Par Emmanuelle : “Pina est le premier film dont je me dis qu’il fallait inventer la 3D. Pour sentir les corps et les mouvements, les côtes et les seins tombants, les cheveux et les rides, les flancs secoués par un souffle d’absolu nécessité.
Au début Pina est un film sur l’œuvre, cette danse qui ne danse jamais sur la musique mais qui exprime tout l’intérieur, corps directement connectés à l’âme, à l’animal.
« Quel est ce désir ardent ? … tu es la plus fragile, c’est ta force … tu dois me faire peur ». Et Pina dansait les yeux fermés dans le café Müller, les bras tendus à la recherche de ce qui fait la pulsion de vie … la sève … mais quelle est cette sève qui nous fait passer de fantôme à vivant ?
Puis Pina est le manque. Au fil des portraits pudiques en voix off de ses danseurs esseulés. C’est le manque qui monte pour ces enfants désœuvrés qui ont vécu chaque jour sous son regard pendant 15 ans, pendant 22 ans … et que dire de ces deux derniers qui sont nés là, les enfants du Tanztheater.
« Elle est partie si vite, elle a tout laissé derrière elle ».
Ses enfants connaissent par cœur les bras, les côtes, le regard, le désir de Pina. Et ils lui ont composé une nouvelle petite chose, une farandole sur le printemps, l’été, l’hiver l’automne, à l‘infini.
Et Wenders a plongé au fond de d’œuvre, au fond du manque, au fond du désir, de la terre, de l’eau et de la chaire, avec humilité, avec technique, comme pour les aider un-peu à sortir de la grotte sombre et danser sur les carrefours, dans les jardins, contre un arbre … à la lumière.”