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la plume

Publié le 10 décembre 2007 par Modotcom
L'écriture a deux fonctions que je connaisse : 1) la communication; 2) l'expression. On comble ces fonctions avec le ciseau, la plume et maintenant le clavier, de toutes les manières possible et impossible, de gauche à droite horizontalement, de haut en bas, de droite à gauche verticalement, avec la main gauche, la main droite, les dix doigts de la main ou les orteils pour les manchots. L'écriture s'est transmise au fil des ans d'est en ouest puis fuck le nord et le sud, il y avait trop de roches sur le chemin.
On écrit différemment selon que l'on utilise la mine, la bille, l'encre, le feutre ou la dactylo - encore plus le Lettraset. On n'utilise pas les mêmes mots selon la police de caractères.
Contrairement à la diffusion des informations (les Européens conquérant les tribus indigènes et renseignant par écrit leurs armées sur nombre, armement, équipage animal, organisation sociale des peuples à assaillir), mes billets libres n'ont pour objet que l'expression. Celle de mes idées, puis des fois, celle de mes idées que je désire partager. Alors que je veux partager, mon billet devient petit à petit un outil de communication et dès lors que je veux communiquer, la complexité se rajoute à la simple liberté. La difficulté de bien écrire... avec un sujet, un verbe et un complément; le tout bien conjugué et accordé. On s'accorde d'ailleurs sur le fait qu'il est rare de lire régulièrement du bon French au Québec; comme on l'a vu récemment, le taux de francophonie baisse dans la Métropole (très mal présenté ce sondage d'ailleurs - voir le juste commentaire de Rima Elkouri dans La Presse de mercredi le 5 décembre). Mais bon : on lit, se délie, écrit, se lit, se relit, puis on publie...
Car c'est ça aussi, publier. Avant, cela se limitait à un journal intime dans lequel les mots étaient jetés au fil des états d'âme et qui n'était lu occasionnellement que par les initiés et privilégiés, ceux qui occupaient une place spéciale dans notre coeur. Après, il y avait les lettres ouvertes dans les journaux. Puis enfin, il y avait toujours la profession d'écrivain qui nous donnait à lire des oeuvres magnifiques mais qui coûtent les yeux de la tête en Amérique du Nord - vive la taxe sur les livres, c'est très bon pour l'éducation! Maintenant, des tribunes, il y en a une kyrielle. Et avec le web, il y a les blogues. Sur les blogues, on écrit pour informer et ne pas pleurer (Zoreilles), on écrit car on a un sacrefiche de talent (Schizozote), on écrit pour décrier (le gros B.S., Omo-Erectus) et rien n'est jamais exclusif, c'est toujours un amalgame de tout, comme l'esprit de la personne qui écrit. J'ai lu ce commentaire magnifique ce matin : "Quand un père s'en va, c'est comme une bibliothèque qui brûle." C't-il pas beau ça?
Il y a de beaux talents sur le web. D'ailleurs Paperblog semblent vouloir les exhiber :
"Sur les blogs, des talents se révèlent, des experts et des passionnés partagent leurs connaissances et expériences. Ces pépites étant bien souvent noyées dans un océan de blogs, il nous a semblé nécessaire de les identifier avec comme objectif d’offrir toujours plus d’articles de qualité à toujours plus de lecteurs."
Des lecteurs, des lecteurs, cela va-t-il nécessairement de paire avec l'écriture? Zoreilles et Omo-Erectus m'ont mis en garde de toujours écrire pour moi et rien que pour moi. Bien sûr, j'écris d'abord pour moi. Mais je crois que l'on peut écrire aussi en pensant que l'on sera lu, cela force à structurer sa pensée et à tenter de l'exprimer clairement. C'est un exercice de rigueur qui se transforme en exercice de style.
Je travaille maintenant dans les coms, vous l'ai-je dit? Je dois pouvoir transmettre un raisonnement et une idée en une page ou en dix selon les situations. Un de mes défis consiste à parfaire l'art du punch. Celui qui manque quand j'écris juste pour écrire, des mots, et encore des mots, et de plus beaux et de plus longs..., oui mais encore, de quoi parle-t-on?
Mon ami, devenu papa récemment et qui a laissé un emploi de type conventionnel, s'est mis à la plume, ou au clavier tiens, c'est plus réaliste. Il écrit sur quelque chose de secret, il ne veut pas en parler, il a peur d'être jugé. Mais il a envie de publier et depuis qu'il y pense, il n'arrive plus à écrire. Pourtant, il avait déjà écrit et développé des centaines de pages sur son sujet alors que c'était un travail personnel mais maintenant qu'il a envie de le dire à tout le monde, il a peur de se tromper. Le trac, vous savez?
Pas moi, pas le trac, juste l'envie, comme un loisir, un simple plaisir!
L'envie d'écrire m'est venue à lire de magnifiques auteurs : Victor Hugo, Jacques Prévert, Emile Zola, Alessandro Baricco, Guillaume Vigneault, Gaétan Soucy, Pierre Foglia, et les femmes que j'oublie : Marie Laberge, Amélie Nothomb, Arlette Cousture, Raphaelle Billetdoux, puis mes fils, puis mes amis, puis mes copains blogueurs. Il m'est aussi donné de côtoyer des personnes articulées et de lire de superbes ouvrages : le National Geographic, la série de Jared Diamond, les encyclopédies et les monographies des artistes et architectes, des livrets d'opéra, etc. Puisque nous ne sommes plus physiquement et socialement liés comme avant, alors que les traditions se transmettaient oralement et visuellement, la lecture et l'écriture offrent une certaine ouverture sur le monde. Dans ce sens : Monsieur Jacques Demers, bravo pour vos efforts d'alphabétisation, c'est une richesse difficilement acquise et c'en est une qu'il faut transmettre sans la négliger.

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