Je rentre de Paris où Stéphane Derenoncourt présentait, comme chaque année, les vins de ses clients (90 maintenant) dans les salons du George V.
Conditions parfaites de service et températures (salles et vins) et le plaisir de saluer des amis, des connaissances et de nouveaux propriétaires venus d'un peu partout. On aura quelques photos demain.
Mais je me sens dans l'ardente nécessité ce soir de citer ici une lettre ouverte de Michel Bettane, que je copie depuis le blog de Nicolas Rouyn (ICI, avec sa permission) au sujet des primeurs bordelais. La préférence donnée à certains médias anglo-saxons et même français donne pour tous les autres une image de "lumpen-proletariat" du journalisme totalement inadmissible.
En fait, je trouve le ton de Michel bien trop mesuré, trop policé. Soit ce système de préférence est arrêté nettement l'an prochain, soit il faudra mener une vigoureuse campagne d'informations sur cette déchirure intolérable dans les sages principes initiaux de l'UGCB.
Et on aura compris ici que le GJE défendra le point de vue de Jancis Robinson, quand bien même nous ne nous faisons aucune illusion sur son acceptation par tant de plumes épisodiques et gentillettes, tant elles sont certaines d'être lues en majesté et respect !
Quand donc ces journaleux comprendront-ils que seules les notes Parker sont les uniques références incontournables pour les propriétés, avec quelques satellites style WS et autres Decanter ? Vous n'êtes pas convaincus ? Mais lisez donc simplement les notes citées ensuite sur les catalogues, publicités, promotions de cavistes dans les pays où ces vins se vendent !
En fait, le vrai combat qui prendra des décennies, est de rendre les dégustations primeurs aux seuls négociants qui n'auraient jamais dû accepter cette ouverture qui dépasse, de loin, les rêves les plus fous des concepteurs de ce système qui est devenu une véritable perversion et foire à neuneu.
Lettre de Michel Bettane (©) :
"« Depuis plus de vingt ans, j’ai été
fidèle et loyal, et tous mes collaborateurs avec moi, envers l’union* en
acceptant de participer à ses dégustations en primeurs au même moment
que mes autres confrères.
Depuis le début, pourtant, les crus
membres de l’Union ont accordé à certains confrères américains, puis
français, le privilège de déguster les vins à part, plus tôt, leur
permettant de livrer leurs commentaires avant les autres. Le ridicule de
la chose et le manque d’égards à l’intention de ceux qui respectent la
règle du jeu auraient du mettre fin depuis longtemps à ce privilège.
Ce
n’est toujours pas le cas et je vois même que ce privilège s’est
étendu. Cela conduit les journalistes respectant la règle à écrire leurs
commentaires de plus en plus vite pour empêcher l’écart de publication
d’être trop béant. Ce handicap s’applique aussi à Bettane &
Desseauve et je le supporte de moins en moins, pour des raisons
déontologiques évidentes et parce que nos commentaires sont de plus en
plus instrumentalisés par le négoce et les propriétés, comme l’a
récemment souligné Jancis Robinson.
Si rien n’est fait du côté des
propriétés pour mettre fin aux échantillons présentés avant la
dégustation générale et élaborés et envoyés (et donc dégustés) dans des
conditions incontrôlées par les groupements de crus, ce sera la dernière
année où nous jouerons le jeu général.
Je suis désolé d’en arriver
là, mais il est insupportable de voir James Suckling délivrer ses
commentaires deux ou trois semaines avant tous les autres et d’imaginer
mes collègues de la RVF avoir des conditions spéciales de dégustation.
Cela d’autant que de plus en plus de crus membres de l’union ne
supportent plus d’être dégustés à l’aveugle et nous forcent à des
contorsions de visites peu compatibles avec ces dégustations
collectives.
Sache que je reste très attaché à tous les crus de
l’Union, et que c’est pour eux, puisqu’ils ne le font pas eux-mêmes, que
je réagis ainsi. »
Michel Bettane"
* : Michel veut dire ici : l'Union des Grands Crus de Bordeaux (UGCB)