Magazine Beaux Arts

La tectonique des sentiments avec Clémentine Célarié et Tcheky Karyo

Publié le 27 février 2008 par Eparsa


''Avec La tectonique des sentiments, je vous présente à la fois ma dernière pièce et ma première mise en scène. Autant dire que je subis une peur maximale et que, si j’y survis, nous aurons - enfin - la preuve expérimentale qu’on ne meurt pas de trac.
Depuis Petits crimes conjugaux, créé par Charlotte Rampling et Bernard Giraudeau en 2003, je n’avais pas écrit de nouvelle pièce, absorbé par l’écriture romanesque et cinématographique.

D’ailleurs, peut-être cela apparaîtra-t-il, en sous couche, dans La tectonique des sentiments…

Partant d’une anecdote racontée par Diderot, l’auteur qui me nourrit depuis toujours, j’ai tenté de représenter les complications de la passion dans le monde contemporain où l’équilibre entre les deux sexes s’est quelque peu modifié.
Diane, femme politique, députée au service des femmes, mène une brillante carrière parmi les hommes, parfois contre les hommes : aussi redevient-elle fragile lorsqu’elle aborde la relation amoureuse. Séduite par Richard, elle coule des jours heureux avec lui jusqu’à ce qu’elle doute qu’il soit aussi passionné qu’au début. Rongée par l’inquiétude, elle va déclencher une série de réactions, d’événements, qui vont modifier définitivement l’existence des cinq personnages. Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Ce qui existe seulement dans l’imagination de quelqu’un n’est-il pas vrai pou autant, surtout si cela modifie la réalité ? Je retrouve des thèmes qui m’ont toujours obsédé et j’en ajoute d’autres :

Quelle est la part d’orgueil et d’humiliation dans l’amour? Commence-t-on à n’aimer qu’une fois qu’on n’est plus amoureux ? Si j’ai choisi de mettre en scène cette pièce, ce n’est pas par manque ou frustration envers mes metteurs en scène, - au contraire, je remercie les centaines d’artistes qui ont monté mes oeuvres dans le monde - c’est pour aller, ne serait-ce qu’une fois, jusqu’au bout de mon rêve théâtral. Porter ces personnages qui ont habité mon esprit pendant des années, qui m’ont imposé leurs mots et leurs actes lors de l’écriture, jusqu’à l’autel du baptême: les planches, le public.

Dans le passé, il était courant que les dramaturges devinssent leur metteur en scène ; aujourd’hui, pour des raisons à la fois sociologiques, politiques et artistiques, l’entreprise se révèle plus rare. Si j’ai franchi le pas, c’est qu’à force de voir mes pièces dans toutes sortes de langues, de traditions et d’esthétiques théâtrales différentes, de l’Allemagne à la Russie, de la Finlande au Japon, j’ai fini par me forger ma propre idée de ce que pouvait être une mise en scène de mes pièces.

Et puis j’en avais assez d’avoir des rapports mondains avec les acteurs -déjeuners de politesse ou festins les soirs de générale - j’avais envie de travailler avec eux, de transpirer avec eux, de trébucher, de chercher, de trouver avec eux.
A l’heure où j’écris ces lignes, ils me comblent par leur force, leur audace, leur talent, leur exigence.
'' Eric-Emmanuel Schmitt


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