L’année 2010 touche à sa fin et tous les blogs sont à l’affût, essayant de péniblement piocher dans leurs souvenirs pour espérer y faire pousser un Top convenable. Que penser de cette année 2010 ? Car à l’inverse des films sortis sur les écrans français, il ne faut pas compter sur les conclusions des ventes de disques en France pour prétendre y percevoir un tant soi peu de qualité. Face aux bons « Des hommes et des Dieux« , « The Social Network » ou encore « Inception » et « Le nom des gens« , on se retrouve musicalement face à des mauvaises contrefaçons comme le dernier Mylène Farmer, le deuxième opus atroce de Katy Perry, l’inquisition des Prêtres et leur Spiritus Dei ou encore l’indétrônable René la Taupe, à qui un bon coup de fusil aurait été de rigueur pour l’achever en ces périodes des fêtes.
Si l’on s’en tenait à ces références là, 2010 aurait été l’année du vide. Pour commencer, retour sur 2010 en musique par une mixtape de près d’une heure à télécharger gratuitement. À vous de me dire quels sont les artistes inclus dans cette mixtape !
Pour poursuivre, retour (de manière subjective bien sûr) sur les bons crus de cette année, histoire que le passage en 2011 se fasse en toute quiétude et sans classement.
De l’égo, de la grandiloquence : l’année de Kanye West
Kanye West est le premier à être cité. Grand, fou, complexe, grandiloquent, puissant et mêlant des rythmiques démoniaques associées à une production bien foutue, My Beautiful Dark Twisted Fantasy marque le retour du rappeur de Chicago pour une quatrième galette à faire pâlir Timbaland et Jay-Z de jalousie. Loin des gamineries qui l’avait opposé en 2004 à 50 Cent – pour savoir qui allait vendre le plus de disques; loin des pleurnicheries sorties des années 80 en 2007 -pleurnicheries qui avaient composé un très bon 808s & Heartbreak, nous voici face à un grand album de Kanye West qui corrobore le résultat d’un sondage réalisé par Askmen.com auprès de 500.000 personnes : Kanye West serait bel et bien le cinquième homme le plus influent de la planète, devant Barack Obama et George Clooney. My Beautiful Dark Twisted Fantasy ainsi que le court métrage Runaway, produits et réalisés cette année, confirment le talent du prodige du rap américain.
Des retours en fanfare
Gil Scott Heron fait partie des featurings sur le dernier album de Kanye West sur un dantesque Who Will Surive in America. Mais son actualité de 2010, qui ne s’est pas limité à cette participation, était à voir du côté de son nouvel album I’m New Here, cinq années après une période de traversée du désert. Glacial, froid et perturbant sont les premiers mots qui viennent à l’esprit dès la première écoute. Associant une basse lourde et sombre à une voix plaintive et revendicatrice, le grand retour du poète et romancier américain s’est traduit en 2010 par un véritable retour de force musical. On croit parfois entendre une musique d’Eddie Vedder sur le titre I’m New Here tandis que Your Soul and Mine plonge l’auditeur dans les méandres d’un homme noir sur fond de vautours et de désespoir. Deux ans après l’élection de Barack Obama, c’est le genre d’album auquel on ne s’attend pas trop de la part d’un vétéran défenseur de la cause des populations noirs et pauvres des Etats-Unis. Un constat sombre pour un album grandiose.
Un peu plus au nord de Chicago, se tramait une autre histoire. Celle des canadiens d’Arcade Fire qui, trois ans après Neon Bible, ont décidé de conter les histoires des banlieues ennuyeuses. S’ensuit alors un album prêt à l’assaut des grands stades grâce à des titres poignants comme les Rococo, Empty Room ou Ready To Start où l’on perçoit une volonté pop de la part d’un groupe qui en avait marre des ambiances de fin du monde. Retour sur terre d’Acarde Fire pour un album commun mais attachant au fil du temps. De l’autre côté de la frontière américaine, James Mercer du groupe The Shins et Danger Mouse (Brian Burton) de Gnarl Barkley, se sont associés le temps de dix chansons. Un quelconque projet musical pour s’amuser ? Au regard du résultat du premier album éponyme de Broken Bells, pas franchement. Un retour inattendu pour un album à écouter en planifiant ses vacances dans l’Ouest américain. Histoire de se mettre dans l’ambiance.
À Oxford, une ambiance électrique était perceptible dans les rues de la ville, lieu de villégiature des Foals. Pour résumer la situation, leur deuxième album était attendu comme le messie. Loin des frasques mathématiques et minimales d’Antidotes, Total Life Forever a révélé cette fois-ci un effort dans l’écriture dans une logique de complexité et de subtilité que n’offrait pas le premier opus. Repoussant les affres du « buzz », ne cherchant pas à faire « le » tube et allant même jusqu’à dire de Total Life Forever qu’il n’était pas à la hauteur de leurs espérances (en égratignant au passage leur producteur David Sitek), Foals prend un malin plaisir à se construire pas après pas. Cet excellent deuxième album qui aura ravi la critique britannique, entend être surpassé par le suivant. Dans ce cas, on a hâte.
De la pop, en veux-tu en voilà
Citoyens irlandais, les Two Door Cinema Club signés sur le label français Kitsuné ont permis de commencer l’année 2010 en fanfare et en gaîté. Alors que le volcan Eyjafjöll foutait un bordel monstre en Europe, trois irlandais décidaient de disperser les nuages de cendres grâce à une naïveté pop et intelligente, chose qui n’était pas arrivé depuis un bon bout de temps de la part d’un jeune groupe aux ambitions internationales. Tourist History se révélait alors à la fois incisif, dansant et puissant. Une bonne manière de débuter une année sous le signe de la crise qui a tenue en 2010 une sacrée forme du côté de l’Irlande. De l’autre côté de l’Angleterre, près de Chemlsford, Gold Panda, musicien électro aux mains de génies, a ravi les connaisseurs en septembre dernier avec la sortie de son premier opus, Lucky Shiner. Surnommé le »one man beat-factory », Gold Panda a comblé la presse musicale et les blogs avec des titres comme You ou Marriage.Le rock américain en 2010 ?
Deux groupes dans la catégorie « poids lourds » se sont affrontés cette année. L’un est un poids lourd des ventes; les Kings Of Leon (une des meilleures ventes d’albums en 2008 pour Only by the night); l’autre est un poids lourds bien connu et apprécié des critiques. Tous deux sortaient cette année leurs cinquièmes albums (Hight Violet pour The National, Come Around Sundown pour Kings Of Leon) mais le constat n’était pas le même après une écoute assidue des deux galettes. D’un côté, une volonté affichée de devenir les futurs U2 pour le groupe en provenance du Tennessee, quitte à perdre de leur originalité, Come Around Sundown se révélant être un disque solide pour les stades mais pas inoubliable en dehors de cela. De l’autre côté, le cinquième album des New-Yorkais transpire d’arrangements fabuleux sans donner dans le pêcher de bande-son pour Radio FM(ère) avec des titres qui s’apprivoisent au cours des écoutes multiples dont on a besoin pour s’éprendre de toute la puissance. Anyone’s Ghost, Wake Up Your Saint ou encore Bloodbuzz Ohio empreignent vite votre cerveau et ne sont que l’exemple d’un album à la hauteur des précédents Boxer et Alligator.
Des O.S.T en pleine forme
L’année 2010 aura aussi permis d’associer des blockbusters à des bandes-originales pour le moins épatantes, Inception et The Social Network en tête. Ces bandes-originales ont été sur le devant de la scène musicale et cinématographique un bon bout de temps de l’année 2010. En effet, grâce à un Hans Zimmer au plus haut de son talent et à une association entre Trent Reznor et le producteur de son groupe Nine Inch Nail, Atticus Ross, il en résulte des sons et des pistes inoubliables. L’un pour un thème monstrueux collant parfaitement à une bande-annonce annonçant l’un des meilleurs films de 2010 (ci-dessous). Lorsque Hans Zimmer va jusqu’à reprendre l’orchestration d’un morceau d’Edith Piaf (« Non je ne regrette rien« ) pour le ralentir et en formuler une nouvelle composition (« Half Rememberd Dream« ) à la manière des différents temps qui se compilent dans Inception, on ne peut qu’en appeler au génie. L’autre pour des scènes et une ambiance acculée à The Social Network qui n’aurait pas eu ni le même cachet ni la même portée poétique et électrisante sans la participation de Trent Reznor et d’Atticus Ross. Du côté des bandes-originales françaises, on n’est pas en reste avec une bande son solide pour Rubber, le dernier film de Mr Oizo alias Quentin Dupieux. Au même moment, les Daft Punk laissaient filer leur OST pour le film Disney Tron.
Et du côté des français ?
Pour ce qui était des français, ils n’étaient pas en reste. The Dø, Cocoon, Aaron ou encore The Bewitched Hands auront profité de l’année 2010. Soit pour donner un successeur correct à leurs premiers albums (Cocoon, Aaron, The Dø), soit pour arriver en fanfare sur le marché grâce à un album original et salvateur (The Bewitched Hands). En effet, avec Birds and Drums, les rémois ont permis de doter la France ses premières armes dans le monde de la pop en 2010, alors que les Versaillais de Phoenix occupaient le terrain en 2009. Sur un marché sauvagement concurrencé par les anglo-saxons et en concoctant un album bourré de tubes dont les titres sentent bon les années 60, The Bewitched Hands sont la surprise française de l’année.
À écouter aussi :
- Aloe Blacc – Good Things
- Crystal Castles – Crystal – Crystal Castles (II)
- Everything Everything – Man Alive
- Kid Cudi – Man on the moon
- Local Natives – Gorilla Manor
- Mark Ronson – Record Collection
- Ratatat – LP4
- Sleigh Bells – Treats
- The Black Keys – Brothers
- Wax Tailor – In the mood for life
Voilà ce que j’ai retenu de 2010. À vous de me renseigner sur vos coup de cœur de l’année 2010…