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Salem - King Knight Leur imagerie nous promet les enfers, mais leur musique nous amènera peut-être au paradis. Tel est un des nombreux paradoxes qui entourent les Américains de Salem. Ce trio originaire du Michigan s’est fait connaître en 2008 avec le titre Yes I Smoke Crack avant de sortir en septembre dernier son premier album King Knight. Celui-ci vient tout juste de bénéficier d’une publication en format CD en France. D’où une importante couverture presse, un peu à retardement. La musique de Salem est pourtant bien dans son époque : sombre et mutante. Le son du trio a quelque chose d’indéfinissable entre électronique rêveuse, puissance des boites à rythmes et forte influence hip-hop. Des éléments hétéroclites que l’on retrouve jusque dans les mixtapes ou les remix du combo (du rappeur Gucci Mane à Radiohead). Complètement vrillée, cette musique a la force d’un Fuck Buttons qui sortirait s’encanailler la nuit. Ombres et lumières Salem manie ainsi des textures très complexes qui accumulent les couches de son. Le combo se joue beaucoup des contrastes entre des lignes d’ombres (saturations, infrabasses) et de lumières (mélodies synthétiques), entre dureté et douceur. Ce jeu de collage est utilisé avec beaucoup de brio au niveau des voix avec d’un côté des timbres masculins au flow alangui durcis par des effets et de l’autre des vocalises féminines éthérées. Des onze titres de l’album, on retiendra tout particulièrement la puissance mélodique de King Knight en introduction, l’élan mystique de Frost, le flow rappé maladif de Sick ou de Hound ou encore l’entraînante noirceur de Killer. Bande originale d’un long cauchemar d’hiver, le disque n’a pas fini d’hanter nos nuits comme nos jours. KidB