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Cérémonie d’inauguration du Pont de Codolet. (Part.2)

Publié le 14 janvier 2011 par Chevalierbrigand

En commémoration de la cérémonie d’inauguration du Pont de Codolet 25 Octobre 1877


Discour du Curé.

Parvenu sur le milieu du Pont, qu’ornaient des guirlandes et des inscriptions, le cortège s’est arrêté et M. le curé de Bagnols a prononcé le discours suivant:


Pont de Codolet


Messieurs,

Vous vous attendiez à voir et à entendre Monseigneur l’Evêque dans cette imposante cérémonie. Malheureusement, les devoirs de sa charge le retiennent au loin, et l’honneur aussi périlleux que grand de le représenter a été dévolu au curé du canton.

Acceptons les uns et les autres, de la Providence, cette déconvenue quelque peu cruelle, même tachons de nous en consoler par la pensée que tout éclat est loin d’avoir été refusé a notre fête. Nos regards se reposent ici, non sans orgueil, sur ce premier magistrat du département qui, par son intelligence, son autorité, son énergie donne du cœur à tous les bons citoyens; sur M. le sous-préfet d’ Uzès, dont l’ urbanité rend facile à tous l’ accès des hautes régions administratives, sur le nouveau député que l’ arrondissement s’ est choisi pour être défendu à la chambre avec talent et autorité, dans ses droits politiques et religieux, aussi bien que dans ses intérêts locaux; enfin sur les maires du canton de Bagnols, fiers d’ un récent triomphe et accourus, ce semble, afin de témoigner, en présence du chef du département, de leur fidélité au soldat qui gouverne la France.


Je ne m’étonne point de la solennité qu’on a voulu donner a la présente cérémonie: l’Eglise ne mérite-t-elle pas ces sortes d’hommages, elle qui a fait la France ?


Oui, quand la France n’existait pas encore, l’Eglise déjà fortement constituée, et la seule puissance respectée, alors que l’Empire Romain s’écroulait sous le pied des barbares, l’Eglise dis-je, s’efforçait de rapprocher les tribus appelées à former la monarchie Française.
Par les Rois, dont elle inspirait la politique et dirigeait les conquêtes, elle traçait d’avance les limites du Royaume le plus beau après le royaume du ciel, suivant l’expression de nos pères. 

Plus tard, nous la voyons se livrer pour nous aux travaux de la paix, défrichant de sa main patiente et féconde les campagnes stérilisées par l’ invasion, desséchant les marais, ouvrant les routes à l’ activité commerciale d’ un peuple désormais attaché au sol, et jetant sur les fleuves, ces ponts hardis qui ont fait et feront l’ admiration des siècles.
Que si l’ Eglise laisse aujourd’hui à l’ Etat l’ honneur de ces grands travaux, du moins s’y associe-t-elle par ses vœux, ses largesses et ses bénédictions, et ces services n’ honore pas moins la société civile qui les accepte avec reconnaissance que la société religieuse qui les offre avec une générosité, un patriotisme quinze cent fois séculaires.


Messieurs, veuillez ne point concevoir d’ombrage de l’action de l’Eglise au temps présent. Ne vous laissez pas dire qu’elle veut la domination. Ce que nous voulons, c’est la prospérité nationale, accompagnée de la religion et de l’honneur qui furent le partage de nos aïeux et qui seront leur gloire auprès de la postérité. Nous ne voulons pas autre chose.

Tracez-vous des routes, construisez-vous des ponts, développez sur terre et sur mer vos relations commerciales, donnez a votre édifice social toutes les proportions, toutes les magnificences en votre pouvoir: loin d’y contredire, nous bénirons vos efforts, heureux comme vous de vos prospérités et de vos gloires. Comme vous, ne sommes-nous pas Français et sortis du peuple- pour lequel on ne fera jamais assez ?


Dans ces sentiments et parlant au nom de mon Evêque, je vous félicite, habitants de Codolet, d’avoir pu enfin sortir de votre isolement, au moyen du Pont magnifique que nous allons bénir.
Je félicite tous ceux qui, par leur initiative, leur démarche ou leur offrande ont contribué à doter la contrée d’un élément nouveau de richesse et de civilisation, fier de penser que, au nombre de ces bienfaiteurs, figure un ancien curé de Codolet, comme un témoignage éloquent en faveur du patriotisme religieux dont je vous parlais tout a l’heure.

Je félicite l’administration municipale des sacrifices qu’elle a su s’imposer en vue de l’intérêt commun et de la pompe qu’elle donné a cette fête. Pourquoi oublierai-je l’architecte qui a voulu attacher son nom a cette construction importante, et les ouvriers aux efforts intelligents et consciencieux desquels il a confié sa pensée.

Recevez aussi mes félicitations, ou plutôt celle de Monseigneur, et vous qui avez ajouté a la beauté de notre cérémonie, votre empressement, vos décorations, vos harmonies, et vous qui êtes venus en si grand nombre, des environs la rehausser de votre présence.
En vous voyant tous ainsi groupés avec respect et sympathie autour de l’autorité religieuse; laissez moi m’écrier, dans un élan de patriotisme et de foi: NON, la chose publique n’est jamais plus prospère et plus honorée que lorsque l’Etat et l‘ Eglise sans empiéter l’un sur l’autre, se donnent la main pour la conduire et la protéger !


Ce langage a la fois si sympathique et si élevé a produit la plus grande et la plus légitime impression sur l’assistance entière qui l’a vivement applaudi.
C’est à ce moment que M. le préfet a pris la parole et a prononcé son discours.



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