Les chaussures de la discorde.

Entre ceux qui la portent aux nues, ceux qui vomissent quand on en parle ou simplement ceux qui ne savent pas quoi en penser, les bateaux déchaînent les passions depuis quelques saisons. Mais pourquoi y a-t-il tant d'avis divergents sur la question ?Ces chaussures, à la base réservée à la pratique de la voile, dans un contexte très « Charles-Édouard et Marie Chantal s'exilent à Deauville », ont pris la rue d'assaut dans les larmes et les cris, disputes et débats enflammés en toile de fond. Celles qui ont une silhouette atypique mais ultra reconnaissable sont la nouvelle pomme de discorde de l'olympe mode. Si l'on avait été Paris, celui qui avait choisi Aphrodite dans la légende de base pour s'offrir les faveurs de la belle Hélène, dans notre version mode, il n'y aurait pas eu de guerre de Troie: une paire offerte à chaque grognasse, pas de jalouse, elles seraient parties ensemble draguer les maris dans des clubs pour déesses célibataires...  soyons francs et assumons, on est pour à 1000 %. Pourtant, croyez-nous, il nous a fallu une longue thérapie existentielle pour arriver à définir les bateaux comme indispensables à notre sainte garde-robe. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'au début, elles nous rappellent des souvenirs assez traumatisants. Quand nous étions petits, dans les années 90 (pas de commentaires, svp…), les bateaux étaient l'arme indispensable à toute maman pour habiller de lumière les gamins à un mariage bon chic bon genre. Alors que nous, on préférait largement se lover dans des baskets plus cool, qui ne font pas mal aux pieds, et avouons-le, qui n'avaient pas cette image très « prout-prout ». Secundo, une certaine populace Bruxelloise voue un culte sans précédent à ladite chaussure. Un modèle souvent associé à la panoplie jogging + polo Lacoste donc pas vraiment couture. Alors oui, les bateaux ont une image pas franchement edgy dans la capitale belge, préférant s'acoquiner avec une sorte d'uniforme typique "rappeur" que les fashionistas n'envient pas du tout. Pourtant, il est indéniable qu'elles ont fait une percée incontrôlable chez les plus arty d'entre nous, surtout à l'international. C'est à New York, et surtout dans le QG underground de la Grosse Pomme, plus connu sous le nom de Brooklyn, qu'on a commencé par la mettre en porte-à-faux... Les artistes et autres intellectuels en herbe ont récupéré la chaussure (qui est très bon marché sur le sol américain) pour en faire la it-shoe du mec (surtout) et de la fille (de plus en plus) très très cool. Comme une alternative à la sneakers qu'on voit partout, déclinée sous tous les angles, chez tous les designers. Les bateaux ne se positionnent alors pas comme une sneakers, mais pas non plus comme une chaussure de ville un peu trop guindée : un mix entre les deux, là est sa force. Sans oublier son principal avantage : son confort ! La clé de la maîtrise est de s'habiller de manière élégante sans casser ce style avec des baskets qui font trop « gamin », mais sans avoir non plus les pieds qui finissent ensanglantés avec des chaussures de ville inconfortables. Dans ce cas, les bateaux interviennent comme un salut. Le Brooklynois l'utilise à la déraison pour cet aspect multifonction :  il ne lésine pas sur les codes du classe tout en cassant le côté trop bourge avec une paire de la fameuse chaussure pour un aspect plus young and cool. Et bam ! Dans toutes les soirées « branchées-cachées » du quartier le plus hip de la capitale mode américaine, les garçons et les filles arborent avec fierté les bateaux comme une alternative trendy. Les Londoniens, fatigués de la rock attitude british, suivront assez rapidement, tandis que les Berlinois, encensés comme la population la plus hot du moment, feront de même, ayant compris les multiples avantages. Les designers ne s'y trompent d'ailleurs pas : Fred Perry, Céline, Opening Ceremony, Band of outsiders, Paul Smith, tout le monde s'y est mis. Entre version retravaillée couture et édition originale, il y a le choix. Mais les puristes du genre, ceux qui sont les pères de la tendance, vous le diront, ils ne jurent que par l'officiel ! Celle qui est disponible dans des millions de coloris et tons différents mais qui reste fidèle à son design de base. On y va, on joue, on assume à fond : vive le vert pomme, le rose bébé et le jaune poussin ou le bleu pétrole, même le tricolore vert-jaune-rouge, un peu jamaïcain, est recommandé pour un décalage avec humour. C'est d'ailleurs en choisissant des couleurs un peu « trashouilles » qu'on s'accapare cet objet de façon très mode et qu'on se distingue des foules de « rappeurs-bling » ! C'est plus une tendance que les garçons ont pris d'assaut (nous avons un ami suédois barge qui en a 35 paires !), mais les filles ne sont pas en reste et avec beaucoup plus d'originalité, à la façon de Lilly Allen : certaines osent l'inimaginable comme si elles interprétaient la tendance bourgeoise à leur manière, façon second degré confort.Pour ou contre, ce n'est pas vraiment le problème, le cas est trop personnel. Il y aura toujours des détracteurs virulents et des adorateurs tout aussi violents, mais ça peut être une chouette alternative à la basket SI commune ou à la chaussure de ville qui fait « ouille ! ». Croyez-nous, on en a déjà converti plus d'un et chez nous, il y a déjà trois paires plutôt hiver qui attendent leurs copines vert pomme et jaune canari pour l'été 2011. On prend des risques, on le sent, on le sait. Il y en a qui vont hurler, mais rien à battre quand on voit les maris que ça ramène (preuve évidente ci-dessus)... À bon entendeur ! Notre coup de ♥ look!!! ou notre coup ♥ mari?... Non! LES DEUX! Les bateaux originales sont en vente chez Van Calck sports... même la session shopping se fait second degré. Qui aurait cru qu'on passerait la porte de cette boutique un jour... Bien à vous.