High Fidelity pourrait se classer dans plusieurs tops 5. Top 5 des films rock’n’roll, feel good movies qui fleurent bon l’esprit sixties, et donnent envie de ressortir les vieux vinyles du placard. Top 5 des films intelligents sur les mecs, offrant une étude de la gente masculine plus subtile que d’autres. Top 5 des films de Stephen Frears, qui laisse de côté rigueur et classicisme (Madame Henderson Présente, 2005, Les Liaisons Dangereuses, 1988) costumes (Chéri, 2009) et sérieux (My Beautiful Laundrette, 1985) pour plus de fun et de légèreté. Il transpose l’action du roman de Nick Hornby de Londres à Chicago, sans pour autant abandonner une touche british évidente, avec l’histoire de Rob Gordon (John Cusack, également co-scénariste et coproducteur) propriétaire d’un magasin de disques, adulescent en pleine rupture qui tente de comprendre le pourquoi du comment tout a foiré avec ses exs. L’essentiel de la réussite du film, en plus de reposer sur un casting solide (Catherine Zeta-Jones, Lili Taylor, Iben Hjejle) et des numéros comiques hilarants (Jack Black), réside dans sa peinture sans langue de bois de la lâcheté masculine, capable du pire (tromper sa copine enceinte) comme du meilleur (rester sincère). La bouille d’un Cusack, paumé mais pas méchant, sied parfaitement à l’entreprise: celle de décortiquer l’homme dans tous ses travers, à une époque où l’engagement et la fidélité volent en éclats. C’est aussi une belle manière pour Frears de se dérider un peu, sur une B.O réjouissante qui mêle le rock efficace d’un Springsteen et les ballades mielleuses d’un Stevie Wonder. Un soundtrack finalement à l’image du film, et du héros- représentant malgré lui de toute une génération de gamins trentenaires : un cœur immense derrière un apparent détachement.