Mariée par correspondance – Mark Kalesniko

Monty Wheeler est un geek, un éternel adolescent. Les filles canadiennes ne le comprennent pas. Sur internet, on lui promet des femmes asiatiques dociles, compréhensives et soumises. Il s'en commande une. Elle s'appelle Kyung Seo.

Mariée par correspondance a reçu le Prix de la meilleure BD adaptable au cinéma. Si ce Prix me paraît étrange, sa pertinence est justifiée, les strips semblent s'animer tel un storyboard. L'histoire est triste et glauque mais la lecture ne l'est pas.

Fait étonnant puisque le sujet, difficile à traiter, aurait pu entrainer l'auteur dans le piège du voyeurisme et du misérabilisme. Or il n'en est rien. On arrive même à ressentir de l'empathie pour ce pauvre type qu'est Monty Wheeler et qui n'a aucune idée de ce qu'il lui arrive. Lui qui a commandé un fantasme, une fille « si asiatique », une poupée qu'il imaginait pouvoir ranger après usage.

Elle, qui ne se faisait aucune illusion, fraichement débarquée dans une nation qu'elle est prête à faire sienne. La violence et la pitié que son mari lui inspire sans qu'il s'en rende compte. L'amitié qui va lui insuffler des idées d'indépendance. La même qui lui renverra ses chaînes en pleine face. Et la fin, surprenante et résonnante.

Un dessin parfois trop léger, j'ai nettement plus apprécié les portraits et particulièrement le trait de crayon rendant hommage à Kyung. Une femme à la recherche de son identité. Une surprise. Un auteur à suivre. Une belle couverture.