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Jewels of the Nile l’interview

Publié le 29 juin 2011 par Hartzine

Jewels of the Nile l’interview

Si la Terre est soi-disant promise aux États-Unis, cela n’empêche pas bon nombre d’Américains d’être attirés de manière impérieuse par notre vieux continent empreint de culture et d’histoire. Ainsi, le phantasme de tout artiste d’outre-Atlantique quelque peu ambitieux a souvent été de traverser l’Europe, le projet musical et les instruments sous les bras, dans l’espoir de faire vibrer Rome, Londres ou Paris. C’est tout récemment que Jewels Of The Nile a parcouru les sentiers européens de la gloire pour la sortie de son bel album dark nommé Pleasure (Desire Records). Conscientes de l’aubaine d’un tel événement, Jessy, Meghan et Amity, membres dudit trio, comptaient non seulement en mai dernier profiter de l’occasion pour visiter les sites touristiques mais aussi pour revisiter les us et coutumes des pays sillonnés. C’est au cimetière du Père Lachaise que les joyeuses vacancières m’ont curieusement fixé rendez-vous avec la ferme intention d’y pique-niquer. Jim Morrison et Oscar Wilde furent donc témoins, ce jour‑là, d’un entretien et d’un repas atypiques sous un soleil de plomb. Et au menu, il y avait, pour mieux digérer les révélations sur l’amertume de l’enfance, des demi-pains au chocolat tartinés de camembert, fraises et miel avec un bon vin rouge dans des gobelets en plastique.

Comment se passe votre tournée jusqu’ici ?
How is your tour going so far?

J : C’est un début très positif pour le moment, mais nous avons encore un mois devant nous. Nous n’avons joué qu’un show à NYC au Pendu et une deuxième date à la Féline. Là, nous profitons en touristes de quelques jours de vacances à Paris.

A : C’est seulement le début de notre tournée, et je m’éclate déjà… Je suis comblée.


Comment la musique est-elle entrée dans votre vie ? Quels en sont vos premiers souvenirs ?
How did music enter in your life? What are your first memories about it?

J : Nous avons toutes une formation classique. Mon père était dans un groupe et il voulait que je sois musicienne quand j’étais très jeune, que je joue du piano et du violoncelle. Quand il est mort, j’ai hérité de sa basse mais j’ai toujours vécu avec son groupe de rock qui répétait à la maison et j’allais le voir en concert chaque week-end. J’ai toujours voulu faire partie d’un groupe… Donc, après sa mort, comme je ne vivais pas dans un environnement très favorable, j’ai quitté ma ville natale pour rencontrer d’autres filles et démarrer un projet.

A : Mon père était batteur et j’ai aussi hérité d’une basse de mon frère quand il est mort. Mais en fait, mon tout premier instrument m’a été donné par mon père qui nous avait offert une petite batterie et une guitare. Je me souviens avoir adoré, quand j’étais gamine, la plupart des vieux films hollywoodiens de MGM parce que j’étais frappée par cette vieille façon dont étaient chantées les chansons qui y passaient, avec une abondance de vibrato. À l’adolescence, j’ai été punk, j’ai aimé le passage de la musique de la fin des 70′s à la musique électronique d’aujourd’hui. Et aussi un groupe de filles est le rêve de toute jeune fille.

M : J’ai aussi suivi des leçons de piano et de violoncelle quand j’étais gosse et je trouve ça super d’avoir la même formation que Jessy. J’ai joué dans des orchestres pendant de nombreuses années, puis j’ai arrêté de jouer quand j’avais environ 16 ans… J’allais juste voir des concerts hardcore et punk quand j’étais adolescente. J’ai commencé à jouer avec Jessy dans son autre projet, Magick Daggers, il y a quelques années, et puis Jessy et moi avons commencé notre propre projet.

Jewels of the Nile l’interview
La musique est-elle votre seule occupation?

Is music your sole occupation?

J : Oui, maintenant elle l’est !

M : Nous avons des boulots alimentaires… Je suis graphiste indépendante … mais le groupe est notre préoccupation première.


Comment vous êtes-vous rencontrées?
How did you meet?

M : Jessy et moi nous sommes rencontrées à Portland. Nous étions toutes deux DJ dans le même club. Nous avons rencontré Amity à une fête d’un ami commun… Jewels jouait un set et Amity nous a vues pour la première fois.


Vouliez-vous que Jewels of the Nile soit un groupe de filles ?
Did you want Jewels of the Nile to be a girls band?

J : Je pense que je préfère ça oui, ce n’était pas intentionnel mais c’est devenu quelque chose de vraiment spécial pour nous.

M : C’est super de travailler entre femmes. Nous nous sentons toutes responsables, nous savons ce que nous voulons et nous allons toutes vers le même but. Il n’y a pas de problème d’égo.


Quelles sont tes influences, Jessy ?
What are your influences, Jessy ?

J: Je tire mes influences de la vie, en la vivant, en essayant d’y trouver du plaisir et en essayant de consacrer le plus de temps possible à l’art et à la musique. Je pourrais dresser une liste de mes influences musicales mais en réalité, les musiciens qui attirent mon attention ou qui m’ont inspirée ne me dictent pas ma manière de composer. J’aime garder mon écriture pure, vierge de toute influence directe mais guidée par mon cœur, ma propre expérience de vie, physiquement, spirituellement, intellectuellement.


Dans quelle mesure L.A. vous influence-t-elle ?
Does L.A. influence you at all?

J : J’ai été influencée par bon nombre de vieux films hollywoodiens. Je n’aime pas trop le cinéma moderne, mais plutôt les films « Pré-Code » de Hollywood avant qu’ils bannissent la sexualité et que les systèmes de censure soient mis en place. Je ne connais pas grand chose d’autre sur Los Angeles que son histoire ou ce que pourrait connaître un étranger, ce qui n’est pas suffisant pour en tirer vraiment des influences.

Jewels of the Nile l’interview

Pouvez-vous me parler de votre processus de création ?
Could you describe your creation process?

J : Nous passons d’abord par un stade d’isolement pendant lequel nous composons. Parfois, Meghan apporte un backbeat, nous ajoutons des claviers et des mélodies ; nous testons différents sons et ajoutons des rythmes au fur et à mesure.

M : Parfois c’est un peu plus technique lorsque nous superposons les couches pour en faire un morceau, ou quand nous nous amusons à improviser en jonglant avec des tas de sons et d’instruments… Nous essayons toujours d’enregistrer ces sessions pour extraire les meilleures parties et les exploiter par la suite. Sur notre album, il y a au moins la moitié des morceaux qui proviennent de ces sessions d’impro. Jessy écrit souvent des paroles inconsciemment… Elle prend un micro et les mots sortent spontanément et après coup, elle les couche sur papier.

J : Je garde des tas de paroles dans ma tête et la musique se sert d’elles en fonction des émotions qu’elle dégage.


De quels artistes vous sentez-vous proches ?

Is there an artist you feel close to?

J : En ce qui concerne les artistes féminines, je me sens proche d’Anaïs Nin, de Dorothy Parker… et de Marchesa Casati qui n’était pas véritablement une artiste en soi mais qui a été la muse de nombreux artistes. Elle menait sa vie comme une œuvre d’art et j’aime beaucoup cette façon de vivre. Magnifique, grandiose, décadente. Mais musicalement, je me sens proche des chanteurs glam rock masculins classiques tels que David Bowie, Freddie Mercury… Marc Bolan, Klaus Nomi.


Jewels of the Nile l’interview
De quoi parle ta chanson Only Children ?
What is Only Children about?

J : Tout l’album Pleasure tourne autour du sexe, de la découverte, de l’aventure, de la recherche de soi mais Only Children est un genre de question-réponse ironique sur le fait d’avoir dû m’élever moi-même à cause de l’absence de ma mère… à cause des hommes violents avec qui elle a vécu. Ça parle aussi de mon enfermement et de mes fugues. Quand j’étais chez moi, je vivais cachée. Dans les paroles « Ombres qui parlez dans le grésillement à travers la vitre, j’arrive à toucher votre visage »… c’est moi assise dans ma chambre, ma maman m’avait acheté une télévision pour que je reste dans ma chambre et n’assiste pas à la violence dans le reste de la maison. Alors, je restais assise là et regardais la télé mais j’entendais tout et je me sentais vraiment frustrée, j’avais envie d’arrêter ça et de m’enfuir. Je lui dis : « Je suis ton unique enfant, comment n’as-tu pu être ma maman ? » C’était comme si j’étais privée de voix pendant que tout se passait. C’est un morceau sur le fait de se sentir orpheline, déconnectée.


Tu chantes When I Was a Lover… C’est une prise de position définitive sur l’amour ?
You sing When I Was a Lover… does that mean you’re not a lover anymore?

J : C’est marrant parce que c’est un morceau dansant et plutôt gai mais il a une teinte triste car il parle de la complicité avec votre amant, du fait d’être liés et d’affronter le monde ensemble, puis de voir tout cela disparaître quand les choses ne fonctionnent pas comme vous le souhaitez, et de la solitude qui s’ensuit. Il m’est arrivé de regarder derrière moi et d’apercevoir ce genre d’amours passées comme des fantômes. J’utilise des tas de métaphores dans cette chanson, c’est à propos du sentiment de proximité et de la sensation d’être en accord avec quelqu’un dans les domaines de l’amour, du sexe et de l’amitié. Quand nous avons composé ce morceau, je ne pensais pas retrouver un jour l’amour mais maintenant je le vis à nouveau.


Avez-vous des projets parallèles ?
Do you have side projects?

J : Pas pour le moment… Nous avons vendu nos âmes à ce groupe !


Vous avez fait une belle cover de Christian Death, avez-vous l’intention d’en faire d’autres ?

You did a beautiful cover of Christian Death, do you plan to cover anything else?

M : Oui, sûrement. On nous a demandé de participer à une soirée en hommage à Christian Death, ce qui nous a menées à faire cette reprise. C’était donc une sorte de hasard, mais ensuite, c’est devenu quelque chose d’agréable à jouer.


Comment voyez-vous votre futur ?
How do you see your future?

J : Vivre le moment présent est la meilleure chose à faire. Je crois à la divination, aux prédictions, mais en définitive, il faut vivre le moment présent car on ne sait pas de quoi demain sera fait. Nous avons toutes traversé des batailles, avons été proches de la mort, et je pense porter cette ombre. J’ai vécu beaucoup de morts dans ma vie. Je pense qu’il faut être heureux et reconnaissant de ce que l’on a au moment présent.

A : La mort conduit à apprécier le moment présent.

M : C’est pourquoi nous sommes en Europe actuellement, parce qu’il y a tant de possibilités dans la vie… Pourquoi se contenter du status quo ?


AUDIO

Jewels Of The Nile – Deathwish

Jewels Of The Nile – Kiss Of Fire


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