Oublions d'emblée le calamiteux Wolverine, spin-off de triste mémoire dont la laideur visuelle n'avait d'égale que le caractère pitoyable de son scénario, pour se remettre en mémoire la trilogie X-men initiée par Bryan Singer. Ainsi, le premier volet réussissait le pari de l'adaptation du célèbre comic de la Marvel, malgré un final expédié et plutôt chiche en termes de climax. X-Men 2 supplantait quant à lui son modèle pour nous offrir un film pleinement maîtrisé, rehaussant la barre tant de son scénario que de son visuel. X-Men l'affrontement final, réalisé par l'inénarrable Brett Ratner, bien que décrié et conspué par la critique, demeurait néanmoins un actioner réussi doté de scènes réellement immersives. Lorsque fut annoncée la mise en chantier d'un nouveau volet de la saga par l'auteur du génial Kick-ass, tous les espoirs étaient alors permis. Et face au résultat final, tous les espoirs sont pleinement satisfaits. Car X-Men first class constitue bien le meilleur épisode de toute la franchise.
Remontant aux origines des célèbres mutants, Matthew Vaughn a la riche idée de débuter son film en reprenant la scène inaugurale du premier X-Men (le camp de concentration), la prolongeant in fine afin de constituer le lien avec sa propre histoire. Ainsi, le personnage de Magneto fera la connaissance de sa Nemesis, incarnée par le toujours très bon Kevin Bacon, mutant nazi à l'origine du drame fondateur qui fera basculer l'ami de Charles Xavier du côté du mal. D'emblée, le long-métrage marque son ancrage dans l'esprit des précédents opus. Il s'en démarquera cependant par la suite en proposant une adaptation totalement originale du comic, l'inscrivant dans un esprit délicieusement pop et furieusement James Bondesque (jusque dans son générique de fin).
Sur fond de guerre froide et de crise des missiles de Cuba, X-Men first class réussit totalement son entreprise uchronique et nous plonge dans des années 60 palpables (le production design du film est fabuleux), en déroulant une pure intrigue d'espionnage que n'aurait pas renié Ian Fleming. Le tour de force du réalisateur de Stardust consistant en outre à ne jamais perdre de vue les motivations et la caractérisation de ses personnages. La dualité de Magneto, le choix pour les mutants de rejoindre l'un ou l'autre camp, leur rejet par les humains, toutes ces composantes de l'univers X-Men sont bien présentes et traitées de façon subtile et bien souvent déchirantes par le réalisateur (la scène du choix final sur la plage). La perspective nouvelle offerte par le long-métrage sur le personnage de Magneto témoigne à ce titre du soin apporté par Matthew Vaughn et ses scénaristes à la psychologie des protagonistes.
Le metteur en scène réussit également haut la main ses séquences d'action, à l'image du climax maritime final à base de sous-marin volant, d'avion furtif et de navires de guerres. Une étonnante maîtrise du cadre vu le nombre d'éléments à y inscrire, ainsi qu'une fluidité de chaque instant dans l'action, constituent une preuve supplémentaire de l'étonnante maîtrise formelle de Vaughn, à l'heure de la toute puissante shaky-cam.
Notons enfin une apparition surprise aussi courte qu'hilarante de l'un des personnages phares de la franchise, une musique à tomber de Henry Jackman (le thème de Magneto est mémorable), ainsi qu'une séquence finale pleine de promesses, et l'on ne peut décidément que tirer son chapeau à Matthew Vaughn d'avoir su nous proposer une adaptation d'une telle virtuosité.