Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.
Jean Daive, Onde générale, Flammarion
Sylvia Plath, Ariel, trad. de Valérie Rouzeau, Poésie/Gallimard
Gisèle Berkman, L’Effet Bartleby, Hermann
Franck André Jamme, Mantra Box, Éditions de la revue Conférence
Michaël Palmer, Première figure, José Corti
H.D., Trilogie, José Corti
Sabine Macher, résidence absolue, Isabelle Sauvage
Gérard Pfister, Le grand silence, Arfuyen
Jacques Jouet, Agatha de Mek-Ouyes, P.O.L.
Stéphanie Chaillou, La question du centre, Isabelle Sauvage
Firna Dibal, Giacometti d’ouest en est, Pleinemain éditions
Sylvie Durbec, La huppe de Virginia, éditions Jacques Brémond
Paul Badin, Loire lumière, Éditions de l’Atlantique
Perrine Le Querrec, Bec & Ongles, Les Carnets du dessert de lune
Isabelle Rousseau, Encres, précédé d’Éclosion continue de Gérard Haller
Sébastien Doubinsky, Danmark, Éditions des États Civils
Patrick Repusseau, chansons du moi et de son Même, Les Deux océans
Jean-Marie Berthier, le nouvel Athanor
Revue Phoenix, n° 2
Romain Fustier, Des fois des regrets comme, Éditions des États Civils
Pierre Selos, le Nouvel Athanor.
Notices détaillées de ces livres et revues en cliquant sur « lire la suite... »
Jean Daive
Onde générale
Flammarion, 2011
18 €
Onde générale réunit en 23 séquences l'essentiel des poèmes composés par Jean Daive au cours du nouveau siècle - si l'on excepte Une femme de quelques vies (publié en 2009) qui était un récit en vers d'un seul tenant. On retrouvera dans cet ensemble conséquent, à la narration morcelée mais d'une profonde unité, les thèmes centraux de son œuvre : l'alternance des paysages intérieurs et extérieurs, la densité « objectale » des mots, l'ombre omniprésente de l'Histoire, la figure de la femme intercédant entre le jour et la nuit. « Voyage dans les choses promises », ces suites poétiques proposent une déambulation éblouie, somnambulique et tangible à la fois. La « femme sur les toits » s'y confronte aux « enfants afficheurs » et aux « pavés inégaux ». Par-delà ces « observations » attentives - et parfois sidérées - c'est à une exploration de la trame du langage qu'on assiste, remontant des troubles fondateurs de l'enfance jusqu'à la clarté que savent imposer, reconstruites en strophes sur la page, les images désassemblées. Un volume qui marque une étape importante, dans le parcours d'un grand poète d'aujourd'hui.
Sylvia Plath
Ariel
Présentation et traduction de Valérie Rouzeau
Poésie / Gallimard
5 €
Parution en proche de la traduction de ce poème phare de Sylvia Plath par Valérie Rouzeau – lire la note de Jean-Luc Despax, dans Poezibao, lors de la parution du livre dans la collection Blanche
Gisèle Berkman
L’effet Bartleby
Philosophes lecteurs
coll. Fictions pensantes
Hermann, 2011
160 p. – 22 €
Pourquoi la nouvelle d’Herman Melville, Bartleby, the scrivener (Bartleby le scribe), a-t-elle suscité autant de commentaires et de réécritures chez divers penseurs, écrivains et plasticiens ? À quoi tient la fascination qu’elle exerce ? Par quelle magie parle-t-elle à nos contemporains une langue d’une troublante inactualité, comme si la résistance passive du scribe, trop souvent réduite à la fameuse formule ‘‘I would prefer not to’’, devenait une sorte de viatique en nos « temps de détresse » ?
Dans L’Effet Bartleby, Gisèle Berkman interroge les commentaires philosophiques qui, de Blanchot à Deleuze, en passant par Derrida, Agamben et Badiou, ont contribué à donner un statut particulier à ce texte. Ce faisant, elle cartographie cette modernité, indissociablement littéraire et philosophique, qui se situe peut-être déjà derrière nous. L’effet Bartleby désigne ici l’effet singulier que la littérature produit sur la philosophie, en une scène de charme et de sidération mêlés dont la nouvelle de Melville est un peu la pierre de touche.
Gisèle Berkman est l’une des vice-présidentes du Collège international de philosophie et directrice du programme « La pensée à l’œuvre : écritures de la pensée, des Lumières à l’extrême contemporain ». Elle est membre du comité de rédaction de la revue Po&sie dirigée par Michel Deguy. Dix-huitiémiste de formation, elle travaille essentiellement sur l’articulation entre littérature et philosophie.
Franck André Jamme
Mantra Box
Éditions de la revue Conférence
20 €
« Il disait qu’il commençait vaguement
à saisir la langue crépusculaire :
L’allusive,
l’implicite,
celle qui n’aimait que l’écho,
l’ombre,
les pistes
qui ne chantait
que les trajets errants
de tous les vocables possibles,
de tous les sens possibles »
(Quatrième de couverture)
Michaël Palmer
Première figure
Traduit de l’anglais par Virginie Poitrasson et Eric Suchère
coll. Série américaine, José Corti, 2011
15 €
Le poète Michael Palmer est né à New York en 1943. Il vit actuellement à San Francisco.
Il est l’auteur d’une vingtaine de livres dont une quinzaine de poésie. Il a reçu le prix Wallace Stevens en 2006, une des plus importantes récompenses, pour la totalité d’une œuvre. Son influence est très grande aux États-Unis. En France, plusieurs de ses livres ont été traduits dont Sun (aux éditions P.O.L.) et Notes for Echo Lake (aux éditions Spectres Familiers). On pourrait dire que son œuvre explore la nature des relations entre le langage et la perception. Sa poésie, bien que semblant abstraite – puisque partant du langage – est en fait profondément lyrique. Première figure date de 1984 et fait partie d’une trilogie qui comprend justement Notes pour Écho Lake (1981) et Sun (1988). Cette trilogie peut être considérée comme le chef d’œuvre de Palmer et la traduction du volet central manquait donc au lecteur français.
Michaël Palmer est l’un de nos plus grands poètes au summum de sa puissance. Il parvient à rassembler et à unifier des tendances qui ont divisé les poètes en factions rivales… Dans ces poèmes, il semble qu’on soit emporté aussi aisément que dans un rêve. (Rosemarie Waldrop, New York Times book Review.)
(Site de l’éditeur)
H.D.
Trilogie
Traduit par Bernard Hoepffner
coll. Série américaine, José Corti, 2011
17 €
H. D. (Hilda Doolittle, 1886-1961), poète américaine, est une pointe du triangle dont les deux autres seraient Ezra Pound et William Carlos Williams. C’est au bas d’un de ses poèmes, « Hermes of the Ways » qu’en septembre 1912 Ezra Pound inscrivit “H.D. Imagist”; première mention de l’imagisme et de ces initiales qui désormais remplaceront son nom.
Malheureusement trop longtemps considérée comme une émule fidèle de l’imagisme et membre de l’écurie d’Ezra Pound, ce n’est que depuis peu (en partie du fait de l’essor du féminisme) que sa poésie, et surtout ces derniers livres, War Trilogy (1973), Helen in Egypt (1961) etHermetic Definition (1972) sont apparus comme l’œuvre d’une poète majeure en quête d’un « gnosticisme » moderne et explorant la psyché, l’histoire, les mythes et les traditions de l’humanité.
Trois recueils de poésie ont été publiés en France : Hélène en Égypte et Le Jardin près de la mer aux éditions de la Différence, dans la traduction de Jean-Paul Auxeméry, et Hermetic Definition aux éditions Tarabuste, traduit par Marie-Françoise Mathieu.
La Trilogie, terminée en 1944, représente le sommet de l’art poétique de H.D., après un peu plus d’une demi-douzaine de recueils et de romans publiés entre 1916 et 1940, elle rédige ce long poème en trois parties où, sortant de la veine imagiste de ses débuts, elle compose une épopée sur le bombardement de Londres qu’elle lie avec les mythes égyptiens, grecs et chrétiens, créant de la sorte une immense fresque sur le rôle de la poésie dans un monde en guerre. (site de l’éditeur)
Sabine Macher
résidence absolue
Éditions Isabelle Sauvage, 2011
13 €
sur ce livre, lire la note de lecture de Jean-Pascal Dubost dans Poezibao.
Gérard Pfister
Le grand silence
oratorio
Arfuyen, 2011
13 €
À la trilogie en prose Lumière secrète (Lettres Vives 1995), Naissance de l'invisible (Arfuyen, 1997) et Blasons du corps limpide de l'instant (Arfuyen, 1999), avait succédé une trilogie de poésie : Le tout proche(Lettres Vives, 2002), La transparence (Arfuyen, 2005), Le pays derrière les yeux (Arfuyen, 2009). Marie-Claire Bancquart présentait en ces termes ce dernier recueil : « Dans son très beau Pays derrière les yeux, son hymne à la nuit frappe par son originalité. “Autre chose” assurément que la poésie purement personnelle ou que la poésie cantonnée au monde matériel, la sienne aborde de grandes questions qui intéressent toutes les sensibilités contemporaines : présence du corps et de la mort, valeurs antithétiques qui habitent le silence, le jour et la nuit, mystère du cosmos qui nous enveloppe. Et elle les aborde dans une langue à la fois subtile, ralentie par les coupes, et pleine d'énergie, qui relie à merveille les différents moments de la méditation. »
Le grand silence inaugure une nouvelle trilogie. Si la forme était encore fragmentaire dans les textes de la trilogie précédente, elle se déploie à présent en une composition unique en neuf mouvements (ou arias), où les thèmes, les images et les couleurs s’organisent en une seule ligne tenue du début à la fin, sur le modèle de l’écriture musicale. L’oralité prend dans cette forme une place essentielle, d’où aussi le sous-titre d’oratorio, impliquant un rapport étroit du texte avec une mise en voix et en espace.
Site de l’éditeur
Jacques Jouet
Agatha de Mek-Ouyes
La vengeance d’Agatha, Les mariages d’Agath-Ouyes, Agatha de Paris
Roman-feuilleton
P.O.L.
30 €
On ne sait jamais où est Mek-Ouyes. Mek-ouyes est une savonnette qu'aurait avalée une anguille. On ne sait jamais par où prendre Mek-Ouyes. Mek-Ouyes est insaisissable. D’aucuns le disent ingérable.
Qui est Mek-Ouyes ? Mek-Ouyes avait été le fondateur-président-citoyen unique de la République de Mek-Ouyes. Mek-Ouyes avait été élu président du Monde-Mondes. Il est officiellement toujours en poste. Mek-Ouyes avait aimé Agatha de Win'theuil.
Or, Agatha de Win'theuil en a par-dessus la tête que Mek-Ouyes lui échappe perpétuellement. Aussi décide-t-elle de se venger. Et sa vengeance, oh alors, sa vengeance est tellement vindicative qu'elle va même lui péter dans les doigts ! À la suite de manipulations génétiques particulièrement sauvages, Mek-Ouyes récupère pour lui tout seul toute la libido du monde, le reste du monde s'en trouvant simultanément dépourvu.
De cette vengeance, nos héros sortiront-ils indemnes ?
Plus tard, Agatha de Win'theuil cherche à se marier, et pas qu'une seule fois ! Elle est véritablement l'icône de la polygamie heureuse. Est-ce une pulsion envisageable dans le Monde-Mondes ?
Plus tard, Agatha de Win'theuil visite Paris où elle retrouve un Mek-Ouyes en mission secrète. (site de l’éditeur)
Stéphanie Chaillou
La question du centre
Editions Isabelle Sauvage, 2011
14 €
Des kilojoules sont transportés par des câbles en acier
Un cochon de lait tourne autour d’une broche électrique
Un aimant retient une liste de courses sur un frigo
Des herbes subissent le passage d’une paire de tennis
Les choses ne se posent pas la question du centre
Elles se tiennent là où elles sont
(Quatrième de couverture)
Firna Dibal
Giacometti d’ouest en est
Frontispice et 14 encres de Bernard Jeufroy
Pleinemain éditions
15 €
Ce récit d’une traversée à pied des Alpes italiennes, du Tessin et des Grisons suisses jusqu’au village natal de Giacometti est l’occasion d’une balade méditative, à partir d’une œuvre exemplaire, sur la nature de l’engagement créatif.
Lire la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur
Sylvie Durbec
La huppe de Virginia
précédé de La voix des hommes, la voix des femmes
suivies de Voix suisses
Encres de Claire Cuénot
Éditions Jacques Brémond
15 €
La voix écrite
Ce serait comme lire
ou boire du thé
si on l’aimait
et voir les feuilles
doucement se déplier
et lire et boire
seraient
l’unique façon de voir écrit
le mot rêveuses
pour dire l’état des feuilles
dans la théière
et dasn le carnet
ouvert sur le pré
(p. 17)
Paul Badin
Loire Lumière
Collection de l’Atlantique
18 €
« Sans répit remettre
l’ouvrage sur le métier
Monet sa cathédrale
Cézanne sa montagne
Olivier Debré sa Loire
les mots
ni les coups de pinceau
ne sont souverains
passerus seulement
entre l’absolue lumière
et les cœurs
qu’elle hante »
(p. 25)
Perrine Le Quintrec
Bec & Ongles
(pamphlet)
Éditions les Carnets du dessert de lune
11 €
Perrine Le Quintrec est née à Paris en 1968. Spécialiste de l’art contemporain elle collabore en écriture et en aventure avec de nombreux artistes.
Isabelle Rousseau
Encres
précédé d’Éclosion continue de Gérard Haller
Isabelle rousseau a réalisé ce carnet de dessins à Flers, en mai 2010, dans le cadre de la résidence « Ré-actif » à la Galerie 2 Angles, Centre de création contemporaine et Relai culturel régional en Basse Normandie.
Sébastien Doubinsky
Danmark
Éditions des États Civils
12,50 €
Une ruine paisible
entourée par la mer
On dit que le roi Wasa
y a été emprisonné
dix longues années
Aujourd’hui les mouettes
se rient de l’Histoire
Nous parcourons
la longue jetée les pieds bousculés par les pierres inégales
Les adultes marchent
lentement et portent
les sacs remplis
de nourriture pour
le pique-nique
Les enfants
courent devant
et rêvent à de
spectaculaires
carnages
(site de l’éditeur)
Patrick Repusseau
chansons du moi et de son Même
Les Deux océans
en nous immergeant au cœur du paradoxe de l’être, l’auteur nous invite à découvrir ce que, à notre insu, nous vivons tous déjà au quotidien et que nous pouvons reconnaître en prêtant l’oreille aux chansons du moi et de son Même. (Quatrième de couverture)
Jean-Marie Berthier
collection Poètes trop effacés
le nouvel Athanor
15 €
« Nous fûmes un temps
le grand moulin des étoiles
et nos
dans la farine de la lumière
faisaient lever l’amour
au four des certitudes ».
(p. 95)
Revue Phoenix
n° 2
Au sommaire de ce numéro, un important dossier Henry Bauchau avec des contributions notamment de Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert. Textes de Gaspard Hons, Daniel Leuwers, Jacques Munier et de Kiki Dimoula.
Romain Fustier
Des fois des regrets comme
Éditions des États Civils
la pluie d’aujourd’hui
elle est du polycarbonate clair
qui scintille à la fenêtre
sous la lumière s’égouttant
une cuillère dans le thé
de miel de fleurs sauvages
qui nage dans une blondeur
rappelant celle sur la serre
des petites taches de soleil
qu’octobre à faible dose
prescrit en averses & giboulées
lueurs irisées telle une flaque
de fuel en flottants reflets
au-dessus d’un toit
(site de l’éditeur)
Pierre Selos
Collection Poètes trop effacés
le Nouvel Athanor
15 €
La mer s’est retirée et sur l’ancien rivage
Un coquillage mort espère encore les flots ;
Une fleur d’occident joue avec les nuages
Et le regard hésite entre la pierre et l’eau.
(p. 39)