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SOURCE CODE de Duncan Jones

Par Celine_diane

SOURCE CODE de Duncan Jones
Duncan Jones, papa du petit bijou Moon tient-il les promesses de son premier long ? Evitons tout suspense : non. Si le film reste bordé des mêmes motifs que ce dernier (illusion du soi, fatalité imbattable, répétition et absurdité d’un rituel), le cinéaste, lui, a cédé face au démon tentateur d’Hollywood : le blockbuster propret et sans bavure- consensuel, lisse- parfait pour plaire aux studios. Pourtant l’idée était bonne : soit cet instant de 8 minutes que doit revivre indéfiniment Colter Stevens (Jake Gyllenhaal) dans le but de découvrir qui, dans son wagon de train- a posé la bombe qui tue tous les passagers, y compris la bien-aimée (Michelle Monaghan) de l’homme dont il emprunte l’enveloppe corporelle. Il y avait matière à faire du Jour sans Fin (Ramis, 93) sous acide, à l’heure du terrorisme; teinté d’un romantisme au goût de cendre- avec cette idée de s’amouracher d’une déjà morte. Un terrain fantastique (dans les deux sens) que Jones explore d’abord à merveille, au cœur d’un espace temps qui n’a aucune réalité- osant une œuvre sur des fantômes, projections d’un esprit presque éteint dans des limbes virtuels où, déshumanisé, l’homme n’est plus qu’une ligne sur un écran.
Captivant, le systématisme dont use le cinéaste ne lasse jamais. En cela, c’est déjà un exploit. Il réinvente sans cesse ces 8 minutes, boucle d’un enfer dont on connaît l’issue, et qui ne cesse pourtant jamais de nous surprendre. L’éventement du suspense n’annihile même pas le fond- finalement très noir et désespéré : soit la lutte hallucinée d’un être pour la vie. En conjuguant l’action que quémande le peuple, et l’intelligence d’une seconde lecture : Jones avait tout bon. Puis, patatras. A l’instar du récent The Adjustment Bureau, les 10 dernières minutes- d’une bêtise sidérante- flinguent l’œuvre toute entière, réduisant à néant toute cohérence et poésie morbide. Au bonheur figé dans l’irréalité que propose l’ultime baiser des protagonistes, Jones choisit une alternative mensongère : l’espoir mielleux venu d’on ne sait où (le paradis peut-être?) pour rassurer les vivants. Une clôture ratée- aux insupportables relents cathos - qui, en occultant toute cruauté, assassine magistralement le film d’auteur qui se dessinait- en filigrane- derrière le simple divertissement.
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