Magazine Culture

EN MÉMOIRE DE LA FORÊT de Charles T. Powers

Par Phooka @Phooka_Book

EN MÉMOIRE  DE LA FORÊT de Charles T. Powers
Editions Sonatine477 pages22 euros

Résumé :
En Pologne, quelques années après la chute du communisme. Lorsqu’on retrouve le cadavre d’un homme dans la forêt qui entoure le petit bourg de Jadowia, Leszek, un ami de la famille du disparu, décide de faire la lumière sur cette affaire.Il comprend vite que cet assassinat est lié à l’histoire trouble du village. Mais dans cette petite communauté soudée par le silence, beaucoup ont intérêt à avoir la mémoire courte et sont prêts à tout pour ne pas réveiller les fantômes du passé.L’ère communiste a en effet laissé derrière elle bien des séquelles et personne n’a rien à gagner à évoquer cette période où la dénonciation était encouragée, la paranoïa et la corruption omniprésentes, les comportements souvent veules. Sans parler de secrets plus profondément enfouis encore, datant de la Seconde Guerre mondiale, lors de la disparition brutale des Juifs établis à Jadowia depuis plusieurs générations.Leszek va devoir mettre sa vie en jeu pour venir à bout de cette chape de silence, et faire surgir une vérité bien plus inattendue encore que tout ce qu’il avait imaginé.

L'avis de Dup :


L'éditeur rajoute sa bafouille après le résumé et celle-ci commence ainsi : " Dans ce thriller hors-norme..." N'importe quoi ! Ce livre n'a rien d'un thriller, c'est même carrément à l'opposé du genre ! Peu d'actions, une légère intrigue, une vague enquête, pas un poil d'adrénaline ne circule dans les veines du lecteur.

Bon, j'arrête là de râler car vous allez croire que je n'ai pas aimé ce roman, or ce n'est pas du tout le cas ! Même si j'ai eu du mal au début, et ce uniquement à cause des noms et prénoms polonais. C'est imprononçable pour moi et du coup difficile à mémoriser. Le personnage principal c'est Leszek Maleszewski, il est appelé Leszek tout du long, sauf de temps en temps par son nom de famille et là, c'est la cata : paumée la Dup. Des noms comme Kowalczyk, Skubyszewski, où le doux prénom de Krzysztof...dur, dur. Remarquez, si ça se trouve, pour un polonais Dupont, Dubois, Durand c'est dur aussi ??? :))Mais bon, on s'y fait petit à petit. Pourquoi ? Simplement parce que le récit est passionnant. L'auteur nous plonge dans un village polonais de campagne, Jadowia, après l'effondrement du régime communiste. On découvre comment vivent, survivent je dirais même, après toutes les épreuves du passé, ce peuple fier, rochon ( c'est l'auteur qui le dit, hein...il n'y a pas que les français alors pour râler ;) ), trop souvent imbibé de vodka. La Pologne prise en tenaille entre l'Allemagne et la Russie, devenue pendant la dernière guerre mondiale la plus sinistre des poubelles nazies : Treblinka, Auchwitz, etc... Un pays qui n'avait rien demandé à ses voisins, mais qui a subit les uns, puis les autres.Extrait page 125Mon grand-père me racontait souvent cette blague : si tu te retrouves dans une souricière et que tu es attaqué d'un côté par les Allemands, de l'autre par les Russes, sur qui est-ce que tu tires en premier ? " Les Allemands, répondait-il. D'abord l'effort, ensuite le réconfort."Comment le pays se cache derrière un "ce n'était pas de notre faute", comment tout le monde essaye d'oublier chacun à sa façon et surtout la lutte d'une poignée pour justement que l'on oublie pas le peuple juif polonais qui habitait là avant. Qui peuplait plus de la moitié du village de Jadowia.Sujet lourd s'il en est, creuser ainsi la culpabilité collective et individuelle, le choix de la mémoire ou de l'oubli. Sujet maintes fois exploré également. Sujet qu'habituellement j'évite, simplement pour un besoin de plus de légèreté. Voilà donc un roman que typiquement j'aurai abandonné en début de lecture... et grâce au fait que c'était un partenariat j'ai poursuivi et je me suis laissée embarquer par la force du récit. Mais aussi et surtout par la qualité de l'écriture de l'auteur. Ce fut un vrai plaisir et j'en suis ressortie envoûtée. Une plume franche, parfois crue mais sans exagération, une plume bien souvent poétique malgré la lourdeur du sujet.Il n'y a pas de héros ici, chaque personnage est "banal" : un paysan, un véto, un employé, un maire. Mais l'auteur les rend denses, attachants, chacun avec leur façon de justifier le passé, leurs actions. Et même si on ne cautionne pas toujours, on comprend.Si on devait trouver un héros dans ce livre, ce serait la forêt qui entoure Jadowia. L'auteur la décrit avec tant de force, tant de détails qu'on la visualise aisément. Elle est omniprésente dans ce récit où elle joue un ôle prépondérant aussi bien dans le passé qu'aujourd'hui. Elle cache tant de secrets...Amateurs de sensations fortes, passez votre chemin, en revanche amateurs d'émotions brutes ce livre est pour vous.

Lecture faite en partenariat avec News Book et les éditions Sonatine.
Et je voulais rajouter que ce livre, ce pavé plutôt, est de toute beauté. La couverture est magnifique !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Phooka 16646 partages Voir son profil
Voir son blog

Dossier Paperblog

Magazines