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Lupe Fiasco – Lasers [2011]

Publié le 11 mars 2011 par Feuavolonte @Feuavolonte

Lupe Fiasco-LasersLupe Fiasco
Lasers

Atlantic Records
États-Unis
Note : 6,5/10

par Rachel Del Fante

En marge du discours hip-hop traditionnel, le rappeur Lupe Fiasco est reconnu pour l’écriture de vers intelligents. Sur son nouvel opus, Lasers, le musicien originaire de Chicago ne perd pas le sens de la rime, mais dissout sa créativité dans une musique des plus standardisées.

L’artiste signé chez Atlantic Records s’est fait découvrir aux côtés de Kanye West dans sa participation sur la pièce Touch the Sky. Déjà, l’attention du public était rivée sur le talent du Fiasco, à la sortie du simple Push. Son premier album, Food and Liquor, sorti en 2006, lui a valu trois nominations au Grammy. En 2007, son disque concept, The Cool, a été reconnu par la critique et honoré par le public.

Atlantic Records a hésité plus d’un an avant de distribuer Lasers, le troisième disque de Lupe Fiasco, au grand mécontentement de l’artiste qui voulait offrir son produit le plus tôt possible à ses adeptes. C’est une pétition créée par des admirateurs qui a enfin poussé la compagnie de disque à annoncer une date de sortie pour l’album.

Lasers révèle des pièces se chevauchant, mais qui ne se suivent pas. Lupe Fiasco semble s’être perdu dans la jungle de l’industrie du disque, partagé entre sa créativité, les attentes de son public et les exigences du marché.

L’album commence sur un Letting go, dont le rythme, la mélodie et les effets évoquent les sonorités du dernier disque de Kanye West. Dans les premiers vers du morceau, le parolier écrit «Feels like I’m running out of soul». Il révèle sans le vouloir le discours dominant du disque.

Words I Never Said et All Black Everything sont des pièces engagées et efficaces, où l’artiste exprime sa frustration envers la société. Dans The Show Goes On, Lupe Fiasco décrit le combat artistique qu’il mène contre l’industrie de la musique. Cela sur une mélodie empruntée à la pièce Float On de Modest Mouse.

Sa musique est par moment légère et épurée comme sur Till I get there. Agréable à l’écoute, cette pièce demeure dans les normes. Certain reconnaîtrons dans ses accords, Where is the Love de Black Eyed Peas.

Les morceaux les plus faibles de l’album sont certainement I Don’t Wanna Care Right Now, State Run Radio et Breaking Chain qui sont saturés en autotune, un effet utilisé à outrance dans le hip-hop populaire. Le rappeur américain lance pourtant dans State Run Radio «Different is never good, good is only what we pick», pour se positionner contre la radio commerciale. Le conflit est notoire entre le contenu artistique du disque et les propos défendus par le rappeur.

Beautiful lasers pourrait être destinée au succès. La pièce balance parfaitement les éléments requis à cet effet : une touche d’autotune, un synthétiseur en boucle, un refrain accrocheur et un rap efficace.

Lasers est destiné à recevoir un accueil mitigé par la critique. Après deux albums comme Food and Liquor et The Cool, les attentes sont élevés envers Lupe Fiasco. Sur son troisième opus, l’auteur pèse toujours ses textes comme ses rimes de façon sincère et efficace. Cependant, si son discours lui est propre, sa musique ne l’est plus. Lasers devrait décevoir certains admirateurs et plaire aux oreilles d’un public neuf. Ils y retrouveront un T-Pain et un Usher oublié, un Kanye West chéri, un Kid Cudi apprécié, mais un Lupe Fiasco généralement effacé.


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