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[Critique] Fighter

Par Kub3

Soutenu par un casting de haut vol, ce

Initialement confiée à Darren Aronovsky (Black Swan), l’adaptation sur grand écran de l’histoire du boxeur Micky Ward est finalement passée entre les mains de David O. Russell (Les Rois du Désert). Soutenu par un casting de haut vol récompensé par deux Oscars, Fighter n’avait rien de très séduisant sur le papier et sentait clairement le déjà-vu. Et pourtant, le film s’impose déjà comme l’une des vrais réussites de cette année.

[Critique] Fighter

La boxe est le sport sans doute le plus représenté par le cinéma américain. Dès 1894, Thomas Edison testait son kinétoscope (ancêtre du cinématographe) à l’occasion d’un combat entre Michael Leonard et Jack Cushing. D’Alfred Hitchcock à Fritz Lang, de Stanley Kubrick à Martin Scorsese en passant par Clint Eastwood, les plus grands cinéastes n’ont eu de cesse de s’y atteler. Comme si la boxe était un passage cinématographique obligé, incontournable, immortalisant. Monter sur le ring devant la caméra relève d’une démarche similaire. John Wayne (L’Homme Tranquille), Kirk Douglas (Le Champion), et même Gérard Depardieu (Barocco) et Alain Delon (Rocco et ses Frères) ont incarné des boxeurs avec plus ou moins de succès. Mais quoiqu’il en soit, davantage qu’un simple sport de combat, la boxe est l’un des univers les plus cinégéniques quant à la richesse dramatique des situations et des personnages qu’elle peut mettre en scène. Les récents Ali, Million Dollar Baby, The Wrestler en sont le reflet, jusqu’à ce Fighter, auréolé le mois dernier des deux Oscars des Meilleurs Seconds Rôles.

Autant dire que le film de David O. Russell débarque en terrain plus que balisé. Et le constat s’impose d’emblée : Fighter s’inscrit dans la tradition tout en parvenant à se hisser en haut du panier. La boxe n’est évidemment pas le véritable sujet du film. Le combat pour la victoire sportive recèle celui, beaucoup plus fort, pour la reconnaissance sociale. S’il est regrettable et surtout frustrant que le scénario s’attaque à des thématiques rebattues – que l’on pense à Rocky ou Raging Bull -, le plaisir éprouvé devant Fighter est réel.

Grâce au casting, d’abord. Mark Wahlberg fait correctement le boulot dans le rôle-titre de Micky (l’acteur s’est entraîné pendant 3 ans avant le tournage), mais Christian Bale et Melissa Leo lui font paradoxalement de l’ombre, le premier en interprétant son demi-frère et ex-entraîneur fumeur de crack, la seconde en jouant sa mère avec un charisme ahurissant. Le jeu introspectif de Wahlberg à l’écran révèle cependant parfaitement ce qui, dans le scénario, exprime les rapports de domination sociale. L’esthétique réaliste, dissimulant le romanesque derrière un aspect résolument documentaire, soutient la justesse de l’interprétation tout en immergeant le spectateur dans l’action. Car c’est avant tout par et pour l’action que fonctionne Fighter, sans se soucier de longues mises en places narratives et de scènes explicatives.

En se concentrant sur une communauté et non des individualités, en faisant exister chaque personnage dans le regard d’autrui, Fighter - même s’il s’inspire d’une histoire vraie – n’est pas vraiment un biopic. Dans sa démarche, David O. Russell filme des relations sociales davantage que des personnages préalablement définis, en mettant (aussi) l’accent sur le rôle essentiel des femmes dans cette société ouvrière du quartier de Lowell, non loin de Boston. Dans son exigence de vérité à la fois complexe et sobre, non sans humour, Fighter touche alors une vérité plutôt rare et précieuse.

[Critique] Fighter

En salles le 9 mars 2011

Photo : © Metropolitan FilmExport


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