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Les Médicis : ayez foi en eux...

Par Etrangere

Je sais, je sais : allusion facile à des affiches d'une certaine chaîne de publicité pour un certain programme.Affiches de David Lachapelle au demeurant très réussies, et qui nous permettent de nous plonger dans l'atmosphère feutrée, entre scandales et dévotion, humanisme et violence, de la Renaissance Italienne.
Car si les Médicis non-plus ne peuvent se vanter d'une vie faite de sainteté, ils ont pour eux la réputation, non-usurpée, de grands mécènes, qui leur accorde une place de choix dans l'Histoire des Musées. 

Les Médicis : ayez foi en eux...

Cosme l'Ancien,  Jacopo Pontormo, 1518, huile sur bois, 86 × 65 cm, Galerie des Offices de Florence


Revenons pour cela au Moyen Âge. Cosme de Médicis, né le 27 septembre 1389 à Florence, est un homme d'affaires rusé et ambitieux. Lors de la succession à son père, en 1430, il se heurte à la famille des Albizzi, dont il souhaita se défaire, afin d'assurer à sa famille une hégémonie politique à Florence.  La querelle de ces deux grandes puissances, faite d'exils, de scandales, de complots, se termina finalement en la faveur de Cosme, qui devint par la même « Cosimo Pater Patriae » (Cosme Père de la patrie). Nommé en 1434 Gonfalonnier de l'Etat Florentin, il parvint à exercer d'importantes influences sur toute l'Italie, en puisant dans son exceptionnelle fortune. Cosme tirait en effet son prestige et son argent de la banque que son père lui avait léguée, et qu'il a sue faire fructifier, instaurant des filiales dans divers États italiens et même à l'étranger.  Le mécénat des Médicis tire son origine de Cosme, grand seigneur très curieux, qui avait un goût affirmé pour les sciences et les arts, et ne renonça jamais à débourser des sommes folles s'il le jugeait nécessaire. Les florentins les plus riches voulurent l'imiter, et contribuèrent à un essor des arts sans précédent. C'est ainsi sous son règne et à sa demande que Fra Angelico peignit les fresques au couvent San Marco. Le patriarche était également collectionneur averti, et fit venir Donatello à sa cour. Ce dernier devint son ami, et se vit financé par le riche mécène. Par ailleurs, Marsile Ficin affirme qu'ayant écouté les cours du philosophe Gemiste Pléthon, Cosme eut une idée brillante et accaparante : "une sorte d'Académie" néo-platonicienne, fief et refuge des savants. Rêve fou ? Non, défi pour ce penseur et cet humaniste invétéré.   L'Académie platonicienne de Florence fut fondée en 1459.

Les Médicis : ayez foi en eux...

Laurent le Magnifique adolescent, Benozzo Gozzoli


La tradition de mécénat perdura avec Laurent de Médicis, son petit-fils, qui sut se frayer un chemin dans l'élite intellectuelle de l'époque en soutenant des artistes tels qu'Andrea del Verrocchio et son apprenti Léonard de Vinci, leurs contemporains Sandro Botticelli, Domenico Ghirlandaio, Filippino Lippi et évidemment, Michel-Ange, qui vécut chez lui pendant plusieurs années, jusqu'à devenir un membre reconnu de la famille ; ainsi, le sculpteur au tempérament de feu lui fut toujours fidèle et reconnaissant. Lorsqu'il fut victime d'embarras d'ordre pécunier, Laurent sut également semontrer généreux, en exploitant cette fois-ci le bon goût dont il était doté, comprendre ici, son prestige. Il a ainsi su convaincre une pléiade de  bourgeois de commanditer directement certains artistes qu'il estimait. Il fut également un démocrate du savoir dans l'âme, et permit au public de découvrir l'imposante bibliothèque de son grand-père ; selon la mode humaniste en vigueur, il contribua aux recherches et aux trouvailles de livres et textes antiques disparus ou oubliés, ayant lui-même un attrait prononcé pour le platonisme. 
Cette politique de démocratisation des collections se solda par l'ouverture, par François Ier (grand-duc de Toscane et représentant de la famille) de leur imposante demeure au public désirant découvrir leurs impressionnantes collections, et ce dès le XVIe siècle. Aujourd'hui, Musée des Offices (  statut acquis depuis 1883), leur palais est un des hauts-lieux de la Culture au niveau international, très fréquenté par les touristes. Quoi qu'il en soit, le rôle prépondérant des mécènes pose encore aujourd'hui d'importants problèmes aux historiens de l'Art... Car après tout, lorsque l'on regarde le nombre imposant d'artistes qu'ils ont dévoilés puis légués à la postérité, ne peut-on pas rester perplexe et se demander qui tirait vraiment son épingle de ce jeu ? Étaient-ce les artistes, qui pouvaient subsister dans cette vie terrestre grâce à leur générosité, tout en se pliant à leur bon-vouloir, cherchant à les satisfaire, les flatter ?  Ou bien n'étaient-ce pas les mécènes, qui accédaient à l'immortalité par procuration des talents, par la création de portraits, par la sensation de diriger et d'insuffler une puissance créatrice sur quelque chose de plus grand, transcendant, qui allait leur conférer l'immortalité ? A ce jeu de cache-cache avec le Temps et de chat et souris avec la Mort, les Médicis semblent avoir tout compris... 
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