La rencontre au cinéma Lee Marvin -Gene Hackman, moi je prends. Bien sûr nous ne sommes qu’en 1972, et si Marvin est depuis longtemps blanchi sous le harnais, Hackman, encore jeunôt, a déjà à son actif une dizaine de films dont « Bonnie and Clyde » et « French Connection ». Aussi l’associer à l’un des « Douze salopard » et autre cow boy de « La kermesse de l’ouest » l’affichait belle.
D’où ma grande désillusion après une petite demi-heure prometteuse de voir l’un et l’autre sombrer dans un thriller mélo qui tourne en jus de boudin , dans l’abattoir de Mr Mary Ann. Quand celui-ci règle ses comptes, ses débiteurs se retrouvent souvent dans la chaîne de fabrication de ses fameuses saucisses.
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Le générique, à ce titre, sans pitié, bidoche pas mal et nous annonce le pire surtout quand une godasse se trimballe au milieu des carcasses. Elle appartenait à un homme de main de Chicago , dépêché sur place afin de récupérer l’argent que Mr Mary Ann devait à ses amis de la capitale .Un autre quêteur est alors désigné : Lee Marvin , en personne et ça va faire mal. Un tout petit peu, juste au début quand Nick Devlin débarque au petit matin dans la ville pluvieuse, que le cinéaste nous présente avec un brio qui personnellement m’a fait bien plaisir.
Mais une fois les stratégies bien en place, autour de ce qui aurait pu être le thème principal, la traite des blanches, le film se rapetisse. Car notre méchant incarné par Gene Hackman , non content d’élever son bétail, fait de même avec de jeunes filles servies en pâtures aux clients qui tout à l’heure se pencheront sur le cheptel ovin.
Bizarrement, Michael Ritchie, filme ce commerce dégueulasse, (les filles droguées, sont parquées dans des enclos à bestiaux) comme s’il photographiait des singes en cage, avant de rebondir dans le duel à distance que se livrent nos deux lascars.
Bien évidemment, ce trafic ravive les tensions, attisées autour d’une femme qui semble bien avoir connu l’un, avant de vivre avec l’autre.Je ne vous fais pas un dessin, le bon réussira à sauver une jeune fille des griffes du méchant (Sissy Spacek, alors toute jeunette) tandis que le règlement de compte se fera à la foire du comice devenu foire d’empoigne.
La suite dans le champ de blé est sans émotion particulière, et même les mâchoires de la méchante moissonneuse batteuse (allusion à « La mort aux trousses » d’Hitchcock ? ) n’effraieront pas nos fuyards, qui triomphant du mal réussiront à sauver les futures victimes de Mary Ann.
Pour sa première sortie , libre, la jeune fille ne passe pas inaperçue
Empâté dans des décors grandioses, malheureusement inutilisés, le film se termine ainsi gentiment dans l’emphase et la béatitude. Un film noir qui vire au rose, ça ne fait pas sérieux.
À LA CROISÉE DES CHEMINS (23 mn)
Jean-Pierre Dionnet, cinéphile professionnel, dialogue avec le cinéaste Frédéric Schoendoerffer (Switch) à propos de la singularité de Prime Cut, film charnière entre le cinéma classique et le Nouvel Hollywood.Moi je veux bien, mais les échanges entre les deux professionnels n’éclairent pas ma lanterne sur le pourquoi de ce film. Je suis simplement d’accord quand ils évoquent le sauvetage de la jeune femme par un Nicky très respectueux, et qui pourtant lors de leur première sortie en public, dans un restaurant chic, l’habille de façon très voyante …
19.99 €