On croyait pouvoir souffler un peu après nos journées transalpines : que nenni ! Le monde du vin ne connaît pas de répit. Partout des manifestations, des invitations, des dégustations, ici un Grand Tasting, là les Ventes des Hospices, ailleurs des domaines qui veulent mieux se faire connaître… et le beaujolais-macônnais à revisiter, histoire de savoir si les petites crèpes et les cuisses de grenouille d'Emile Job sont toujours aussi succulentes.
Et donc, hier soir, selon une tradition bien établie, Bouchard Père et Fils recevait une trentaine de personnes du monde de la communication, autour de quelques joyaux extraits des caves centenaires du Château de Beaune dont un sublime Vigne de l'Enfant Jésus 1891 (lire le billet de Nicolas) : LA.
Issu de vignes pré-phylloxériques, simplement : un vin éternel Outre une cuisine en excellence, cette icône des caves Bouchard Père et Fils, offerte ce soir là en belle générosité, était précédée d'autres crus de la Maison superbement choisis : Si le Corton-Charlemagne et encore plus le Chevalier-Montrachet étaient des cathédrales (finesse, élégance, classe des longues finales), le Montrachet (dans un style maintenant différent chez Bouchard Père et Fils) avait la luxure des églises baroques, telle celle de Sankt Gallen chez nos amis helvètes.Le Corton 1961 : deux mots pour le qualifier : profond et rémanent niveau X puissance Y Chaque cru pouvait être facilement l'élu d'une soirée dédiée. La cuisine, toujours une belle référence ici, était à la hauteur, comme l'étaient les divers commentaires savants nous expliquant les angoisses du vignoble lors du phylloxéra qui exigea des patiences folles pour vérifier la réussite de greffes empiriques qui portaient des noms étranges mêlant chiffres et lettres.Même François Audouze, dont l'épanouissement physique n'a d'égal que son épanouissement intellectuel (il a dégusté des 2010 : si, si !!), a su rester simple pour dire sa réelle émotion devant ce vin éternel qu'est ce 1891.Merci à la Famille Henriot qui nous reçut ni à la "matuvu" ni "petits bras". La sympathie était là comme le respect pour les anciens, pour toutes ces générations qui nous donnent encore des preuves incontestables d'un génie humain associé si étroitement à une terre bénie des dieux pour la vigne. Nicolas, Philippe, Andreas et un sage anglo-saxon tout plein médaillé.
LECTURE Pour rester en Bourgogne, et si vous aimez l'histoire et son implication dans cette magie du vin, lisez le très bel ouvrage, superbement illustré, intitulé "Saint-Vincent de Vergy". Ouvrage collectif, publié par les Editions Gaud, vous aurez là un livre de référence à mettre à côté de votre Docteur Lavalle et votre Cordier, ou l'original, ou celui réédité par Jeanne Laffitte dans les années 80. C'est érudit, dense, multiple mais rien ni personne ne vous demande de le lire d'un seul trait. Au contraire, à déguster, assimiler lentement, à bonne température, comme si vous aviez en mains un La Tâche 1999, probablement la référence absolue du cru pour des décennies, sinon des siècles.Non Laurentg, non : on se tait !
MUSIQUE ET FILM Il dure 7h46 minutes. En 3 DVD. Avec Richard Burton dans le rôle titre. Ce film de Tony Palmer (un britton : nobody is perfect) retrace la vie exceptionnelle de Richard Wagner, un génie qui a pu mener 4 vies en une seule. Voilà, pour vous amoureux de Parsifal, le cadeau idéal pour les longues soirées d'hiver. Sur ces nouveaux écrans plasma grand format, avec le son sur votre Krell ou Macintosh, vous pouvez atteindre des niveaux de plaisir quasi indécents (merci ne pas oublier le Jouanda millésimé qui accompagnera votre soirée). UNE PHOTO BIZARRE Il y avait brouillard à la sortie du Château de Beaune, avec un arbre épanoui dans ses couleurs d'automne illuminées. Voilà se que donne le brouillard sur un numérique de base : étrange, non ? Comme si l'objectif était mouillu :-)