Les chaussures italiennes, de Henning Mankell

Avis de grand frais…

Henning Mankell est un auteur qu’on prend plaisir à lire: son style est impeccable, très efficace et sobre, les émotions sont subtilement évoquées. L’ambiance en revanche se révèle assez froide et on désespère au fil des pages de pouvoir s’attacher aux protagonistes.

RÉSUMÉ :

Vivre seul, sur une île, pendant 12 ans, ça laisse des traces. Fredrik Welin s’est soigneusement appliqué, pendant toutes ces années, à ne plus rien ressentir, à ne plus rien attendre du monde extérieur. Lorsque réapparaît son amour de jeunesse pour le ramener parmi ses semblables, le héros se laisse submerger par une vague de chaleur humaine qui va fissurer sa carapace.

MON AVIS : un peu fade

La pudeur et la délicatesse nordique ne sont plus à démontrer : lorsqu’il s’agit de sentiments, tout est dans la suggestion, chaque mot compte. Il y a dans le style de Henning Mankell une retenue et une dignité apaisantes. L‘humour décalé, la délicatesse dans l’expression des émotions, la finesse et la concision de l’écriture contribuent au succès de ce roman.

Mais le trait est poussé à l’extrême chez le héros dont la froideur et l’incapacité (qui n’est certainement qu’apparente?) à faire preuve d’humanité sont déroutantes. Les expériences les plus troublantes n’ébranlent pas longtemps ce cœur de pierre qui reprend aussi vite que possible ses habitudes et rituels immuables. Apprivoiser ce personnage rigide et engoncé dans son passé n’est pas chose facile. Mais au fond, le narrateur a-t-il vraiment envie qu’on aime ses personnages? Rien n’est moins sûr et c’est peut-être là que réside la clé de ce roman.

L’atmosphère du livre s’en ressent et on peut trouver le temps long bien que l’ensemble reste divertissant.

JE VOUS LE CONSEILLE SI…

… vous n’avez pas encore lu de littérature scandinave. Les auteurs nordiques s’inscrivent aux antipodes d’une littérature actuelle extravagante et prodigue dont les sentiments et les émotions sont décrits avec force de détails. A essayer!

EXTRAITS :

Un humour succulent distillé dans tout le roman:

C’est difficile d’avoir pour plus proche ami quelqu’un qu’on n’aime pas.

« Elle », c’est Agnès, à qui il manque un bras :

- Allez, on laisse tomber, dit-elle. Sinon ça va sombrer dans le mélo et je ne veux pas. Les manchots sont connus pour être  de grands sentimentaux…

VOUS AIMEREZ PEUT-ÊTRE :

Pierres de mémoires, de Kate O'Riordan

La terre des mensonges, de Anne B. Ragde

 (billet en ligne le 15/09 pour ce livre qui fait l’objet d’une lecture commune chez Canel)  Un livre un peu plus expressif.

D’autres avis :

• mitigé également chez Les livres de Sophie (je me sens moins seule…)
• de nombreux avis favorables chez Asphodèle , Natha-lit, Delphine et tant d’autres…