Magazine Cinéma
Actuellement en tournée jusqu’à la fin de l’année
A l’Olympia le 8 juin et le 15 février 2012
Photo : Rudy Waks
Touchez pas au Grizzly
Sous-titré « Ça c’est vraiment moi », Grizzly, le nouvel album de Louis Bertignac sonne comme une véritable libération. C’est une œuvre sans concession dans laquelle il avoue être enfin lui-même. Du pur rock’n’roll avec une avalanche de riffs dont il ne se serait jamais cru capable, la quintessence d’une musique qu’il portait enfouie en lui depuis des années et dont le Grizzly fait aujourd’hui son miel… Il a suffisamment hiberné, il sort enfin de sa tanière. Mais attention, il est en colère, il grogne et il sort des (g)riff(es). Bertignac a la niaque… Vraiment, iI y a du riff hi-fi chez cet homme !
Pourquoi ce titre, Grizzly ?
Psychologiquement, je suis un peu « ours » depuis toujours. Et en ce moment, plus que jamais. Depuis un an ou deux, j’ai les griffes qui ont poussé pour diverses raisons. J’ai toujours considéré que, musicalement, j’étais un méchant. J’aime bien les notes qui cognent, qui font mal. Quand je me compare à d’autres musiciens, je suis un des plus hargneux. Alors que dans la vie, je suis quelqu’un de gentil, je suis même trop doux.
Bien que vous n’en soyez pas l’auteur, les thèmes de chansons vous collent parfaitement à la peau…
C’est l’œuvre de Boris Bergman. Il a su traduire en mots la colère qui m’habitait. Ça me fait du bien de jouer au grizzly. On ne se connaissait pas Boris et moi, mais lui, il m’avait décelé. C’est une grosse, grosse rencontre. Il nous a suffi de deux bouffes ensemble et d’une après-midi à la maison pour nous trouver. Je lui ai raconté deux-trois trucs et il a fait sa pelote. C’est un mec comme j’aime. C’est un gamin. On peut considérer que je n’ai guère plus de 14 ans dans la tête, mais lui il en a 10 ! Il adore les challenges. Il est toujours dispo quelle que soit l’heure… Le seul thème de chanson que je lui ai vraiment demandé, c’est celui de Les filles comme toi, une chanson dans laquelle on serait moins miso.
On a l’impression que Grizzly est votre premier vrai album rock…
Je fais enfin non seulement ce que j’aime, mais ce qui me ressemble. C’est du rock sans concessions mélodiques, du rock à base de blues. C’est pourquoi cet album est sous-titré « Ça c’est vraiment moi ». Il est le plus proche de moi. Il m’a fallu énormément de temps pour me trouver. Il a fallu qu’un mec, Martin Meissonnier, me mette sur la bonne voie. Ce qu’il attendait de moi, c’était « des riffs de guitare à n’en plus pouvoir, des solos qui durent ». Ça a été le déclic. C’était enfoui en moi. C’était comme une pièce scellée dont je trouvais enfin la clé. Tout était derrière la porte, je n’ai même pas eu besoin de chercher… Il m’a fallu vingt ans pour en arriver là mais, en revanche, mais dès que j’ai ouvert les vannes, il m’a fallu très peu de temps pour le composer et l’enregistrer… Maintenant, je suis très optimiste pour la suite. En amour, je chercherai toujours, mais en musique j’ai trouvé !
Dans la plupart de vos textes, vous apparaissez comme un loser…
C’est de la lucidité ! Moi je me suis toujours trouvé moche. Et puis il y a eu des filles qui m’ont dit que j’étais beau et que je ne m’en rendais pas compte. Je sais aussi que je suis un peu con. Ça me fait souvent gâcher les histoires d’amour. Je ne veux surtout pas changer. Je suis un crabe : il est inutile d’essayer de me faire marcher droit. En même temps, je suis quelqu’un d’assez sensible et fragile. Je pleure facilement quand un film est touchant. Ça doit venir du foie…
Info
Téléphone :
La ligne est coupée
On ne peut pas se trouver devant Louis Bertignac sans évoquer LA sempiternelle rumeur qui resurgit régulièrement à propos de la reformation de Téléphone. Quand on lui pose la question, la moue, franchement sceptique est éloquente. Je pense qu’il ne faut guère se faire d’illusions de revoir un jour sur scène Corinne, Jean-Louis, Richard et Louis. Trop de temps s’est écoulé, trop de choses ont été dites ou écrites. Il n’y aura pas de double appel.