté les bisbilles à multiples saveurs qui ne signifient plus rien.

Vous êtes lyonnais ? Je vous conseille alors les pâtés et terrines de Reynon qui semble être un charcutier traiteur de haut vol. Merci à mon pote lyonnais qui me l'a fait découvrir. Je confirme : c'est du sérieux, goûteux comme pas permis !

Merci aussi à Rémy, un traiteur messin dont les tourtes lorraines sont simplement des références en la matière. Là, le mot "art" n'est pas galvaudé. 

On reste calme, Grand Jacques. Mais voilà ma réussite du jour, "fat'in casa" :

plat

Le filet de boeuf en croûte du Président, un *** facile :-)

Certains auraient murmuré le mot "chef d'oeuvre", mais on sait que j'ai l'oreille pas toujours fiable…

Vins

Le festival sera pour le nouvel an, chez un mien ami qui n'arrive pas à envisager un beau repas de fin d'année sans compter au moins 3 topettes par personne, histoire d'avoir des choix de dernière minute ou de pallier à quelques défectuosités hélas latentes dans trop de bouteilles. Mais comme généralement chez lui, on commence vers les années 60 pour aller vers les bouteilles des papys de nos papys, paradoxalement le risque de bouchons défectueux devient minime. Faudra un jour se pencher sur la question. Friand comme je suis de très vieux champagnes, je me lèche déjà les babines !

Pas de grande découverte ces dernières semaines, sinon cette passion de plus en plus dévorante pour la finesse fascinante (car tachée d'aucune "maigritude") du Vosne 2008 de la DRC, l'élégance extrême des crus de JF Mugnier, l'équilibre magique du Mazoyères-Chambertin des jeunes Taupenot-Merme, mais sans oublier la puissance contrôlée d'un Haut-Carles ou la race d'un Ausone 56 simplement époustouflante. Le jour où je ne serai plus capable de superlatifs en matière de vins, ce sera le moment de rentrer dans un ordre monastique. J'ai vraiment horreur des bégeules incapables de s'enthousiasmer et de chaque fois chercher la petite bête insignifiante qui n'est qu'une médiocre façon de se distinguer d'autrui. Rien de pire que de fréquenter des zozos incapables d'enthousiasmes, que ce soit pour Charlie Parker, Gide, Renoir, Picasso, Troisgros, Welles, Thucydide (Θουκυδ?δης) Bon, j'exagère :-). C'est notre célébrissime académicienne, Jacqueline de Romilly qui me le fait citer, mais, toute honte bue, c'est un Pléïade qu'on va m'offrir sous peu, non ?

Une chose apprise cette année : il y a des domaines (heureusement propriétés d'individus disposant de capitaux conséquents), mais qui n'arrivent pas à équilibrer des comptes plombés d'un côté par une volonté de faire aussi bien que les "grands" en y mettant les mêmes moyens, sinon plus, et d'un autre côté par une absence cruelle de notoriété qui ne leur permet pas de demander le "juste prix" que mérite leurs crus. Et je n'évoque même pas les inconscients qui n'ont pas ces capitaux et qui s'entêtent à créer des vins largement au-dessus du lot. C'est eux qu'il faudra soutenir en premier en 2011 !

Politique

Plus que jamais le système bancaire international nous a donné ces dernières années une immense leçon sur le thème :

"comment je vais vous rouler dans la farine, profond et grave, vous les briser menus, et repartir plus que jamais vers des bonus à 7 chiffres, en vous demandant de nous dire pardon d'avoir dire des gros mots sur nous."

Plus que jamais, des têtes (Attali le premier) nous disent que, ça y est, on va droit dans le mur et même si on trouve le frein, c'est trop tard. Et plus que jamais ces Cassandre, pourtant lus, semblent à côté de la plaque. Par quel effet ? La lenteur des masses à mouvoir ? La fin de l'esprit révolutionnaire ? Ou un simple sentiment d'impuissance qui aboutit à un laisser-faire qui chahute sérieusement la démocratie active qui devrait être la nôtre et qui nous fait accepter un drôle de mode de vie ?

Bons Voeux

Ma fierté, mon orgueil de 2010 : la qualité évidente des interventions sur ce blog, où l'humour reste toujours présent. C'est fondamental, ainsi que le respect de l'opinion d'autrui. Pas si fréquent que cela.

Donc, pour 2011, je ne souhaite que cela pour tous : trouver ici des lectures agréables, sujettes naturellement à discussions, mais toujours avec des mots, des phrases qu'on assume et qu'on acceptera de relire dans dix ans sans honte.

Le reste ? On vous l'a déjà souhaité mille fois, et de multiples manières. Je ne ferai pas mieux, c'est sûr ! 

Que la Vie vous soit douce !


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