Thon rouge aux agrumes
Ouf , chouette, un rayon de soleil après trois journées de grisaille, de brouillard et de vent, le ciel est dégagé et sublimement bleu. Dimanche histoire de ne plus voir ce ciel si bas que je me serais bien pendue, nous sommes allés au cinéma du CCS de SPM. Moi qui déteste les acronymes, ici je suis servie et vas-y que je te mélange joyeusement les lettres, va me donner RDV dans un lieu dont je ne connais pas l’adresse et encore moins l’intitulé, encore un coup où je perds une occasion de faire la maligne.
Donc, nous voilà au cinéma pour une expérience inoubliable, nous en avions déjà vécu quelques une à mayotte mais changement d’îles, celle-ci est d’un autre ordre. Dimanche, on joue Shrek 4, j’entends d’ici les mauvaises langues, oui il est sorti le 30 juin 2010 pas 2011, manquerait plus qu’on l’ait vu en avant-première, et alors ? C’est le tarif îlien. Comme nous étions au Canada, nous l’avions raté cet été. Nous aurions pu le louer au vidéo club ou le voir en streaming, houuu !!
Mais non, nous aurions raté ce fabuleux moment de vie, celui de voir un film comme dans son salon mais dans le noir avec 100 gosses de 2 à 12 ans (plus âgé, trop la honte d’aller au ciné voir un DA, le mien en a 13, chut !!!!). En plus, nous étions dans la salle avec lui, ce que ne font pas les autres parents. La méthode : une voiture s’arrête, sous une pluie battante, l’expression prend tout son sens, entre des gouttes grosses comme des soucoupes et le vent, tu prends un baquet de flotte dans la gueu… toutes les trois secondes, du dit carrosse ne venant pas de Fort Fort Loin jaillit une bande d’enfants surexcités, ils prennent d’assaut le premier étage où l’on vend du pop-corn en sachet crissant et autres friandises à la con croustillantes et emballées dans du papier scroutchant.
Par ci, par là, un papa ou une maman égarée, cherchant ses ouailles, le ou la punie du dimanche après-midi, l’a du faire une grosse bêtise pour en arriver là. Il ou elle, le regard perdu et désespéré tente de rassembler la ribambelle d’enfant dont tantes, oncles, cousins, cousines, frères, soeurs, voisins, voisines, tous ceux qui ont réussi à se défiler, pour aller faire la sieste, seule activité valable avec un temps pareil, et lui ont lâchement confié la garde de cette turbulente tribu. Ce qui explique que nous devons être un grand maximum de vingt adultes dans la salle, les seuls assis, les autres « spectateurs » sont au ravitaillement.
Après force cavalcades, cris, envolée de manteaux, de pop-corn (dommage il va en rester) invectives, les lumières… s’éteignent… ovation de la salle en délire, c’est vrai le noir à cet âge, ça flanque la trouille surtout à ceux qui sont pas encore assis avec dans une main, les commissions pour la semaine, dans l’autre de quoi abreuver un troupeau d’éléphants et dans la bouche, rien, enfin si, ses cordes vocales. Et… les lumières… se rallument… ovation ! Les responsables sonnent ainsi le rappel des retardataires bien plus efficacement que les pauvres adultes s’agitant en vain. Et… les lumières… s’éteignent… ovation ! Bon au bout de trois fois, tout le monde est à peu près installé convenablement… générique.
Tu as compris en entrant dans la salle que pour profiter du film, tu aurais mieux fait de le charger sur ton ordi mais trop tard, t’as payé ta place et promis à ton fils et puis une séance de ciné main dans la main, la tête sur l’épaule de Namour, deux heures de câlin sans être dérangé, c’est râpé aussi.
La première demie-heure, ils mangent. La salle n’est qu’un immense bruit de mandibules, de scrounch-scrounch, de froissements, de bruissements, de chuchotements, autant que puisse chuchoter des mômes : – passe moi le paquet, – non, – si, – passe le moi ou je l’dis à maman, – va te faire…. Vu le niveau de vocabulaire si je lui dis : ta gueule (en serrant les dents), ça devrait pas choquer. Mon fils : maman, ils ne vont pas se taire ? Non, mon chéri, je ne crois pas. Il n’y a rien à faire ? Non, ils sont trop nombreux. Heureusement, ils ne se reproduisent pas, pas encore.
La demie-heure suivante, ils ont soif. Forcément, salé ou sucré, pop-corn et friandises ça dessèche le gosier, si seulement ça pouvait les faire taire. Bon, comme ils l’ont paumée la bouteille, et j’te farfouille dans la tonne de papiers scroutchants, et je m’interpelle, et une petite bouteille d’eau et un petit glou-glou du mignon gosier d’un enfant qui boit, cela n’est rien, mais cent !!! Un raz de marée envahit la salle. Maintenant qu’ils n’ont plus faim et plus soif, ils peuvent s’intéresser au film, oui avant l’attention se concentrait sur la satisfaction primaire de leurs désirs de gourmandise, on pourrait croire un instant que la dernière partie du film va se dérouler dans le calme. Erreur, grossière, le film y’a que toi qui l’a pas vu, eux ils le connaissent par coeur, et de commenter : là, il va glisser… Là, il va tomber… Nan, elle l’embrassera pas… et de glousser, autant à cause de la réplique que de s’en être rappelé.
La dernière demie-heure, ils n’en peuvent plus, surtout les plus petits, 1 h 33, c’est long, pour eux et pour toi aussi. Le petit de deux ans et demi, trois max, assis devant, s’agite de plus en plus, et je me mets à quatre pattes sur le siège, et je fais un câlin à maman, et je tape sur le môme d’à côté, c’est pas possible, il a des vers ce môme. Et toi, tu danses en même temps parce que tu vois plus rien mais comment peut-on être aussi petit et prendre autant de place. Encore heureux, si ceux de derrière, dans les dix ans, ne te rappellent pas à l’ordre : madame, vous pouvez arrêter de bouger.
Mais bordel, ils pourraient le marquer à l’entrée que ces séances sont réservées à la classe biberon, interdite aux adultes, à part ceux sous tranquillisants, lobotomisés ou suicidaires.
Il fallait un plat réconfortant pour faire passer cet inénarrable séance.
POUR 4 PERSONNES
Peler à vif, prélever les suprêmes et faire revenir 1 mn de chaque côté à la poêle,
- 1 pamplemousse
- 1 orange
Saler, poivrer, déglacer la poêle avec un trait de sauce soja. Réserver
- 2 steaks de thon rouge
Disposer les agrumes sur le thon, servir aussitôt.