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Les sorcières de Salem

Par Céline

sorcieresdesalem-millerArthur Miller
Éditions Robert Laffont
252 pages

Résumé:

En 1692, Abigaïl Williams, une jeune femme habitant Salem dans le Massachusetts, est servante chez d'honnêtes fermiers, les Proctor. Très vite, Abigaïl tombe amoureuse de John Proctor qui en fait sa maîtresse. Élisabeth, sa femme, découvre leur relation et la chasse de la maison. Pour se venger, la jeune fille, âgée de 17 ans, se livre avec Tituba, la servante noire du révérend Parris, et Betty, la fille de ce dernier, à un rituel de sorcellerie. Elles sont découvertes dansant nues dans la forêt et la rumeur de sorcellerie se répand très vite dans le village. Abigaïl, profitant de la situation pour se venger d'Élisabeth Proctor et récupérer son amant, met en branle une impitoyable machine judiciaire.

Mon commentaire:

Les sorcières de Salem est une pièce de théâtre d'Arthur Miller écrite en 1952. La première a été jouée à Brodway en janvier 1953 et la popularité ne s'est pas démentie depuis. Cette pièce est devenue un classique américain et le texte est souvent étudié dans les collèges et les universités. La pièce s'inspire de deux événements majeurs de l'histoire américaine. Dans les années 50, la montée du Maccarthysme et l'apparition de la Commission des activités antiaméricaines des États-Unis qui pourchasse des militants ou sympathisants communistes, dont plusieurs artistes et auteurs. Arthur Miller fut interrogé par cette commission d'enquête, qu'il compare à une véritable chasse aux sorcières. Il lui vient alors l'idée d'écrire cette pièce, s'inspirant du procès des sorcières de Salem qui, en 1692, condamna et exécuta de nombreux villageois.

Les sorcières de Salem est une pièce en quatre actes. La pièce débute alors que Betty Parris est alitée, en proie à une grande agitation. Le révérend est à son chevet, en plus de sa famille et de quelques villageois qui tentent de comprendre ce qui se passe. C'est à ce moment que les premiers signes de sorcellerie apparaissent et que des accusations sont portées. Enfiévrées, les autorités procèdent à des arrestations et le procès, marqué par l'injustice, peut commencer. Dans la pièce, la plupart des personnages mentionnés ont réellement existé. Plusieurs éléments de la pièce sont véridiques, alors que d'autres ont été modifiés pour les besoins de l'intrigue. Abigail Williams et John Proctor sont les éléments centraux de l'histoire. Toutefois, par rapport à la réalité, Miller vieillit quelque peu Abigail pour lui permettre d'avoir une relation avec Proctor. Relation qui tourne mal et déclenche, en quelque sorte, la folie accusatrice d'Abigail. La religion est très présente à cette époque et tout ce qui n'est pas "normal" aux yeux de l'amérique puritaine et coloniale du XVIIe siècle est tout de suite attribué à Satan. Le village de Salem est rapidement sous l'emprise de la peur, tous étant susceptibles d'être accusé de sorcellerie.

Les sorcières de Salem débute alors que deux jeunes filles présentent des symptômes inquiétants et l'histoire se termine au procès. Arthur Miller ne nous présente pas la vie de la communauté au moment des pendaisons et après la chasse aux sorcières. Il analyse la peur et l'hystérie collective qui s'empare de gens religieux, poussés à scander n'importe quoi et à accuser n'importe qui. C'est une pièce intéressant à plusieurs niveaux. Ici, il s'agit du procès des sorcières de Salem, mais l'analyse qu'en fait Miller pourrait être appliquée à n'importe quelle folie qui s'empare des humains. Arthur Miller décortique ici la puissance de la suggestion qui peut faire littéralement plier les gens qui, effrayés, se mettent à dénoncer pour un oui ou un non leurs voisins. Il met le doigt sur ce qui fait dégénérer une situation, sur ce qui peut séparer en clans ennemis une communauté auparavant unie et sur la noirceur de l'âme humaine. Il est facile d'inventer n'importe quoi pour faire accuser les autres et sauver sa peau, comme il est aussi facile d'impressionner l'imaginaire des gens en leur suggérant toutes sortes de choses auxquelles ils finissent par croire...

Les sorcières de Salemest un classique à découvrir, si vous ne l'avez toujours pas lu. C'est une excellente pièce, bien construite. Sa forme et le talent de l'auteur en font un texte que l'on ne peut lâcher avant d'en avoir lu la fin. Arthur Miller présente des personnages réalistes et complexes, qui prennent beaucoup de place dans l'histoire. La religion aussi est très présente, ses représentants abusant de leurs pouvoirs pour tromper les villageois. L'hystérie collective n'est pas loin...

À noter qu'il existe deux adaptations de cette pièce au cinéma, l'une sortie en 1956 et l'autre en 1996.


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