Taken – Liam Neeson en colère

Petite inversion cette semaine. Le sujet idiot a été traité hier, aujourd’hui place au cinéma. Sur les rangs, la dernière production Besson : Taken, réalisé par Pierre Morel, déjà responsable de Banlieue 13. J’en profite pour pousser mon petit coup de gueule du jour : il est super difficile d’arriver à trouver une salle diffusant The Mist de Franck Darabont. D’autant plus étrange que cet abonné aux adaptations de Stephen King a obtenu de beaux résultats en termes d’entrées avec Les Evadés et La Ligne Verte… Il serai bien que les distributeurs arrêtent de censurer la moitié de la production en sacrifiant ainsi de bons films…

Taken – Quand Liam Neeson tombe vers le côté obscur

Liam, c’est un mec cool. Au cinéma, on l’a toujours vu dans des rôles de gentils. Avec ses traits plutôt doux, il écope toujours des rôles de mentor, ou de gentil rebelle. Dans Taken il se retrouve donc sérieusement à contre-emploi.

Une affiche particulièrement moche

Alors de quoi que ca cause-t-y dont ? Bryan est un ancien agent des services secrets américains, qui a pris sa retraite pour pouvoir se rapprocher de sa fille, que son ex-femme lui laisse peu souvent approcher. Lorsque Kim, sa fille, part pour un voyage à Paris, Bryan le gentil papa parano « qui connaît le monde » est inquiet, mais il la laisse partir. Catastrophe : à peine arrivée sur le sol français, Kim se fait kidnapper par des méchants albanais qui froncent les sourcils. Bryan n’est pas content, alors il vient lui aussi en France pour leur péter les rotules, leur faire manger leurs dents, et éventuellement discuter philosophie comparée.

Kim (Maggie Grace) de dos et sa mère jouée par la toujours bombasse Famke Janssen

Avec Luc Besson et Robert Kamen au scénario, forcément, il n’y a pas d’intrigue secondaire ou de psychologie fouillée des personnages… ici c’est une ligne droite qui emmène notre Liam préféré jusqu’à sa fille en faisant le ménage sur son passage.

Une fois admis le fait que le film est tout sauf subtil, qu’il fait l’apologie de l’autodéfense (en même temps, je pense juste que gros Luc avait envie de raconter une histoire simple, et en aucun cas dire que tuer tout le monde c’est cool, contrairement à ce que certaines critiques laissent entendre), y-a-t-il des choses intéressantes ?

Liam fait le ménache sur les bateaux-mouches

Bizarrement oui. Je m’attendais à voir un bon gros navet. J’avoue que Banlieue 13 m’avait vraiment échaudé, car à part ses quelques minutes de cascades par David Belle et Cyril Raffaelli, on s’ennuyait ferme. Ici le casting est déjà beaucoup plus solide. De vraies gueules, un Liam Neeson qui sait jouer et arrive à être crédible en mec sans pitié, des petites frappes intéressantes (dont une partie des acteurs de la bande 4-16prod, youhou !), des scènes de combat courtes mais intenses, avec ce qu’il faut de découpage pour qu’on voit Liam mettre des gnons et tirer dans le tas tout en restant crédible.

On est un peu à l’opposé du Transporteur ou du Baiser Mortel du Dragon. Le côté fun et crétin du premier ou poseur du deuxième sont totalement absents. Morel raconte une histoire sèche et violente, sans second degré, rapide et efficace.

Liam, finalement très crédible en tough guy, malgré ses presques 60 ans

Au finish l’impression reste mitigée. Ce qui reste du film, avec un scénario aussi basique remplit son cahier des charges. Mais on regrette, vu cette bonne base assurée, que Morel ou Besson n’aient pas tenté de creuser un petit peu plus leurs personnages, d’aller un peu plus loin soit dans le discours soit dans la violence… bref de transformer un solide film du samedi soir, presque calibré pour la télé, en un vrai film parlant de la traite des blanches (sujet qui n’est ici qu’un prétexte).

Sans être le navet de série Z dénoncé par des critiques n’ayant a priori pas vu le film, on reste un peu sur notre faim. Gageons que Morel saura apporter un supplément d’âme et surtout de profondeur à sa prochaine réalisation et qu’il pourra peut-être jouer un peu plus dans la cours des grands.