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Critique : Contre-Jour de Thomas Pynchon

Par Juloobs

 Dans la toile de Webb

Après le personnage éngmatique V, il est question dans Contre-Jour d’un W. Pour Webb. Webb Traverse. Omniprésent dans ce roman malgré une mort rapide. A la manière de Laura Palmer dans Twin Peaks ou encore de Nathaniel Fisher dans Six Feet Under.De même, la résolution de cette enquête donne lieu à toutes les digressions possibles et imaginables par Thomas Pynchon, aussi cinglé qu’érudit… Conteur à part depuis son blocus (Tomas Pynchon vit reclus), de sa propre histoire de l’Amérique et du Monde.

Le livre débute par l’exposition universelle de Chicago en 1893 à laquelle se rendent les Casse-Cou en dirigeable. Une équipe de choc dont on suit les dérives et virées en ballon et sur lequel figure au règlement : « Les actes de tripotage fessier dans la file d’attente ne sont pas tolérés !!! Les infractions seront sanctionnées par dix semaines de corvée !!! Chacune !!! Sur Ordre de l’Officier en chef. P.-S. : Oui, on parle bien de semaines !!! »

Critique : Contre-Jour de Thomas Pynchon

Contre-Jour doit autant aux romans d’aventures façon Jules Verne qu’au Western, au steampunk et même au fantastique ! Un livre fractal, complètement éclaté, déroutant au possible, mais dont on prend pourtant le plus grand plaisir à relire les paragraphes encodés, et énigmatiques pour en percer le sens. Cette participation peut être aussi jouissive qu’éreintante, car Contre-Jour est une oeuvre interminable. D’ailleurs Contre-Jour se termine-t-il ? Le dernier roman de Thomas Pynchon est un livre très très exigeant, dont les impressions de lecture fluctuent au fil de celui-ci.

Parmi les nombreux luxes que s’offre Pynchon dans son dernier roman fleuve : un plaidoyer anti-capitaliste en arrière-plan d’une tragédie familiale. C’est un milliardaire sans scrupule nommé Scarsdale Vibe, propriétaire d’une mine aux revenus colossaux qui orchestre la mort de Webb Traverse, anarchiste et dynamiteur de voies ferrées, engageant un tueur à gages. Les enfants de Webb (Frank, Reef, et Kit) se consultent pour venger leur père, tandis que la fille de Webb (Lake) s’acoquine et tombe amoureuse du meurtrier de son père…

Souvent, la plume bourrée d’humour de Pynchon suffit à notre plaisir, le livre est impossible à refermer, alors qu’il est aussi insaisissable qu’une piste de free jazz de 12 h. Contre-jour compte d’innombrables personnages, et on peut regretter que ne s’attardent pas davantage sur des scènes plus dramatiques, traitées de la même manière que les errances des Casse-Cou. On peut néanmoins percevoir des évolutions de personnalités chez les principaux protagonistes du roman. Malgré la complexité du contenu scientifique exposé, la complexité de l’Europe, les origines de la première guerre mondiale sont juste esquissées.

Critique : Contre-Jour de Thomas Pynchon

Thomas Pynchon s’amuse à planquer les pièces d’un gigantesque complot, totalement paranoïaque, sur fond de corruption, de vengeance Fordienne, de découvertes scientifiques détournées… Des thèmes ressassés qu’il parvient à renouveler. C’est incroyable, mais les saloons de Contre-jour n’ont pas d’équivalent !

Est-il bien raisonnable de conseiller la lecture de ce pavé de plus de 1400 pages à quiconque préfère sa vie sociale à son passe-temps littéraire ? Contre-jour ou l’envers de la normalité, des racines de la folie sur laquelle est bâtie notre réalité bancale, ayant survécu aux tirs de mines, aux anarchistes, aux guerres mondiales, à la bombe atomique…

 

Contre-Jour de Thomas PYNCHON

Ed. du Seuil

existe en Points poche 



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