Magazine Journal intime

Meurtres sur Facebook ( Fiction)

Par Francois Moussirou @LESALONIVRE
Meurtres sur Facebook ( Fiction)

V

oilà ! Je suis un serial killer mais aujourd’huij’ai besoin de faire un gros coup. Fini les demoiselles suivies et étranglées àla sortie d’un supermarché dans une impasse. Je veux construire ma légende.Cette fois-ci, je veux faire la première page de tous les magazines, qu’onparle de moi comme un sadique et profond pervers. Les temps ont changé. Il estbien loin le temps des tueurs en série qui avaient une case en moins dans latête. Le meurtre c’est banal. Un fait de société comme un autre. Un exutoire socialet politique. Je veux du prestige. Ma notoriété sera acquise. Il faut qu’onparle de moi. Andy Warhol en serait fier. Un quart d’heure de célébrité pourtous. Je vais donner du fil à retordre au législateur.

Dans le passé, je tuais par plaisir et sansgrande invention. Ce délice de voir le sang perler, d’étouffer mes victimesjusqu’à la dernière respiration, de capter le battement des cœurs quis’accélèrent…Que l’homme est une mauviette face à la mort ! On ne m’ajamais coincé pour chacun de ces homicides. Des crimes que j’ai commis trèstôt. Le premier était de la pure vengeance. Une camarade de classe qui semoquait de moi en public. J’ai fermé ma gueule. Principe de base si tu veuxarriver à tes fins. Trois semaines plus tard j’ai saboté son scooter. La gamines’est fait exploser le crâne par une voiture à la sortie des classes. Un coupde génie ! Ce fut mon baptême de criminel. Le collège entier était endeuil pendant que je savourais ma première victoire !J’ai attendu ma majorité pour commettre monsecond caprice.  Les flics n’aiment parla provocation. Ce sont des fonctionnaires. Ils aiment mieux surveiller lestrains de banlieue que s’occuper des affaires sérieuses. Ce jour-là je n’avaisaucun mobile, je faisais paisiblement mes courses dans le Prisunic de ma villelorsqu’une demoiselle bien pressée me bouscula pendant que je prenais mon packfavori de six bières Amstel. Ce fut son erreur fatale. Mon instinct criminelétait de retour avec de la maturité et du vice. Faut que je vous dise tout desuite, je déteste les armes à feu. Je laisse ça aux gangsters qui veulent enfinir vite. La mort n’est quand même pas une petite affaire. Ça n’arrive qu’unefois quand même. Et tout ce qui est unique mérite qu’on y prenne du temps. Dela précision. Il en faut. En toute chose. Donner la mort c’est noble quoiquevous en pensiez. J’ai délicatement suivi cette princesse citadine. Le panier decourses rempli de bières, de tomates et un couteau de table !A la sortie du supermarché, l’excitationgrandissait comme un bébé qu’on porte dans le ventre. La jeune dame marchaitinsouciante le jour de sa mort proche. L’instant fatidique n’était plus loin.Elle entra dans son immeuble. La question était simple : Devais-je luitrancher la gorge dans sa cour d’immeuble ou dans la cage d’escalier ? Lapremière option est plus cinématographique. J’ai un sweat à capuche. Personnen’aura le temps de voir ma tronche. Je la prends par surprise. Un bon coup dansla gorge. Je l’éventre et  deux coupsdans le cœur, le tour est joué…Aussitôt pensé que j’avais déjà exécuté maperformance en envoyant au bon Dieu le soin de comptabiliser mes péchés. Lafemme n’avait pas eu le temps de crier. Une mort douce et cruelle. Sans bruitet empourprée. J’ai filé à l’anglaise et son visage trépassé n’a jamaisembarrassé ma conscience. J’étais fait pour ça. La question du bien ou du malne se pose pas. J’ai cette inclinaison pour le meurtre, un point c’est tout.Nous naissons avec nos talents et j’avais trouvé ma voie. Tuer à tour de mains,de coups de couteaux, de pack de six bières Amstel. D’antan Je n’aimais pastrop la préméditation, j’aimais le caractère instinctif de mes actes.L’adrénaline c’est ce qui me motivait. Dix ans ont passé, j’ai fini par melasser de cet aspect de mon art qui consistait à restituer la beauté d’unsouffle avant la mort ! Les deux années précédentes j’ai fait unedépression. Je ne trouvais plus de plaisir dans mon art si bien que j’ai finipar travailler dans une boucherie pour m’exercer sur des bêtes sans paroles etsans âmes à longueur de journée.J’en étais donc à cet instant de ma vie où ilme fallait un tournant. Je déprimais de ne pas avoir été coincé par la police.Toutes mes affaires avaient été classées sans suite comme si ces victimesméritaient vraiment la mort. Je compris donc que ce qui intéressait l’autoritépublique c’était du bruit, du bavardage, du sensationnel, du populaire.L’humain aime la joute tant qu’il ne se mouille pas. J’ai trente ansaujourd’hui et je ne peux pas laisser des imbéciles comme Marc Dutroux me volerla vedette. Je veux du poignant et c’est moi qui vais l’empoigner cettesociété. Je vais faire du spectacle dans la société du divertissement et desclics sur internet. Il me faut une cible. Facebook. Oui vous l’avez bienentendu ; je vais commettre des crimes grâce à Facebook.  Comment n’y ai-je pas pensé tout de suite.C’était pourtant évident. De mémoire d’homme, on n’a jamais vu pareilleexception. Des humains qui donnent à voir au monde entier des informationsaussi importantes sur leur état civil. Pas besoin de leur mettre un couteau surla gorge pour savoir tout sur leur vie. Ils le font de leur propre chef.Unique. C’est mieux que la C.I.A, le FSB, le MOSSAD ou n’importe quelle agencede renseignements. Non ! Les hommes ont franchi un nouveau cap dans labêtise ! Tout ça pour une quête de gloire et de reconnaissance ! Jevais leur offrir du velours de criminel.La Partie ne sera pas simple mais j’aime lesdéfis. Tout d’abord je tiens à éviter de ressembler à tous ces blaireaux quicommettent des crimes passionnels qu’ils auraient pu s’éviter en allant voirune pute. Cette fois-ci, il y aura du choix de la sélection, du glamour. Mesproies seront sublimes. À l’image de ce qu’elles auront voulu renvoyer aumonde. La vie s’ordonne en proportions. Hommes ou femmes seront de la partie.Je tiens à respecter mes victimes. A leur laisser du rêve avant le vide etl’oubli. Ce ne sera pas simple mais la technologie sera de mon côté.La méthode est simple. J’ai créé un profild’un homme respectable en société avec un emploi à connotation rentable.J’habite Helsinki mais je voyage dans toute l’Europe. Des photos de moi un peupartout sur la planète. Le sourire et jamaisde mauvaise humeur. Always happy. That’sthe rule if you want to play the game. Ensuite j’enverrai des demandes d’amis àtoutes les personnes que j’aurai sélectionnées dans mon chart des dix personnesà tuer sur Facebook.   Je mefamiliariserai progressivement avec eux. J’inventerai des passions communesdont je n’en ai pratiquement rien à foutre mais ça fera tourner le disque de l’amitié.Je ferai des petits commentaires qui les feront plonger dans une estime folledingue de leurs goûts de chiotte en tout genre. Après quelques mois je seraileur ami. Enfin une rencontre sera la bienvenue ! On sympathisera mieuxque sur nos claviers virtuels puis elles me donneront leur numéro de téléphone.Une fois cette étape franchie, je ne ferai plus rien. Je patienterai,tranquillement dans mon coin. J’attendrai le moment propice afin d’éviter toutcontact et toute trace récente d’un lien avec cette personne. À ce momentj’agirai. Je surveillerai ses localisations par téléphone et autres gadgetstechnologiques puis je me pointerai à son domicile en son absence. Jel’attendrai patiemment le soir dans la pénombre de son appartement en prenantle thé la clope dans le bec. Une fois rentrée chez elle je lui couperai lagorge et planterai trois coups de couteaux dans chacun de ses yeux afin qu’ellene puisse plus jamais rien voir de sa vie et qu’enfin le silence soit sonroyaume.C’est ce qui s’est passé avec Pauline deRoyan. Une jeune demoiselle célibataire au physique charmant qui n’avait decesse de mettre des photos d’elle et ses chats sur son profil. Je déteste leschats moi donc tuer une fille qui les aime, c’est apporter ma justice surterre. C’est me réconcilier avec mon univers de psychopathe endurci par laviande de boucher. Son appartement puait la litière de chat. Elle traînait dansson salon des enregistrements de trente millions d’amis mais aussi des ouvragesaussi invraisemblables que sa gueule morte : comment parler à sonchat ? Ou bien l’art culinaire auservice de son chat comme si l’humanité avait besoin de sauver les chatsalors qu’elle aurait pu se trouver un mari à qui faire à manger. Sacré bonnefemme cette Pauline. Je lui remettrai bien quelques coups de couteaux. Dans leventre cette fois-ci !La seconde victime est une sorte de beaugosse qui n’en revenait pas d’avoir eu un physique aussi gracieux. Il faisaitpartager à tous ses contacts chacune des parties de son corps en images. Un journous avions droit à ses pectoraux, le lendemain ses mollets et la semained’après son fessier. Je l’avais surnommé Petit-déjeunerpour champion. L’excellence dans sa tête de culturiste passait par lemuscle. Il se prenait pour un spartiate des temps modernes. Ses référencestournaient autour de Jean-Claude Vandame, Rocky Balboa et Arnold  Schwarzenegger. Nous nous sommes rencontrésdans un Club Med Gym où mon cher Petit déjeuner pour champion se taillait lemuscle une fois de plus. Une vraie bête ce couillon ! Il me conseilla despilules pour débiles qui venaient d’Amérique. Sacré balourd ! Je préfèreavoir une bonne érection que des gros muscles. Enfin ses bras de taulard n’ontpas résisté à mes coups de machette. J’en ai fait une bouchée de pain de ses musclesde chippendales en déclin. Je lui ai coupé la tête dans sa cuisine pendantqu’il s’apprêtait à ouvrir son frigo rempli d’anabolisants. Sa grosse tête debulldog tomba raide sur le parquet tandis que le sang gicla jusque dans lefrigo. La terre aura un con de moins. C’est quand même pas mal !La troisième victime est un pasteurévangéliste qui selon mon profil Facebook avait cru bon de prêcher la bonneparole sur mon mur. Il s’était mis en tête que je menais vraiment la vie quej’affichais sur mon profil- Voyages, opulence et désinvolture. Le bon cheminselon lui était l’église le dimanche, mener une vie chaste, épouser une femmequi n’aime pas la sodomie et surtout ne pas oublier la dime. Je me suis doncdonner à cœur joie d’aller en visite dans son temple moderne avec écran plat etfemmes bien habillées. J’ai fait mon shopping mieux que dans une maison closede Barcelone. Son heure fatidique est arrivée un dimanche puisqu’il y tenaittant à ce jour. Je me suis pointé chez lui. Une maison au confort de PDGd’entreprise. Normal avec la dime qu’il touchait sept jours sur sept grâce àdes fidèles anesthésiés par la Sainte parole. Amen ! Je m’étais fabriquéune énorme croix en bois incrustée de fer limé. Je l’ai coincé dans son garage.Il eut à peine le temps de sortir de son Audi A5 que je l’avais frappé sur lecrâne. Sept coups violents et énergiques que son dernier battement de cœursonna dans mon âme ! « C’est l’œuvre du Christ ! »M’exclamai-je.La quatrième de ma liste était unetrentenaire à l’éducation parfaite. Une coincée du cul de base. Il me fallaitlui infliger quelques châtiments au plus haut point. Je me demande toujourscomment se fait-il qu’elle ait pu m’ajouter dans ses contacts. Ça doit être àcause de mon intérêt falsifié pour l’équitation, le tennis et la musiqueclassique. Nous avons bavardé enfin chatté dois-je dire. Chopin, Mozart tout cequi suit. La grande musique vous savez bien. Dans nos conversations elle medisait toujours : « Saint-ville, Tu as l’air si différent ! ».Tu m’étonnes ! Ça pour être différent, je l’étais ! Je l’ai tuée parstrangulation dans son appartement, les pieds attachés sur une chaise avec unmasque de jument sur mon visage.La cinquième personne est ce que j’appelleune proie simple. Facile d’accès que ce soit dans le monde virtuel ou laréalité. Une petite rêveuse. Le genre qui se laisse facilement à être. Unepaumée. Il devait bien lui arriver un truc flippant un jour. Le seul hic c’estqu’elle n’avait pas imaginé que cette chose flippante serait Saint Vil le Serialkiller. Elle était franchement laide et méritait bien la mort. Une curiositécette Anastasie. Avec un prénom pareil c’est l’euthanasie directe ! Maisj’ai usé de modération, sa fantaisie à l’existence était déjà un crime à luitout seul. Je lui ai simplement craquée le cou. Une mort équitable au regard desa vie : un long sommeil.La sixième est une bourgeoise qui brandissaitson esprit de gauche comme un laissez- passer. Dans son bel esprit à gauche, ilfallait que tout s’inscrive dans la lutte. Une rebelle bien équipée dansl’existence. Une anticapitaliste, anti-mec de droite, anti-réforme,anti-répression, anti-dictature. La Che Guevara girl était du côté « dessans ». Sans-papiers, sans-logement ou sans-voix. Toute sa vie était baséesur une construction idéologique pour adolescent. Elle était prête à portermain forte quoi ! Enfin si vous allez lui demander de vivre avec uneflopée d’étrangers, elle vous répondra que la France Black Blanc Beur est unconcept marketing. Une utopie médiatique délirante mais pleine d’espoir pour lepeuple. Son esprit gauche était surtout un laissez-faire. Une grande gueule quime fallait au plus vite faire taire. J’avais échangé avec elle quelques idéesbarbares pour la secouer et voir jusqu’où elle était prête à aller pourdéfendre ses idées désuètes. L’érudite des beaux quartiers n’a pas tenu enplace si bien qu’au terme de notre rencontre dans un café parisien, elle m’effaça de ses contacts Facebook. Ma colèreavait augmenté d’un cran ! C’est moi qui décide du déroulement desévènements. Je me devais de lui offrir une mort digne de son insolence. Je l’aiprise par surprise, pendant son sommeil, J’ai commencé par arracher chacune deses dents avec une clé à molette puis je lui ai retirée la langue. Son cris’étouffa dans le mutisme de sa parole. Je l’ai trainée hors du lit jusqu’ausalon sans pitié mais avec un peu de peine. Che Guevara girl avait un gros culde mammouth. Ses jambes bougeaient d’une agitation cauchemardesque. Sonappartement poursuivait son vieux mythe bourgeois. Des illustrations demilitants, prophètes et autres pantins du pouvoir politique. J’ai fixé uncrochet au plafond puis j’ai préparé  unecorde que j’ai mouillée avec de l’eau chaude. Une fois la corde accrochée, j’aiallumé le brasseur d’air qui trônait dans son salon avec un air de maisontropicale. La fin n’a pas été longue. L’hélice à haute vélocité coupa la cordesèchement tandis que le brasseur d’air tombait sur son crâne déchiqueté par leslames de l’enfer. Une mort révolutionnaire. La septième victime est un libertin que j’airencontré au biais d’un abonnement sur un profil branché cul. Le bonhomme avaitquitté femme et enfants pour s’adonner à sa vie de débauche. Partouzes, clubséchangistes, Hot d’or et porn star experience. Le profond détraquém’envoyait « inbox » des photos de ses partouzes avec des femmesmariées à qui il faisait tourner la tête avec sa grosse bite de robocop dusexe. L’homme se shootait au Cialis pour avoir des érections de deux jourscomme les acteurs pornos. Nous nous sommes rencontrés lors d’un tournage de filmX. Une grosse production avec des jeunes de vingt ans en moyenne. Il faisaitdes allers retours entre le plateau de tournage et les toilettes. J’imaginequ’il devait finir ses érections dans les chiottes. J’avais assez de sesgamineries. Ça faisait bien des mois qu’il ne payait plus sa pensionalimentaire. Tout son salaire d’ingénieur passait  dans ce genre de saloperies. C’était laliberté dans sa tête. J’allais enfin la lui offrir sa liberté. La vraie !Une mort de python ! Je n’ai pas eu de mal à m’introduire chez lui. J’avaischopé les clés de sa baraque lors du tournage. Il était tellement distrait quese soucier de sa personne et avoir une conduite descente lui passait au-dessusde la tête. Je n’ai pas fait les choses à moitié. J’ai contacté une call-girlqui proposait ses services avec striptease de torrents. Une jeune demoiselle devingt-cinq ans avec des courbes généreuses. Le teint hâlé et le déhanché quibrise comme un pas de dancehall dans une cave. Helena pensait qu’elle devaitparticiper à un enterrement de vie de garçon. Quand Basile le libertin entradans son appartement, il fut surexcité de s’apercevoir qu’une femme fatale entenue de flic new-yorkais l’attendait dans son salon : « Nousnous sommes déjà rencontrés madame l’agent(e) ? dit-il pensant avoiraffaire à une de ses conquêtes dont il avait oublié le visage.-Je suis venu te châtier bel homme !File sur ton canapé !- À vos ordres madame l’agent(e) !- Silence ! C’est moi qui donne lesordres ! »Helena commença son show. Je voyais Basile sebranler sans fin sur son canapé. Au premier bouton enlevé qu’il était déjà prêtrepeindre les murs de son salon. Helena sortit son fouet pour le maintenir enérection. Elle se retourna. Les fesses devant le visage de Basile qui frappedessus. Ses yeux gonflés de plaisir. Un vrai sauvage. Helena continue son fluxdansant. Ses fesses bougent comme une ballade sur une rivière. Elle est fleuve.Elle s’exécute à merveille quand vient le moment où ma complice lui bande lesyeux. Basile rougit d’envie. Son pénis aurait pris un centimètre de plus s’ille fallait. C’est le moment où j’entre en scène. Je paie gracieusement Helenaqui s’en va tandis que j’ouvre  mon potde piment venu de Martinique. Basile a l’engin à l’air. Je masse soigneusementson pénis avec du piment. Il hurle comme il n’a jamais crié de toute sa vie.« Mathilde, Emma je vous aime ! »dit-il se souvenant qu’il avaitune famille dans sa vie passée. Basile n’arrive plus à se défaire de sonérection qu’il a tant aimée. Je sors mon couteau Suisse. C’est l’heure ducasse-croûte. Je coupe son pénis en petite rondelle. Le sang gicle. Il ne luireste plus rien dans le ventre. Je le vide de toute sa force funeste. C’est unpas de plus vers la liberté ! L’abstinence !La huitième victime s’appelle Dany Diamant.Une petite princesse des discothèques. Un arc-en-ciel pour hommes aveuglés. Uneprise de contact facile. Elle accepte tout le monde sur Facebook. Pourvuqu’elle puisse vous utiliser un jour à sa guise. Son univers est banal Louboutin,Dom Pérignon et Coca light. La tactique était simple. Pas besoin de s’étendreavec ces demoiselles. Elle veut voir d’entrée de jeu ce que t’as dans leventre. Traduction un compte en banque fourni et un passeport pour la vie facile.J’ai joué le jeu. Droit dans mes bottes, j’ai orchestré un  rendez-vous dans un hôtel design chic vitrinedu dilettantisme moderne. Un dîner respectable où elle m’a donné toutes lesinformations nécessaires à mon crime. J’avais même loué une belle voiture pourl’occasion. Je l’ai raccompagnée chez elle sans profiter d’elle. Les sentimentsc’est mauvais avec le travail. Le plus gros du boulot était fait. J’ai patientétrois semaines avant de me rendre à son domicile. Une petite princesse lagonzesse. Une chambre rose bonbon avec des parfums qui empestent les fruitssucrés  pour imbéciles. Je l’ai laisséerentrer, prendre sa douche, se faire une salade et s’asseoir devant sonémission préférée vis ma vie. J’aichopé une de ses chaussures Louboutin. Un bon coup sur le crâne puis je frappeune deuxième fois puis une troisième, une quatrième jusqu’à ce que son crânedevienne mou comme de la purée et je lui enfonce définitivement le talon dansla cervelle. Ce fut mon Halloween pour pétasses.La neuvième victime est une chanteuse issued’émission de télé-crochet. Ça faisait bien des années qu’elle n’était plus àla mode mais Fanny Gros Sentiments continuait à se prendre pour la révélationde l’année. Sa voix de casserole ne passait plus que dans des vieux bals pouroctogénaires. Elle s’était créée un monde farfelu et kitsch qui poursuivait sesrêves de gloire éternelle. Fanny était la femme aux dix mille statuts surFacebook, Fanny et son sourire, fanny et sa guitare…Fanny dans sa vie quibrille. Une vraie Barbie qui n’avait de cesse de se refaire la silhouette àcoup de chirurgie esthétique. Elle m’agaçait au plus haut point. Le genre defemmes qui braillent à longueur de journée en pensant qu’elles soignent lesâmes avec des paroles vides. Je l’ai coincée lors de l’anniversaire de sesvingt ans de carrière illusoire. Elle était dans sa loge à chanter comme unetruie. J’ai coupé l’électricité. Fanny Gros-Sentiments était prise de terreur.« C’est le stress, ressaisis-toi, tu es Fanny Gros Sentiments, la reinedes années quatre-vingt » s’écria-t-elle. Très vite elle sombra dans laschizophrénie ne sachant plus trop si cette coupure d’électricité était réelle.Elle s’affala dans son fauteuil de sirène vocale avant de fondre en larmes etde s’endormir. Je sortis deux crapauds de mon bocal et j’ouvris sa bouche d’hasbeen afin de ne plus jamais rien entendre d’aussi merdique. J’ai défiguré sonvisage jusqu’à la dernière goutte de sang et je lui ai planté deux coups decouteau dans le cœur. Nobel Divin est de loin ma victime préférée.Un écrivain-poète qui chantait la mort à coup d’encre. Un romantique à l’air ducapitalisme. Un nostalgique quand tout le monde veut juste être happy. Jamaiscontent le bonhomme. Avec son statut de planqué dans la vie, il se permettaitde rêver un autre monde alors que moi dans ma boucherie je n’avais pas le tempsde rêver d’un monde meilleur. Tout ce que je vivais c’était le sang des animauxà tel point que j’ai fini par considérer les Hommes comme des  bêtes. Nobel Divin passait donc ses journéesà écrire des poèmes où il se voyait en état de mort imminente. La vie selon luic’était la mort. Grand bourgeois plein de discours ! Tout à son honneurévidemment !  « Les grands mots vont bien au-delà…Ilssoulagent ! » disait-il  surFacebook. Un homme qui visiblement avait besoin de sentir sa vie par le bas.Comprenez donc une obsession pour l’enfer et la damnation. Le mythe du poètemaudit. Mais alors combien d’écrivains ratés se sont vus vraiment offrir unemort par un serial killer.  C’est vrai ily a les provocateurs comme Oscar Wilde qui réussissent à s’attirer les foudres de la justice ou des insolents commeRimbaud qui se prennent des balles par leur amant mais un écrivain tué par unserial killer c’est rare ! Nobel Divin présente bien. Il semble presser derejoindre le vide. Je veux bien lui apporter mon aide précieuse. Il ne pourraitque m’en remercier. Nous nous sommes rencontrés sur une pagedédiée à l’écriture. Je réagissais à chacun de ses commentaires. Notrecyber-amitié s’est très vite créée. Il m’envoyait des poèmes tordus que jelisais en préparant son heure fatidique. Peu de temps après j’ai commandé sonpremier roman sur internet. Pour l’occasion je me suis improvisé critiquelittéraire en saluant un talent, un grand homme de ce siècle, un art et unemaîtrise de la langue qui touche aux points vitaux. « Un vrai exorcismeque de vous lire, rien à voir avec ces écrivaillons du dimanche qui conversentsur des théories d’écoles. Vous n’êtes pas dans le commerce du vocabulaire.Vous agissez pour la libération du verbe. On sent le grain qui a mûri.  Je ne saurai m’avancer plus loin dans ledithyrambe…Votre roman est à lire et à relire car il s’agit là d’une œuvre sansfoi ni loi.» Je peux vous dire qu’il était saucé mon Nobel Divin ! Biensûr il a joué la modestie dans sa réponse « inbox » mais je mel’étais mis dans la poche. Il m’invita prendre le thé chez lui un après-midi.Il vivait dans une caravane à la périphérie de Paris. Trouvez-moi plus bohèmeque ça. Un écrivain dans une caravane à l’air des chambres d’hôtels cinqétoiles. Un vrai taudis soigné. Des bouquins partout, des objets sans intérêts,un chat qui traine dans la pièce, des bouteilles de vins vides et un fusil dechasse qui n’a pas dû servir récemment. Nous avons parlé de sa passion pour lapeinture qui représentait à ses yeux la vérité sur le temps. Selon ses dires,les écrivains manquaient de visions picturales dans leur écriture. Ils sontobsédés par la réalité. Les mots de la réalité comme le public, l’audimat, lesventes…A l’évidence ce n’était pas son domaine. Lui ce qu’il voulait c’étaitcrever par les mots et les maux. Autant vous dire que je l’aurais bien abattusur place  mais je suis fidèle à mesprincipes. De la réserve en toute chose. Après ma visite j’ai coupé toutcontact avec lui. Je commençais à apprécier sa compagnie. Nous avions un pointcommun : un dégoût pour l’espèce humaine. Après trois mois de silence, jeme suis pointé à son domicile tard dans la nuit. Il écrivait bien évidemment.Je ne voulais pas le prendre par surprise. Avec ce genre de victimes, il fautles affronter sinon vous perdez la saveur de votre acte.-          -Nous nous retrouvons enfin, dit-il.-           - À force de chanter la mort sous toutes ses formes il fallait bienqu’elle vous trouve un jour.-          - Certes. Mais je n’aurai pas pensé qu’elle viendrait par vous.-         - J’obéis à vos souhaits. Le meurtre c’est ma passion tout commeécrire est vital pour vous.-         -  Les géants sont faits pour se rencontrer…-          - Vous croyez ? Votre mort n’aura rien de grandiose. J’aimeraivous laisser ce vain espoir mais vous ne le méritez pas. Vous n’êtes qu’unlâche qui se réfugie dans l’alcool pour oublier sans jamais agir. Vous n’aimezpas la mort. Ce qui vous tient à cœur par-dessus-tout c’est votre vie. La mortn’est que le vide qui tient votre écriture. Votre romantisme est désuet. Vousvous cachez constamment. Vos écrits sont une fuite. Prenez votre stylo etécrivez avec force devant mes yeux ! C’est un ordre ! Couche tonénergie sur papier ! Je veux voir ce qui sort de ton ventre Nobel Divin demes couilles. Je serai ton fidèle lecteur ! Accouche !-        - Tu crois vraiment m’effrayer Saint Vil la Terreur deFacebook ! Tu n’es qu’un vaurien. Que sais-tu de l’acte d’écriture? Decette source infinie qui appartient à l’élite du monde révélé. Que fais-tu dema belle inspiration ? Je n’écris pas sous la menace. Ma plume est unerésistance.-       - Ça suffit les conneries Nobel du désespoir ! T’esincapable d’écrire quoique ce soit ! Et maintenant tu me parlesd’Elite ! De monde révélé ! Tu t’es cru dans une de tes confrériesmon petit puceau de la plume ! Je vais t’abattre avec mes mains. Il esttemps que s’arrête ton imposture  d’adolescent en pleine crise. Ecris sinon jete descends.-          - Je n’écris pas sous la menace !J’en avais assez de l’entendre. Je me suislevé de ma chaise en sueur. J’ai fait le tour de son bureau. Nobel a sorti unneuf millimètres de son tiroir. Le fils de pute ! Un coup de feu dansl’épaule gauche. Je lui file une bonne droite qui le jette à terre. Il serelève pour se précipiter sur son neuf millimètres que j’ai éloigné aussitôt deson champ de vision. J’ouvre un des tiroirs de son  bureau puis je lui claque ses doigts cinqfois de suite comme un ouvrier en exercice dans son usine. « Aïe !Mon instrument sacré ! » Crie-t-il désespérément. Je sors de mespoches un sac en plastique. Je l’étouffe comme une vulgaire victime. Il sedébat tant bien que mal mais il ne sera bientôt plus de ce monde. À sa dernièrerespiration je retire le sac, j’étais sûr qu’il allait lâcher une petite phrase- prévisible quand on s’appelle Nobel Divin- Il me regarde dans les yeux d’unair froid et serein. « J’ai manqué de vivre. Merci Saint Vil. »Il respire encore une dernière fois puis je lui tords le cou définitivement.Ma mission était accomplie. Tuer en attendantd’être arrêté et présenter à la planète entière comme un cinglé des tempsmodernes. Un de ces hommes au profil type. Renfermé, sans amis et une déceptionamoureuse. En toute franchise je ne ressemble pas à ces gens. C’est encore unearnaque pour les masses. Les meurtriers seraient différents du reste du monde.Il y aurait les uns et les autres. Les crapules et les gentils. Le bon, labrute et le truand. Foutaises ! Je suis Saint Vil le Serial Killer aliasSVSK.Mon arrestation s’est faite six mois après maperformance sur Facebook. Au départ, la police ne trouvait aucun lien entretous ces meurtres. Mais soudainement, l’inspecteur Vegas en charge de l’affairea trouvé une signature dans chacun de ces crimes. Tout d’abord une grandediscrétion, l’absence d’indices concluants, des décès qui ressemblaientbeaucoup à la vie des victimes. L’inspecteur Vegas avait surnommé cetteaffaire, Les meurtres du jugement dernier.Les autorités de Police recherchaient maintenant un serial Killer. Ellesn’avaient plus de doutes. Seulement une seule chose manquait pour me coincer unrepère géographique. Les meurtres étaient commis dans des zones éloignées l’unede l’autre. C’est à ce moment que l’inspecteur Vegas eut la brillante idée deconsulter le Profil Facebook de chacune des victimes. À cet instant, Vegass’est aperçu d’une chose. Elles avaient toutes eu ce même ami en commun qu’ellesavaient vu peu de temps avant leur mort. Les patrouilles de Police sontarrivées à mon domicile à six heures du matin.Elles s’attendaient à trouver un homme endormi. Je buvais mes bières encaleçon : «  Monsieur Saint Vil vous êtes en étatd’arrestation !-          -  Ce n’est pas trop tôt ! Je finissais par désespérer ! Oùsont les caméras ? »



Retour à La Une de Logo Paperblog