Etape aux Crayères des Gardinier

Me voilà en terres champenoises pour assister demain lundi au Concours du Meilleur Jeune Sommelier de France, organisé cette année par la Maison Duval-Leroy.

J'en ai profité pour une visite aux Crayères de la famille Gardinier. Non, non : seul, on ne va pas bloquer une table dans le grand restaurant et on est déjà très heureux d'avoir obtenu une place dans le Bistrot qui a été construit dans le parc géant de ce Relais & Châteaux. Vouv voyez qu'on peut être raisonnable :-)

Grand bien m'en fit ! Non seulement la cuisine est top de top dans le style "bistrot-cuisine de ménage", et à prix très doux, mais surtout quel bonheur de voir à quel point cet établissement a une politique "vins" plus que remarquable. Une page entière de champagnes proposés à moins de € 50. Il y a là une association d'une grande intelligence entre une région productrice et ses meilleurs restaurants. Pourquoi ne constatons-nous pas la même chose ailleurs ? Pourquoi les restaurants bordelais font-ils des culbutes maousse-costauds alors qu'ils pourraient eux aussi étudier en joyeuse sagesse des propositions de grands crus avec des marges de 2 maxi ?

Petit entretien avec le sommelier du grand restaurant. Ici, on débite plus ou moins 40.000 bouteilles de champagne par an, et cette appellation fait environ 50 % des ventes. Belle défense de la région ! On parle des rouges, et il me vante la qualité de celui d'Egly-Ouriet, qui bénéficie d'un micro-climat singulier. Mais on est loin de l'époque "Gault&Millau" où les Bouzy de Vesselle étaient des quasi-obligations parisiennes. Une mode qui reviendra ?

Ce qui m'a beaucoup intéressé dans notre discussion avec ce sommelier particulièrement compétent, c'est sa réussite à conseiller environ une table sur deux, son souci majeur étant tout le temps de proposer les meilleurs mariages avec les mets choisis.

Oui, les choses ont changé. oui, la sommellerie a un bel avenir pour autant que les jeunes générations soient formées, oui les gastronomes sont de plus en plus sensibles à discuter, partager, suivre les avis des sommeliers, le vin devenant un sujet majeur des discussions à table.

Bravo à la famille Gardinier, également propriétaire du Taillevent à Paris, pour avoir créé un nouvel état d'esprit qui colle parfaitement à notre époque où on veut écouter, apprendre sans partir dans des dépenses somptuaires qui ne sont plus vraiment d'actualité.

Belle finalité avec un D4 somptueux, dégusté en terrasse devant le parc. J'ai honteusement profité du bar des Crayères où tant de souvenirs revenaient par vague, du temps des grandes heures avec Gérard Boyer. La magie est toujours là, les armagnacs en bonne place, et le personnel a exactement le ton qu'il faut pour entretenir cette saine béatitude des après-déjeuners dans des fauteuils vous accueillant luxurieusement :-) Ce bar : une référence en France. Et ça ne se discute pas !

Les Crayères à Reims