Un important événement éditorial s’annonce : la
publication par les Éditions des Syrtes de l’intégrale des Carnets de Marina Tsvetaeva, travail de grande envergure qui a
requis les efforts passionnés de pas moins de trois personnes, Luba Jurgenson,
responsable de la publication, Nadine Dubourvieux et Eveline Amoursky,
traductrices.
A cette occasion, Poezibao présente
un dossier « spécial Carnets de
Marina Tsvetaeva ».
Il comportera :
•une présentation des Carnets et de
leur édition en français (ci-dessous)
•une interview des traductrices
•une note de lecture.
L’ensemble sera illustré de plusieurs reproductions des carnets, couvertures, ou
pages du carnet et de photos.
Attention : sortie du livre début
mars
L’unique lieu qui est le sien, le texte[1]
Une présentation de l’édition des Carnets de Marina Tsvetaeva
Petit à petit l’œuvre de Marina Tsvetaeva est publiée en France,
permettant aux lecteurs de mieux comprendre son importance et son ampleur. Il
faut signaler ici tout particulièrement les efforts de deux maisons d’édition,
Clémence Hiver et Les Éditions des Syrtes[2].
Ces dernières frappent un très grand coup en mettant à la disposition de tous Les Carnets de Marina, en un très fort
volume de près de 900 pages qui est aussi un modèle d’édition (je vais y
revenir en détail). Pour un état des publications, en français, je renvoie à la
bio-bibliographie de Marina Tsvetaeva qui est disponible
sur le site et que je viens de mettre à jour.
15 carnets
C’est à Ariadna Efron[3]
que l’on doit le sauvetage des archives de sa mère. De 1955 à sa mort en 1975,
elle s’est consacrée à la tâche de rassembler l’héritage manuscrit, lequel sera
déposé aux Archives d’État de littérature et d’art de Moscou et restera, selon
la volonté d’Ariadna, incommunicable jusqu’en 2000.
A partir de cette date, archives ouvertes donc et publication par Elena Korkina
et M. Kroutikova des cahiers de
création, correspondances, journaux et carnets de notes. La transcription des Carnets donne lieu à l’édition en russe
de deux volumes sous le titre Neizdannoe.
Zapisnye knijki v dvoukh tomakh. Tom pervyï, 1913-1919. Tom vtoroï, 1919-1939.
Ce sont ces deux volumes qui sont aujourd’hui traduits et présentés en France par
les Éditions des Syrtes. Publiés sous la direction de Luba Jurgenson, traduits
du russe et annotés par Eveline Amoursky et Nadine Dubourvieux, avec un
avant-propos de Luba Jurgenson, une préface de Caroline Béranger et une
postface de Véronique Lossky.
Au nombre de 15, les Carnets couvrent
la période 1913 à 1939 (Marina est née en 1892 et s’est pendue en 1941). Ils
retracent en filigrane la genèse de l’œuvre littéraire et constituent souvent
le matériau dont Marina se sert pour écrire.
Le livre
Ce qu’il importe sans doute de souligner tout particulièrement, c’est le
parti éditorial adopté par l’équipe conduite par Luba Jurgenson. Car si l’on
dispose bien ici de la traduction intégrale des Carnets de Marina, le texte en est accompagné d’un superbe ensemble
de photos, de reproductions de pages de carnets, de documents de toutes sortes,
grâce notamment à une belle collaboration avec les Archives russes de
littérature et d’art. De plus les réalisatrices de ce très beau livre ont eu le
souci d’éclairer tout le contexte de ces notes et notations de M. Tsvetaeva,
dont elles démontrent à quel point il est essentiel dans la compréhension non
seulement des Carnets mais de la personnalité même de Marina et de son évolution
(voir leur interview, à paraître sous peu sur le site). Cela se traduit par des
notes de bas de pages, mais aussi par de substantiels encadrés sur tel ou tel
aspect de la vie ou des usages en Russie (où la plupart des Carnets ont été
rédigés). Sont présentés aussi les principaux et très nombreux personnages évoqués dans ces
pages. En fin de livre, trois annexes importantes, une chronologie détaillée,
totalement inédite en français, de la vie de Marina, une chronologie historique
de l’époque et un index des personnages cités qui ne font pas l’objet d’une
note plus détaillée dans le fil des pages.
A suivre par l’interview des traductrices et la note de lecture du livre
[1] Luba Jurgenson, in Marina Tsvetaeva, Les Carnets, Éditions des Syrtes, parution mars 2008
[2] Les Éditions des Syrtes ont déjà publié, Lettres à Anna, traduction Eveline Amoursky, Lettres du Grenier de Vilno, traduction Eveline Amoursky, Cet été-là, correspondance Marian Tsvetaeva/Nicolas Gronski, traduction Chantal Houlon Crespel et Marina Tsvetaeva/Boris Pasternak, Correspondance, traduction Eveline Amoursky et Luba Jurgenson.
[3] Les Éditions des Syrtes publient en même temps que les Carnets, un livre d’Ariadna Efron, Marina Tsvetaeva, ma mère. Ariadna Efron (1912-1975) est la fille aînée de Marina, qui aura deux autres enfants, Irina, morte en bas âge (1917-1920) et Murr, né en février 1925 et mort en 1944.