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The Red Eagle : Dans l’ombre de Mitr

Publié le 17 juillet 2011 par Diana
The Red Eagle : Dans l’ombre de MitrIl a suffit de deux films (Les Larmes du Tigre Noir et Citizen Dog) pour qu’on puisse voir un talent explosé, ce talent c’est celui du cinéaste thaïlandais Wisit Sasatanieng. Et lorsqu’il entreprend de s’attaquer à un revival d’un super héro de la culture populaire thaïlandaise, l’excitation est de mise. Pour la petite histoire, Red Eagle fut interprété par le mythique Mitr Chaibancha dans une série de films des années 1960. Ce dernier décéda tragiquement lors de la dernière scène du tournage de Insee Thong (ou In-Sree Daeng, Golden Eagle) qui était notamment son premier et (du coup dernier) film en tant que metteur en scène. L’acteur sous les traits de Red Eagle devait s’envoler, accroché à une échelle d’hélicoptère qu’il lâcha. La popularité de Mitr Chaibancha (qui tourna dans plus de trois cents films entre 1961 et 1970) est telle qu’encore aujourd’hui existe un autel qui lui est dédié où de nombreux thaïlandais se rendent pour prier. De ce fait, lorsque Wisit Sasatanieng décide de mettre en scène ce qui s’apparent à un reboot de ce personnage devenu légendaire comme son interprète principal avec The Red Eagle (2010), il est attendu au tournant.
The Red Eagle : Dans l’ombre de MitrUn politicien se fait élire en allant à l’encontre de ses promesses. Le pays est en ébullition et la révolte gronde. Au milieu de ce marasme, un justicier masqué du nom de Red Eagle s’attaque à des criminels qui ont la particularité d’appartenir à une confrérie secrète. Cette dernière souhaite se débarrasser de lui et engage pour se faire, Black Devil. Parallèlement, un policier fait équipe avec un nouvel équipier appartenant à la communauté Sikh. Ils tentent ensemble de confondre et d’alpaguer Red Eagle qui s’avère des plus expéditif qui soit…
Petite précision avant de commencer. Je n’ai vu aucun des films de la série des Red Eagle initié par Mitr Chaibancha dans les années 60, il n’y aura donc dans mon propos aucun élément de comparaison bien que l’on retrouve le costume du héro visible sur les affiches et autres photos de films d’époque. Allons-y. J’aimerais dire avoir aimé The Red Eagle. J’aimerais l’écrire parce que j’apprécie son auteur et certains de ses films. Mais ici, Wisit Sasatanieng a mis de côté sa singularité de cinéaste pour nous livrer une mixture peu digeste. Il n’y a pas de folie dans sa mise ne scène, il n’y a aucune audace dans le scénario et le casting manque de poids, des éléments manquants pour participer à une grande fresque d’aventure et d’action. The Red Eagle fait partie de ces films qui se laissent suivre sans enthousiasme. Un film dans lequel on s’ennuie de temps à autre et qui peine à fonctionner aussi bien dans l’humour que dans les cascades câblées et mal filmées. Un film beaucoup trop long (plus de deux heures) qu’on est pressé de voir se terminer et pressé d’oublier tant il reste fade.
The Red Eagle : Dans l’ombre de MitrThe Red Eagle en quelques points. Le scénario : plat, écrit d’avance et brouillon ; trop de personnages et d’histoires qui s’entremêlent. Ceci aurait pu être rondement mené pour une série télé mais pas pour un film, qui notons-le ici, s’ouvre sur une suite éventuelle puisque le film n’a pas de fin à proprement parler. Question : Qui est le personnage principal ? Red Eagle puisqu’il donne son titre au film. Pourtant, il y a une importance donnée au personnage du policier (pas nécessaire) censé l’arrêter. Sans oublier, l’unique personnage féminin pour la touche « amoureuse » dont la présence à l’écran est considérable, partageant une intrigue avec son ex-mari de premier ministre qui aura sans doute une importance pour les films suivants puisque Red Eagle a décidé de lui rendre des comptes (Je reprends ma respiration). On n’oubliera pas non plus la confrérie secrète et le passif de Red Eagle qui surgit en flash-back. Si le parti pris avait été de se focaliser sur Red Eagle, on aurait pu avoir un film plus épuré d’autant plus qu’un super héro accro à la morphine et à la justice expéditive c’est plutôt sympa. Ca tranche avec la flopé de personnages lisses qu’on peut ou pourrait voir dans ce genre de film. La réalisation : décevante. Wisit Sasatanieng est peu inspirée. Il semble perdu dans les scènes d’actions les rendant parfois illisibles. Quant au reste, entre la caméra épileptique qui s’invite de temps à autre et une réalisation au formalisme sans identité, il n’y a rien à garder. En vrac : le montage donne le sentiment d’un assemblage de scènes sans véritable osmose (encore plus lors des scènes d’actions bordéliques). La photo est jolie. Les effets spéciaux ne sont pas toujours terribles. La bande son est vraiment sans plus. Il n’y même pas un ladyboy, le comble ! L’ensemble nous rappelle finalement ces films hollywoodiens, en moins réussi, avec le flic casse-cou qui a toujours le mot pour rire (sauf ici), le duo atypique qu’il forme aussi avec son collègue, le quart d’heure romance, les situations stéréotypées vues et revues,... tout ça pour dire que j’étais là pour voir un film thaïlandais. Je l’aurais presque oublié si je ne l’avais vu en version originale.
Ce n’est pas avec The Red Eagle que Wisit Sasatanieng fera oublier les prouesses passées de Mitr Chaibancha. Bien sûr, ce n’était pas son objectif. J’écris cela parce qu’il ne sera pas parvenu à inscrire son film dans le mythe. The Red Eagle est un film quelconque, sans saveur qui ne met jamais en alerte et ne nous fait jamais exulter. On ne tressaille pas. On ne rêve pas. Nous ne sommes pas transporté ou si peu. On vit les aventures de ce nouveau Red Eagle de manière passive. Quant aux suites de ses aventures… l’attente ne sera pas un calvaire, loin de là. Il y a encore plein de bon film à voir… d’ici là.
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