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Sur un livre dont je n'ai lu que le titre

Par Fmariet

Dans les librairies, on trouve sur les tables un essai récent intitulé "L'arrogance chinoise".
Le mot surprend le chaland. Arrogance ? La couverture d'un livre est acte de marketing et de communication, packaging, et c'est de cela seulement dont il est question ici, pas du contenu de l'ouvrage. Souvent, un auteur ne choisit ni la couverture ni le titre de son livre, le soin en revenant au service marketing de l'éditeur. Aussi ce slogan, "arrogance chinoise", sonne à la une comme une exhortation hostile qui me dérange. Alors, quelle arrogance ?
Un peu d'histoire...
XIXème siècle. La Chine colonisée à laquelle les occidentaux imposent l'opium (guerres de l'Opium), la Chine rançonnée, la Chine pilléee (sac du Palais d'été), la Chine traitée à la canonière par l'armée de la République française, la Russie qui en profite pour s'emparer de territoires chinois pour y construire au Nord une ville coloniale (Vladivostock, "qui domine l'Orient") ; la Chine dépecée par les nations européennes, anglaises, allemandes, françaises, russes, chacune s'attribuant un morceau de Chine ("concessions").
XXème siècle. La Chine ruinée, occupée, mise à sac, où l'on peut afficher à l'entrée d'un jardin (Huang Pu) "interdit aux Chinois et aux chiens", la Chine martyrisée par les troupes des envahisseurs japonais (les massacres de Nanjing). La Chine humiliée : il faut attendre 1964 pour que la France du Général De Gaulle reconnaisse "la Chine de toujours", 1979 pour que les Etats-Unis fassent de même, 1997 pour que la Chine regagne sa souveraineté sur Hong Kong annexé par la Grande-Bretagne en 1842, etc.
Cessons l'énumération, on la trouvera plus complète dans les manuels de classes terminales.
La Chine libérée est redevenue un pays puissant, on dit qu'elle est "l'usine du monde", qu'elle travaille dur... Plutôt que d'arrogance, parlons de patience.
N.B. En contre-point de ce titre malheureux, qui sans doute trahit les intentions de l'auteuret le contenu du livre, mentionnons un ouvrage paru discrètement en 2003 aux éditions You Feng / Les Indes Savantes, intitulé "Victor Hugo et le sac du Palais d'été" par Nora Wang, Ye Xin et Wang Lou. Cet ouvrage, partiellement bilingue, français - chinois, prend prétexte d'une lettre du 25 novembre 1861, publiée dans la presse, où l'écrivain en exil, dénonçant le pillage du Palais d'Eté, conclut : " J'espère qu'un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée". Un beau livre manifestement qui donne à revisiter notre histoire coloniale, à lire Victor Hugo, à penser la question de la restitution des oeuvres volées lors des guerres et qui peuplent nos musées... et un livre dont les illustrations donnent à rêver.

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