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« Le Chat du Rabbin » de Joann Sfar et A. Delesvaux

Par Monsoleiiil

affiche du film

Le rabbin Sfar et sa fille Zlabya vivent dans l’Alger des années 1920. Après avoir dévoré le perroquet, leur chat se met d’un coup à parler. Redoutant la mauvaise influence de l’animal qui a la langue bien pendue, le rabbin décide de l’éloigner de sa fille. Prêt à tout pour demeurer auprès de sa maîtresse, dont il est fou amoureux, le chat se résout à faire sa bar mitsvah et demande au rabbin de lui enseigner les fondements de la religion juive.

L’arrivée d’un peintre juif, qui a fui sa Russie natale pour échapper au pogrom qui a réduit son village en cendres, ne tardera pas à chambouler davantage les choses. A la recherche d’une Jérusalem imaginaire, habitée par des Juifs noirs, il arrive à convaincre non seulement le rabbin et son chat, mais aussi un ancien soldat du Tsar et un cheik arabe de le suivre dans sa quête. A bord d’une vielle autochenille Citroën, le petit groupe pour le moins éclectique s’apprête alors à affronter toute une série de rencontres qui mettront à l’épreuve non seulement leur persévérance face aux dangers que le voyage leur réserve, mais aussi leurs propres convictions et leur foi.

Conte à la fois moderne et intelligent, « Le Chat du Rabbin » soulève non seulement la question de la cohabitation entre les différentes religions, mais aussi – et surtout – celle de la tolérance… et de son absence. Entre la sagesse modérée du rabbin et l’audace du chat, qui a le « privilège » de pouvoir s’exprimer de manière plus directe (et moins diplomatique…) que les autres personnages, le spectateur suit alors l’exercice philosophique que nous proposent les réalisateurs Joann Sfar et Antoine Delesvaux. A la fois didactique, sérieux et plaisant, « Le Chat du Rabbin » nous invite à accompagner les protagonistes dans leur voyage dans l’espace et dans le temps, à la rencontre d’une panoplie de conceptions et de mentalités différentes, au carrefour entre modernité et traditions.

Au niveau graphique, on retrouve bien évidemment la plume et le pinceau de Joann Sfar. Même si les images semblent plus « lisses » que dans la BD, les personnages et les décors dessinés à l’encre de Chine ont gardé le style méconnaissable et propre au scénariste-dessinateur-réalisateur qui fait son originalité et son charme. Quant à la 3D, les effets sont certes palpables, mais pourtant moins « spectaculaires » que dans d’autres films récemment sortis au cinéma.

On ne saurait parler du film sans parler de sa bande originale. Composée par Olivier Daviaud, elle s’inspire à la fois de rythmes Klezmer, de sonorités orientales et de mélodies andalouses dont elle mélange avec aisance les contrastes et les différentes facettes. Ainsi le spectateur se laisse-t-il emporter par ce « mosaïque » varié, harmonieux et entrainant, qui joue un rôle signifiant pour l’ambiance particulière qui règne tout au long du film, et plonge avec plaisir dans ce bain à la fois musical et culturel.

Tout compte fait, on prend du plaisir à suivre ce récit à plusieurs niveaux: à la fois élégant, amusant et philosophique.



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