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Martha Marcy May Marlene : Cannes à Paris, c'est parti !

Par Tred @limpossibleblog
Martha Marcy May Marlene : Cannes à Paris, c'est parti !A l’heure où le plus grand festival de cinéma au monde vient de tirer sa révérence, les films qui ont fait son actualité pendant douze jours débarquent sur Paris. Pas ceux qui se disputaient la Palme d’Or – même si celui qui l’a emportée est déjà à l’affiche – mais ceux qui dans l’ombre des plus médiatisés ont également fait le quotidien des festivaliers, et le bonheur de nombreux cinéphiles. Les sélections parallèles sont reprises dès cette semaine dans trois lieux de la capitale : Un Certain Regard au Reflet Médicis, La Quinzaine des Réalisateurs au Forum des Images, et dans quelques jours La Semaine de La Critique à la Cinémathèque Française.
L’an dernier, c’est par ce biais qua j’avais découvert, dans la roue de la Croisette, Ha Ha Ha, The Silent House, Simon Werner a Disparu, Bedevilled (sortie en France directement en DVD sous le titre Blood Island), et l’inédit Two Gates of Sleep. Si l’an passé les films de la Quinzaine des Réalisateurs étaient très alléchants, Un Certain Regard et La Semaine de la Critique prennent le dessus en 2011. Malheureusement, l’agenda très serré, le temps d’un week-end seulement, de la reprise de la Semaine de la Critique va m’empêcher d’y assister alors que le Grand Prix de cette section, Take Shelter, est un des films que j’attends le plus cette année.
Martha Marcy May Marlene : Cannes à Paris, c'est parti !Tant pis, j’ai déjà de quoi voir des films excitants entre les deux autres sections. Et je me suis déjà mis à l’œuvre en allant voir aujourd’hui Martha Marcy May Marlene au Reflet Médicis. Remarqué au Festival de Sundance l’hiver dernier, le premier long-métrage de Sean Durkin sera certainement l’un des films indépendants américains les plus remarqués de l’année. Sa protagoniste, Martha, est une jeune femme ayant fuit la secte dans laquelle elle avait élu domicile depuis deux ans. A bout, sans repères, perdue, elle est recueillie par sa sœur. A cette dernière, Martha ne parvient à avouer où elle a passé les derniers mois au cours desquelles elle n’a donné aucun signe de vie. Tandis qu’elle redécouvre la vie extérieure auprès de sa sœur et son beau-frère, qui ne savent pas par quel bout la prendre, Martha est hantée par les souvenirs de sa vie au sein de la secte.
Sean Durkin choisit donc une structure narrative troublante, entrecoupant passé et présent avec une fluidité qui confine parfois à l’exercice de style. Mais ce travail formel n’est là que pour souligner une atmosphère étrangement angoissante, prenant le récit - et du même coup le spectateur - à la gorge. Posé entre la campagne new-yorkaise (la secte est située dans une ferme de l’État) et une villa en bord de lac du Connecticut, la caméra de Durkin, rarement à l’arrêt, cherchant toujours le mouvement, glisse avec un soin faisant rapidement naître la tension. C’est son cadre, cette terre, cette forêt, ce lac, qui inscrivent un climat naturaliste accentuant les sensations. C’est le regard d’Elizabeth Olsen, une jeune comédienne à la fois fragile, belle et inquiétante. C’est la confrontation entre ces deux mondes, celui tellement matériel de la sœur et de son époux dans leur grande villa face à celui épuré et anachronique de la ferme sectaire.
Martha Marcy May Marlene : Cannes à Paris, c'est parti !Ce qu’il y a d’intéressant dans le regard de Durkin, c’est qu’il rend froid les deux mondes qui sont censés être opposés. Si son regard sur l’embrigadement et la vie sèche et violente au sein de la secte accouchent d’une jeune femme perturbée et déconnectée de la réalité, on la voit être recueillie dans une famille froide malgré elle, dans laquelle Martha ne parvient pas à trouver des repères censés la ramener vers la lumière. Martha Marcy May Marlene s’inscrit dans une mouvance de cinéma indépendant américain fuyant la complaisance vis-à-vis du portrait de l’Amérique à dépeindre, une Amérique grise au mieux, anxiogène, à mille lieux du clinquant des villes, dans cette campagne floutant la temporalité, où la seule vérité est l’incertitude. On sent le film proche de Two Gates of Sleep, déjà à Cannes l’année dernière, ou plus récemment de Winter’s Bone, deux films dans lequel on trouvait, hasard ou pas, Brady Corbet dans le premier et John Hawkes dans le second, les deux figures masculines marquantes de Martha Marcy May Marlene. Le film n’a pas volé le Prix Regard Jeune à Cannes.

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