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En salles : A la mort du Roi George V, Edouard VIII (Guy Pearce), son fils aîné, accède au trône. Sa liaison scandaleuse avec Wallis Simpson, déjà deux fois divorcée, le contraint rapidement à abdiquer car, "chez ces gens-là", on ne tolère pas le remariage. C’est donc par obligation que le cadet, le duc Albert Windsor, dit "Bertie" (Colin Firth) monte sur le trône en 1936. Cette accession au pouvoir se fera dans la douleur car la particularité de ce roi réside dans son handicap méconnu : il est bègue.
Colin Firth, sinon rien
S’il fallait une seule raison pour aller voir Le Discours d’un Roi, je vous dirais : parce que le rôle principal est tenu par Colin Firth, acteur britannique brillant et raffiné, le dandy cynique de Pride and Prejudice (Mark Darcy), le gentleman maladroit (Mark Darcy encore) du Journal de Bridget Jones, bref, l’acteur le plus british des British (avec Hugues Grant mais là c’est un autre style).
Donc, naturellement, personne d’autre que lui ne pouvait incarner le destin extraordinaire et méconnu du Roi George VI. Sa brillante interprétation lui vaut une nomination aux oscars dans la catégorie meilleur acteur. Et, franchement, il ne l’a pas volé.
Une Histoire vraie et bouleversante
Mais cela ne va peut-être pas vous convaincre, alors je vous dirais : allez-y, parce que c’est une histoire vraie et que le film décrit un destin essentiel de l’Histoire de la Royauté britannique à la veille de la seconde guerre mondiale. Il retrace avec humour et tendresse le parcours d’un homme qui accède au trône malgré ses peurs. Pas facile de déclamer un discours à la TSF lorsque l’on est terrorisé par la foule et qu’il faut s’adresser avec assurance au monde entier. Mission impossible ? Pas tout à fait pour Lionel Logue (Geoffrey Rush), un orthophoniste pas comme les autres qui saura redonner confiance au roi et l’aidera à instaurer sa crédibilité en souverain juste et humble.
Le film est l’adaptation d’une pièce de théâtre anglaise qui ne fut jamais jouée. Le journal intime de Lionel Logue retrouvé récemment pas son petit-fils Mark Logue a permis un travail approfondi au réalisateur Tom Hooper et aux comédiens. Geoffrey Rush, nominé lui aussi aux Oscars, dans la catégorie meilleur second rôle, interprète le rôle du thérapeute qui exerce ses méthodes anti-conventionnelles et "peu orthodoxes". "Chez ces gens-là", on reste simple et accueillant. Alors que Logue s’amuse avec ses fils à interpréter un roi, Georges VI travaille à devenir plus humain, moins guindé. Il vient d’un milieu régi par des conventions inaltérables. Car "chez ces gens-là", on ne fait pas état de ses émotions. "Chez ces gens-là", on est enfermé dans un carcan social et religieux qui vous empêche de vous exprimer, de crier, de blaguer, de se plaindre, de pleurer ou même d’enlacer sa propre mère. Le bégaiement peut en être la conséquence. L’enfant frustré, ne peut laisser les mots s’échapper.
Sous le regard digne et compatissant de sa femme, la Duchesse d’York (Helena Bonham Carter, nominée aux Oscars dans la catégorie meilleure second rôle féminin), Bertie, se laisse aller à une douce complicité allant même jusqu’aux larmes et nous montre que "chez ces gens-là" aussi, on a du cœur. (Et aussi que derrière le destin d’un homme se cache une femme !)
Une royauté plus proche de son peuple
Dans la lignée de The Queen, qui retraçait les choix difficiles de la reine Elisabeth II à la mort de la princesse Diana, Le Discours d'un Roi est avant tout une histoire d’amitié et de dépassement de soi. Déjà, dans The Queen, la reine laissait percevoir une personnalité chaleureuse et amicale vis-à-vis de son premier ministre, une femme dont le destin l’avait positionnée, elle aussi, à régner sur un peuple avec conformisme et discipline.
Si vous n’êtes pas adeptes de Gala ou de Point de vue et que vous n’avez que faire du destin de ces rois et reines d’un autre monde, vous ne pouvez rester insensibles au courage de ce roi et aux vertus de l’amitié qui lia les deux hommes toute leur vie.
A la veille du mariage du prince William (arrière-petit-fils de George VI) avec une roturière, il est bon de constater qu’un peu d’amour et d’amitié peuvent changer un destin et que même "chez ces gens-là", on peut aimer son peuple, tenir son rang dignement et penser que certaines valeurs royales méritent d’être démocratisées.
A voir, en VO bien sûr, dès le 2 février
Mrs Peel