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Grappillages 2011 (16)

Par Mauss
C'est l'heure du match. Il fait frais et beau. Les jus fermentent doucement dans les cuves et dans beaucoup de régions, on me dit que ce furent des vendanges difficiles, fatiguantes pour le personnel. Mais, au final, les quantités semblent présentes et ceux qui ont bien travaillé l'été, ceux qui ont les techniques modernes de vinification, ne devraient pas faire trop mal.

IMAGES DU VIN A BORDEAUX

Malgré les reportages dithyrambiques d'amateurs style Leve ou Litwak sur le site de Parker, Bordeaux souffre nettement aux USA - un peu moins en Europe ? - d'une image négative tant que les prix ne reviendront pas à un niveau acceptable. Le chemin sera long, difficile, plein d'embûches et ceux qui doivent le parcourir ne le feront pas le sourire aux lèvres.

On parle déjà d'un Premier qui, réduisant considérablement la future quantité de son premier vin, essaiera probablement de justifier un prix par une offre sérieusement réduite.

Bien évidemment, et comme d'habitude, les dommages collatéraux toucheront d'abord les producteurs faisant très bon, style Haut-Carles, mais n'ayant pas encore la notoriété nécessaire à les soutenir dans leurs efforts de pénétration sur le marché des grands vins. Ils souffrent et souffriront encore de ce gouffre entre quelques uns et la masse des autres : se tenir au milieu, sur la corde raide, n'est guère facile.

LA BOURGOGNE

On l'a dit ici depuis plusieurs années : la Bourgogne est "la" région qui monte avec un formidable atout : une image de passion positive et un redoutable handicap : des quantités ridicules face à un monde d'amateurs cherchant les flacons des meilleurs domaines. Il n'est que temps, amateurs que vous êtes, d'aller vous inscrire sur les listes de noms faisant bon à très bon, et pas encore obligés de vous répondre "non".

Cherchez bien à St Romain, à Pernand, à Savigny, chez Taupenot-Merme, chez Borgeot, Duband, Comtesse Heresztyn, et autres noms que vous aurez soin de cocher dans vos guides préférés.

Un des tests de la croissance de cette région va se faire début novembre à Hong-Kong (nous y serons) où la maison de vente aux enchères Acker-Merrall va vendre 1/4 de la plus belle collection de bourgognes au monde, celle d'un américain qui collectionne depuis perpète et qui aligne en cave des caisses et des caisses de Rousseau et autres DRC, (caisses qui n'ont jamais bougé de chez lui) pour une valeur globale estimée à 40 millions de $. Acker espère atteindre avec ce quart mis en vente une somme record donc de 10 millions de $.Il y aura à peu près 10.000 bouteilles en vente : c'est dire le niveau !

Que la Chine vienne aussi vite aux crus bourguignons, voilà qui en dit long sur la vitesse à laquelle les amateurs asiatiques vont truster nos joyaux européens.

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Monsieur Charles, un des hommes les plus respectés de la Bourgogne

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Son vin mythique

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Son fils Eric Rousseau, la modestie même : aussi grand que le Père

L'ITALIE

L'Italie n'est pas en reste, loin de là. A Singapore, les crus de la Péninsule sont en vogue, et le mouvement semble solide. Il est vrai que les italiens savent réagir au quart de tour. je ne donne q'un seul exemple.

Sollicité par la HKTC, le GJE va mener deux dégustations de prestige à Hong-Kong dont l'une sera destinée aux pinots noirs européens, l'autre à la diversité italienne. Quand j'ai contacté nos amis producteurs italiens, de la Sicile à Elisabetta Foradori, de Voerzio à Castigliano (Querciabella), pour connaître leurs importateurs à HK où on achètera directement les vins, les réponses ont été immédiates, plus que positives, enthousiastes. On est loin, très loin des engagements timides, plus rares qu'on obtient, pour de telles manifestations, du côté français. C'est très regrettable.

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La beauté pure des étiquettes italiennes

ALSACE, RHONE, AUTRES REGIONS

Plus que jamais, pour bénéficier d'un effet de levier et créer des événements qui appelleront les foules, il faut s'associer. J'attends beaucoup du séminaire qui traitera de ce point au prochain WWS à Villa d'Este oùWilli Klinger (Autriche) et Alain Raynaud (CRD) nous entretiendront sur ces forces à créer.

LES REGLEMENTATIONS

Si ça chauffe un tantinet au niveau européen qui souhaite rendre libre les droits de plantation, au niveau français où on doit adapter la législation des AOC qui ne seront jamais un blanc-seing de qualité (suivre le blog de Lalau qui en parle régulièrement: ICI) , si le classement de St Emilion a l'air sur les rails (les propriétés déposent bien des dossiers qui ont été particulièrement difficiles à constituer), le futur semble quand même s'orienter vers la création de marques, mode le plus efficace pour fidéliser les nouvelles clientèles, disposant de pas de temps pour se renseigner et lire des textes qui, fatalement, leur sembleront barbants à souhait !

PARKER

Je sais, je sais : on me reproche de trop en parler, mais que voulez vous : cet homme est à une croisée de chemins, allant tranquillement à la retraite et donc c'est toujours intéressant de lire ce qu'il dit, ce qu'il pense, et comment il voit l'avenir dans son métier, lui qui y a façonné une position qui restera unique. On lira donc avec intérêt l'interview qu'il a donnée à Suzanne Mustacic: ICI.

Un rien désabusé mais où on a le sentiment de "l'apprenti sorcier", l'homme dépassé par ce qui s'est fait sous son nom, tout en relativisant fortement une puissance qu'on lui prête à trop haut niveau.

CINEMA

Court, bref : j'ai adoré DRIVE. Autant que MELANCHOLIA, bien que dans un tout autre registre. C'est simple : allez y !

LECTURE CULINAIRE

Très belle page de François Simon dans le quotidien Figaro (page 37) où il nous parle des "lièvres à la royale" qui ne vont pas tarder à honorer les plus belles tables françaises. J'en ai beaucoup goûté l'an dernier, du classique exceptionnel de Robuchon à la version parfaite de Pégouret au Laurent, sans oublier celle des Haeberlin et sans doute autres chefs (L'Astrance) travaillant soit la version "Antonin Carême", soit la version "Sénateur Couteaux", soit une combinaison originale des deux. Ma référence absolue reste celle de Paul Haeberlin, du temps des grandes heures, où le mets arrivait en cocotte sur table et où on s'en rassasiaient les babines à la fourchette.

Comment ? Face à la quasi totale inutilité d'acquérir ces trop grands (et bien trop chers) livres de cuisine, essentiellement destinés à la gloriole de chefs de passage, il n'est que temps pour vous, ignares gastrolâtres, de chercher le seul vrai livre de belles recettes à l'ancienne, j'ai nommé l'ALI BAB d'Henri Babinski, un homme à qui on ne le faisait pas !  Si les recettes d'Escoffier, Nignon, Dubois et autres gloires culinaires sont hors du temps et trop difficiles à faire intégralement de nos jours, l'ALI BAB lui, est parfaitement adapté à l'intemporel. Je peux le dire, puisque je le pratique, mécréants ! :-)

MUSIQUE

Le MET renouvelle les diffusions internationales de ses opéras dans des cinémas choisis. Le confort des sièges de ces salles, la qualité du son, la taille de l'image, tout cela devrait réduire le manque cruel d'y assister en "vrai". Planning dispo sur le site UGC.

FINANCE, POLITIQUE, PRESSE

Petit à petit, que ce soit dans "C dans l'Air" ou à travers de solides articles argumentés (Le Point, Le Monde, Courrier International), on commence à comprendre que nous allons vivre des années difficiles où on ne pourra plus vivre à crédit et où les solutions - qui existent - sont extrêmement délicates à mettre en oeuvre, tant il est vrai que les banquiers vont se défendre férocement pour ne pas être les seuls à digérer la pilule. Les prochains Présidents, France, USA puis Allemagne et Italie, vont devoir parler churchillien.

Bon, on va pas commencer à pleurer misère. On a aussi de sérieux atouts et il semble qu'il faille peu de choses pour remuer un peu tout le monde et créer un nouveau climat qui devrait permettre de traverser ces turbulences annoncées avec de nouvelles forces. Le très beau reportage sur la chaîne Histoire, sur la vie, les idées de Otto de Habsbourg-Lorraine devrait être pris en exemple par bien des politiciens. Un immense européen, comme Schumann et De Gasperi l'ont été du temps d'Adenauer et De Gaulle.

La France mène 9 à 3 (il est 11H14). Un signe ? Yes, je prends !

PS : deux oublis

Deux livres à acquérir pour qui aime les grands chefs et le cinéma.

La Gloire des Etoilés, une BD dont François Simon dit qu'elle est d'une férocité joyeuse à souhait

C'était Bory, de Daniel Garcia et Janine Marc-Pezet (avec 2 CD) où nos jeunes lecteurs découvriront la voix unique et les débats d'anthologie entre Charensol et Jean-Louis Bory du temps des grandes heures du "Masque et la Plume".

PPS à 11H52 : purée ! Ce fut raz les fesses ! 9 à 8 ! J'ai des amis à Toulouse qui vont boire, grand, très grand à midi, ce soir et demain :-)


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