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Primeurs 2010 à Bordeaux : allons plus loin

Par Mauss

On dira ce qu'on voudra, mais devant le très large consensus que l'on constate entre tous les grands noms de la critique et les hiérarchies existantes, on a le droit de ressentir un certain malaise. Oh, oui, il ya ici ou là quelques différences de commentaires et de notes, mais ce ne sont que quelques arbres qui cachent une forêt.

Il y a certes le malaise de ce besoin croissant des grands noms de ne pas être dégustés à l'aveugle - et on connaît tous les multiples raisons données - , une obligation qui ne peut que "diriger" bien des commentaires. C'est un peu inique pour ceux qui jouent le jeu de l'aveugle, à tout le moins.

Certes aussi, comme l'a écrit ici Michel Bettane, les grands noms sont en quelque sorte condamnés à rester dans l'excellence, vu les prix demandés, et ils en ont les moyens, aucun doute là-dessus. Il suffit de constater à quel point les volumes du grand vin ne sont plus ce qu'ils étaient il n'y a que dix ans en arrière.

Il n'empêche.

Il n'empêche que ce consensus systématique associé à l'hyperbole qui est de mise depuis quelques années peut justifier qu'on se pose quelques questions sur la réelle valeur de tout ce système.

Une proposition

L'UGCB, à l'origine de ce succès incontesté, avait immédiatement accédé, il y a quelques années, à la très ferme demande publique de Michel Bettane, de permettre aux dégustateurs qui le voulaient, de pouvoir déguster les vins de cette association à l'aveugle. Même si ce système a des défauts que seuls de très grands noms sont éventuellement capables de minimiser (cad la capacité d'évolution du vin), il a des avantages que tout le monde peut comprendre.

Donc, pour ramener un peu de modestie et, j'allais dire, d'honnêteté dans ce système, pourquoi ne pas demander à l'UGCB de profiter de cette présence des journalistes "vins" du monde entier, pour organiser une dégustation spéciale reprenant une centaine de crus d'un millésime ayant entre 10 et 15 ans d'âge, afin de constater à quel point les notes mises en primeur à l'époque restent cohérentes ou non. 

Il faudrait choisir ces vins dans chacun des trois tiers : vins en haut des notes de l'époque, vins du milieu, et vins en bas. Il y aurait alors une unité de lieu, de temps et surtout, l'UGCB pourrait fournir tous ces vins certainement encore disponibles à la propriété, du moins pour la plupart.

Quand je vous dis que je suis un doux rêveur ! Ne serait-ce que le fait que bien des crus refuseraient de céder de telles bouteilles… qu'il faudra donc acquérir ici ou là. Ce n'est pas demain la veille que cela sera possible, on s'en doute et on a même le droit de s'esclaffer !

Mais bon, dans cette attente, vous pouvez déjà, sur les tableaux de Bertrand Le Guern (ICI) créer votre colonne des notes du 2011 qui sera, peu ou prou, assez similaire à celle de ces dernières années.

Il n'est pas question de cracher dans la soupe. Chacun sait à quel point Bordeaux est le moteur mondial des intérêts croissants pour le vin, et ce qui se passe à Bordeaux a une réelle influence, plus ou moins forte,  sur tous les vignobles du monde entier. Il est plutôt question de ramener la critique à un peu plus de modestie, un peu moins de louanges exagérées, à un sens plus aigu de la relativité des choses, à une plus grande indépendance vis à vis des imposants châteaux où on se redresse avant d'y entrer avec des a-priori qu'il serait bon de réduire un tantinet.

Oui, tout ce que je raconte ici peut se discuter, on peut trouver ces phrases excessives, mal venues, inutiles, vaines. Je peux le comprendre, mais quelque part, il fallait que cela soit dit.


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