Phénomène: Vampire Diaries.

"Eh les mecs, il est où Edward?"
Surfant allègrement sur la déferlante Twilight, la nouvelle série estampillée Kevin Williamson (Dawson) séduit depuis deux ans le public adolescent avec des aventures pleines de mordant.
Décidemment, les vampires ont le vent en poupe. Après la très inégale saga littéraire et cinématographique des Twilight, la télé se réapproprie un phénomène qu'elle a déjà exploité à maintes reprises par le passé. On se rappelle bien sûr la franchise des Buffy et Angel créée par ce bon Joss Whedon. Après une petite traversée dans le désert, les vampires ont opéré un véritable retour en force sur le petit écran, pour le meilleur (True Blood) ou pour le pire (Moonlight). Ce succès n'a pas échappé à la CW, petit réseau opportuniste destiné aux adolescents, qui lance Vampire Diaries à la rentrée 2009. Dès le premier épisode, la série réalise des scores d'audience très élevés, bien au-delà des habitudes du network. Fédérant en moyenne près de 4.000.000 de fans par épisode, Vampire Diaries est le premier vrai succès de theCW, dépassant de loin les valeurs sûres que représentent Gossip Girl ou OTH.
Vampire Diaries est à l'origine une série de livres du même nom écrits par L. J. Smith. Elle situe son action à Mystic Falls, petite ville très boisée perdue au fin fond de la Virginie, où se produisent des phénomènes étranges. En effet, depuis quelques années, une bête féroce tue les habitants, leur laissant dans le cou la marque saignante de deux cros. Vous l'aurez deviné, derrière cet animal sauvage se cache en fait un vampire. Et même deux pour être plus précis, deux frères à l'éternelle jeunesse qui ont intégré la commauté resserrée de Mystic Falls. Le premier, Stefan, est un "gentil" vampire coincé au stade adolescent - sans l'acnée mais avec des abdos d'acier - qui s'oppose en tous points ou presque à son vil frère, Damon, qui voue le plus clair de son temps à terroriser la ville en s'attaquant de préférence aux adolescentes blondes. Au coeur de ce conflit fraternel plus complexe qu'il n'y paraît se trouve Elena, jeune lycéenne torturée par la mort de ses parents de qui Stephan va vite tomber amoureux. Et pour cause, elle ressemble comme deux gouttes d'eau à son amour perdu, Katherine. Etant donnée son identité de vampire, il va sans dire que l'idylle entre les deux amoureux va être sévèrement compromise.
Qu'on se le dise, Vampire Diaries n'a rien d'original. Histoires rebattues, mélange des genres déjà vu, progression ultra-prévisible, la série ne s'épargne aucun lieu commun et s'en amuse d'ailleurs dès le début en citant Twilight. En dépit de cela et d'un rythme parfois languissant, la nouvelle production du pape des séries ado, Kevin Williamson, n'en est pas pour autant désagréable à suivre. Bien au contraire. Elle provoque chez le spectateur adulte une certaine nostalgie, rappelant les séries de la bien aimée WB, disparue en 2006 au profit de theCW. Même si les ficelles sont grosses, on se surprend à entrer dans l'univers crépusculaire qui nous est proposé. L'intrigue prend aussi le parti de bercer dans la psychologie sans pour autant en devenir pompeuse. Ainsi elle exploite quelques pistes intéressantes comme le rapport Abel-Caïn qui régit la relation entre les deux frères Salvatore ou bien encore la perte de la virginité, véritable rite de passage, qui hante chaque image sous couvert de la métaphore vampirienne. Car là où frappent les vampires, ces suceurs de sang sensuels et sadiques, s'exposent des adolescentes courtement vêtues qui sont prêtes à s'offrir au premier vilain garçon qu'elles rencontrent. C'est finalement ce second degré de lecture qui s'avère passionnant, d'autant que l'atmosphère globalement sombre nous invite à cela. On ne boudera donc pas notre plaisir à suivre Vampire Diaries en espérant qu'elle ne s'engage pas dans une pluie de rebondissements, comme elle tend à le faire récemment, qui lui ferait perdre de sa saveur.
Vampire Diaries - saison 1Tous les samedis à 16h10 sur TF1