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Indécence absolue de la politique italienne

Publié le 25 mars 2011 par Jean-Marie Le Ray
La politique italienne est une pute de la pire espèce. Je ne parle pas des prostitué(e)s qui vendent leur corps mais conservent leur dignité d'êtres humains, non, je parle des traînées dont tous les trous sont déjà bouchés et qui vendent au plus offrant les restes que la nature a mis à leur disposition, dans un souci d'égalité mal récompensé, du coeur à l'âme, du cerveau aux sentiments.
Et dire qu'entre eux les politiques italiens prétendent qu'on les appelle "honorables", un titre inversement proportionnel à leur bassesse d'esprit, un titre dont seule la pompe va comme un gant préservatif usagé à tous ces pompeurs de ... (je vous laisse remplir les trous).
Ils confondent députés et des putes, probablement un problème d'accent, voire députés et "imputés" (le terme italien qui désigne le prévenu, tandis que "indagato" désigne l'inculpé, ou mis en examen).
Honneur à l'imputé en chef, donc, Silvio Berlusconi, appelé à comparaître dans quelques jours, entre autres..., pour concussion et instigation à la prostitution de mineurs, mérite d'un chef de gouvernement assez rare pour être souligné, qui vient de nommer cette semaine un nouveau ministre de l'agriculture, lui aussi en attente de connaître son sort, puisqu'il fait d'ores et déjà l'objet de deux mises en examen, l'une pour "participation externe à une association mafieuse" (concorso in associazione mafiosa), et l'autre pour "participation à la corruption, aggravée par le fait d'avoir favorisé l'association mafieuse" (concorso in corruzione aggravata dall'aver favorito l'associazione mafiosa).
Pas grand chose, me direz-vous, vu le CV de l'actuel premier ministre, on comprend que les derniers arrivés dans l'équipe gouvernementale aient un souci légitime d'émulation.
Certains s'étonnent quand même de la situation, comme le Président de la République italienne, Giorgio Napolitano, qui a d'abord tenté de dissuader Berlusconi de nommer ce ministre en particulier, avant d'en contresigner la nomination en même temps que son service de presse publiait un communiqué officiel pour exprimer tous les "doutes" et les "réserves" du Président sur l'opportunité politique et institutionnelle d'une telle nomination...
Bien évidemment, le néo-ministre s'est empressé de se déclarer déçu par le communiqué, "inexact" de son point de vue. La Présidence de la République lui a immédiatement répondu en l'invitant à "relire le communiqué"...
PierLuigi Bersani, chef de l'opposition, a qualifié cette nomination comme l'un des épisodes les plus noirs de l'histoire de la République italienne.
Ambiance !
Berlusconi a donc dû insister en déclarant qu'il assumait personnellement toutes ses responsabilités dans cette affaire, pour une nomination incompréhensible si l'on ne sait pas ce qu'il y a derrière. Et pour comprendre ce qu'il y a derrière, à part le message implicite à la mafia, il faut remonter au 14 décembre 2010, lorsque Berlusconi a été sauvé sur le fil grâce à "trois petites voix", mais qui lui ont permis de se tirer indemne de deux motions (l'une de confiance sur sa personne et l'autre de censure sur son gouvernement), et, surtout, seule chose qui lui importait vraiment, de conserver son immunité pénale...
Or le pire dans tout ça, c'est cette "majorité du parlement italien" qui n'a que quelques voix d'écart sur l'opposition parlementaire et dont beaucoup, en sachant que leur vote est absolument primordial pour maintenir ce bouffon de Berlusconi au pouvoir, n'hésitent pas à monnayer - cher, très cher - leur appui.
Comme nombre de ceux qui ont brusquement changé de camp dans le mois qui a précédé la motion de confiance, en donnant un spectacle indécent de la politique italienne, plus puante qu'un marché aux bestiaux ! À tel point que dans les jours à venir, Berlusconi devrait publier un décret qui lui permettra d'élargir son "équipe gouvernementale" pour y faire entrer tous les transfuges (une bonne vingtaine, selon certaines prévisions) qui piaffent d'impatience et dont Saverio Romano n'a été que le premier.
La déplorable situation du gouvernement italien est donc celle d'un chef de gouvernement sous chantage permanent, chose que dénoncent ouvertement et quotidiennement les observateurs et analystes de tous bords (sauf ceux qui sont à la solde du pouvoir, bien sûr), qui a un besoin extrêmement urgent de se faire voter de nouvelles lois pour lui assurer une impunité ad vitam æternam...
Bien évidemment, face à une cette impérative nécessité, vitale pour l'intéressé, les prix montent. Et vite.
C'est probablement un hasard, mais la nomination du néo-ministre de l'agriculture tombe pile au moment où les magistrats s'apprêtent à demander au parlement l'autorisation d'utiliser les écoutes téléphoniques qui l'ont surpris en conversation avec des personnages peu recommandables, et gageons que le parlement se fera un plaisir de refuser la requête des magistrats, alors qu'il s'agit là d'éléments de preuve qui auraient probablement un poids déterminant dans la mise en examen du ministre.
Autant vous dire que dans le contexte nauséabond généralisé du cloaque italien, la politique - la vraie - n'a plus droit de cité et qu'aucun - absolument aucun - des gigantesques problèmes qui accablent la société italienne n'a plus le moindre espoir d'être traité par cette classe politique dégénérée et gangrénée jusqu'à la moelle.
Dont les seules préoccupations consistent à s'en mettre plein les poches sur le dos du peuple et à taper sur les juges de toutes les manières possibles. Je vous raconte pas les lois qui sont en préparation, il me faudrait plusieurs billets pour vous en donner un faible aperçu, disons juste qu'elles arrivent en droite ligne de la subversion piduiste dont Berlusconi fut - et reste - un membre éminent. En tout cas, s'il y a une chose qu'il faut reconnaître à ce triste énergumène, c'est sa pugnacité, puisqu'après des décennies d'efforts incessants, il est sur le point de réussir son coup d'état démocratique et légal, une grande première dans l'histoire de l'humanité, avec le consentement passif et coupable (extrêmement coupable, à la limite de l'indifférence, même) de la société italienne, sans couilles et sans âme, qui vit comme une fatalité inéluctable les cancers mafieux et cet océan de corruption politique et sociale qui l'affligent.
Je me sens tellement impuissant face à ce déferlement de merde humaine, cela fait déjà des centaines de billets que j'écris sur ce blog et mon blog italien pour dénoncer une situation sans précédent dans un pays soi-disant "démocratique", un pays inimaginable, mais j'obtiens à peu près le même résultat que la fameuse piqûre de moustique sur le cul du mammouth.
Tiens, je vais aller vomir mon âme, ça me soulagera un peu, jusqu'à ce que le trop-plein se reconstitue et qu'il ne déborde dans un prochain billet...
Jean-Marie Le Ray
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