Magazine Culture

L' affaire DSK, la "gauche" et le P "S"...

Par Alaindependant

Voilà bientôt une semaine qu'a commencé l'affaire Strauss-Kahn, voilà bientôt une semaine qu'on nous rebat les oreilles avec la présomption d'innocence (comme jamais on n'a entendu), voilà bientôt une semaine qu'on ne parle que très peu de la victime présumée (sauf au NPA, au PCF, au PG et chez EELV, il faut le relever) et voilà bientôt une semaine que Dominique Strauss-Kahn est soutenu ad nauseam par sa coterie, la palme revenant entre autres à Cambadélis - qui a gardé de l'OCI la vision policière de l'histoire, hélas... et qui est à cette affaire ce que Bigard est au 11 septembre -, à Jean-Marie Le Guen (pour les strausskahniens) et à l'ignoble Jack Lang qui s'est fendu d'un classieux «Boh, y a pas mort d'homme !» (aurait-il fallu que DSK tue la femme de chambre pour que notre mitterrando-sarkozyste s'émeuve ?).

A coté des hiérarques prétendus socialistes, il y a eu BHL qui, au fond, distingue les violeurs selon qu'ils sont puissants ou misérables, montrant une fois de plus sa totale absence de principes. BHL s'émeut avec les larbins sarkozystes de Ni Putes Ni Soumises des tournantes dans les banlieues ou du sort des femmes afghanes mais quand il s'agit d'un de ses amis politiques internes à l'oligarchie, le filousophe monte sur ses grands chevaux. "Mais non, c'est impossible, mon ami ne peut être un violeur ; du reste, s'il l'était, il ne serait pas mon ami !", dit-il en substance ici et .

A quoi lui sert-il de lire Sartre et de disserter sur l'oeuvre du grand philosophe existentialiste si c'est pour penser qu'au fond, il y a ceux qui sont programmés pour être voyous et/ou criminels - les jeunes des cités, les immigrés, les propalestiniens, les musulmans pieux,... - et ceux qui ne peuvent absolument pas en être, à savoir le gratin capitalo-parlementaire. L'essence précèderait-elle donc l'existence ?

Il y a eu Jean-François Kahn, classieux. Celui-ci, après avoir relayé à longueur de colonnes dans Marianne - poubelle républicaine, comme dit Alain Badiou, dont Kahn fut le fondateur - sa haine du peuple prolétaire surtout s'il vient du Tiers-monde, est venu sur France Culture dire son mépris de classe et montrer, une fois de plus, sa considération toute républicaine pour le prolétariat mondial ici et ailleurs. Qu'il fut chevènementiste ici et qu'il ait un rire gras à propos du "troussage de domestique" là-bas est d'une profonde logique. Nos impurs, pour répondre au blogueur Gavanon, puent - décidément.

A côté de cela, donc, à côté de ces réflexes de caste blessée, pas un mot pour la victime présumée. Nos soit-disant socialistes pleurent devant la déchéance médiatique made in USA de leur ex-futur champion mais parlent bien peu de la prolétaire black du Bronx qui peine à joindre les deux bouts et qui, selon toute vraisemblance, fait preuve face à la dureté de l'existence de bien plus de courage que tous nos petits marquis capitalo-parlementaires de la gauche oligarchique.

Certains en ont, il est vrai, un peu parlé mais ils sont peu et, puisque ils sont censés être de gauche, ont fait le minimum. Plus réellement, au nom de la présomption d'innocence de DSK (un grand bourgeois aux grandes manières ne peut en aucun cas violer une boniche... D'ailleurs, laissaient entendre certains, elle est moche...), la femme de chambre a été de fait assimilée à une affabulatrice, une menteuse ou, au mieux, une crétine (c'est une prolétaire, voyons, pas un puissant de ce monde !) puisque si complot il y a - ainsi que le pensent Cambadélis et Le Guen, par ex. -, la domestique est nécessairement une crapule ou une idiote que d'autres puissants de ce monde - Poutine, selon Bartolone, c'est bien cela ? - peuvent manipuler à leur guise.

Tout cela, donc, me laisse un sentiment de dégoût et cela est indépendant du fait que DSK puisse être innocent (en l'espèce et pour l'instant, chacun peut en juger en son for intérieur mais les éléments à charge s'accumulent).

Au passage, les amis de DSK et l'ex directeur du FMI lui-même, devraient se rappeler de la rapidité avec laquelle ils avaient condamné les auteurs du crime antisémite mais fictif du RER B. Pas de présomption d'innocence, là. La caste oligarchique était alors triomphante et Strauss-Kahn lui-même déclara que si cette histoire de RER était inventée, il y en avait plein d'autres de ce style qui justifiaient l'émotion d'alors.

Un coup, donc, l'absence de présomption d'innocence, un autre, l'absence de présomption de victime. Un coup, mais non c'est pas possible, nous sommes galants, nous, distingués, éduqués et le viol chez nous est impossible (au pire, c'est juste du troussage...), un autre, la condamnation des banlieues soi-disant peuplées de voyous et de racailles qui maltraitent les femmes et de louches musulmans sur lesquels il faudrait envoyer les flics... Et maintenant, l'atténuation d'un crime et de la compassion dégoulinante pour un homme quand même accusé de faits graves !

Il est grand temps de dénoncer la gauche de caste et de mépris de classe ! Ecrasons l'Infâme !

 
affaire DSK,
Yvan NajielsInscrit(e) depuis Mar. 2008">Yvan Najiels

Retour à La Une de Logo Paperblog